Notre CDJ est 200.000, 200.000 comme l’estimation de titres joués ou produits par le duo Sly and Robbie.
Je vous en parle aujourd’hui dans le CDJ parce que mercredi dernier le 08 Décembre, Robbie Shakespeare l’un des membres de ce duo mythique de l’histoire du reggae est décédé en Floride où il avait été hospitalisé pour des problèmes liés aux reins.
Né le 27 septembre 1953 à Kingston, il avait appris à jouer de la basse avec Aston Barrett, l’un des futurs membres des Wailers qui accompagnaient Bob Marley. Il avait ensuite fondé au milieu des années 70 avec Sly Dunbar l’un des duos d’accompagnement les plus célèbres de la musique reggae, puis était devenu un producteur à succès.
Le duo, qui était surnommé les » Riddim Twins » a collaboré avec les plus grands artistes jamaïcains de reggae comme Black Uhuru, le co-fondateur des Wailers Peter Tosh, Gregory Isaacs, ou les légendes du rub-a-dub U-Roy et Lee «Scratch» Perry, décédés en février et août dernier.
De sa rencontre avec Sly Dunbar dans les années 70 va naitre des rythmiques dites « rockers » qui influenceront grandement le reggae par la suite. Ce travail témoigne avant tout d’une grande complicité entre les deux hommes et d’une passion commune pour la musique (fans des productions de la Motown, fins connaisseurs de la musique country, admirateurs du reggae en général).
Dès lors il ne sera plus question que du duo Sly and Robbie, couple basse + batterie aux innovations musicales multiples, comptant un nombre incroyable de collaborations dans plusieurs genres musicaux différents et dont l’activité n’a pas cessé depuis plus de 40 ans.
Shakespeare était enraciné dans les rythmes reggae de sa Jamaïque natale. Mais lui et Dunbar étaient aussi des savants fous du son, faisant évoluer leur art vers des territoires encore plus syncopés et électroniques sur des singles classiques comme « Pull Up to the Bumper » de Grace Jones. Et c’est tout naturellement qu’à l’aube des années 1980, leur talent dépasse les frontières de l’île caribéenne et ils collaborent avec des artistes du monde entier: Grace Jones, Bob Dylan, Madonna, No Doubt, les Rolling Stones mais aussi Serge Gainsbourg qu’ils accompagnent pour son album Aux armes et caetera ou Princesse Erika.
En 1984, l’album des Black Uhuru Anthem, qu’il avait produit, avait obtenu le premier trophée décerné aux Grammys pour la musique reggae. Sly and Robbie avaient également triomphé aux Grammys avec leur album Friends en 1998. L’année dernière, le magazine Rolling Stone l’avait classé 17e sur la liste des meilleurs bassistes de l’histoire.
On parle souvent de « légendes » du reggae, en particulier quand elles disparaissent. Ce terme peut cependant sembler parfois galvaudé tant il est utilisé. Pour Robbie Shakespeare il est non seulement justifié et dépasse même le milieu reggae. Avec son acolyte Sly Dunbar (batteur), il a toujours été à l’avant-garde de la musique et révolutionné la musique jamaïcaine depuis plus de 40 ans. Et cette révolution musicale a influencé plusieurs générations de musiciens à travers le monde, dont la Guyane où un certain Kiko, bassiste dans un groupe appelé BLACKWOOD était l’un des héritiers de cette vibe que savait si bien transmettre Robbie Shapeskeare, à qui nous ne pouvons dire que » Merci Monsieur pour toutes ces bass lines magiques ! »
K.H