Entretien avec Tanya St-Val qui est en concert ce samedi soir à 20h au Zéphyr, à Cayenne.
Elle a enregistré plus de 15 albums, fait vibrer et danser les gens dans la Caraïbe, en Afrique, en Europe, au
Canada et aux États-Unis. Son univers nous transporte sur les vagues du zouk, du soul, du jazz caribéen.
Tanya St-Val Forever est une nouvelle occasion de découvrir ou redécouvrir cet univers… avec bonheur !
Tout d’abord, que va nous raconter Tanya St-Val Forever ? Qu’allons-nous entendre, découvrir ?
C’est un petit peu le parcours de ma vie. Il y a plein de choses qui manqueront parce que je n’ai pas pu tout mettre, mais c’est vrai qu’en deux heures de concert, on a fait de notre mieux avec l’équipe des musiciens, et avec l’équipe au niveau des images. C’est un concert immersif qui permet de pouvoir voyager, de voir d’autres ethnies, d’autres communautés, leurs danses…
On permet en tous cas au public de voyager sur la musique. C’est super intéressant, ça a été construit par Astrid Siwsanker et son équipe.
Le concert se découpe en 3 parties : en première partie, on retrouve mes titres de la première heure, comme Sa mwen ka mandéw, Tropical, Missié Pierro… et beaucoup d’autres. Certains ont été rafraichis au niveau des sonorités, pour que ce soit un peu plus moderne.
C’est un choix volontaire !
La deuxième partie, c’est un peu une pause, une chose que j’ai toujours eu l’habitude de faire dans mes concerts, que ce soit l’Olympia ou les autres salles : on va retrouver La Guadeloupéenne version plus acoustique, Wosé jadin, un titre que j’aime bien, et Boulvèsé qui est sur l’album Améthyste, qui n’était pas du zouk et qui a eu beaucoup de succès.
La troisième partie, c’est, comme je dis toujours « lâché guidon », et on va partir de l’album Soleil jusqu’à aujourd’hui.
Donc c’est avec Améthyste, les titres An lov, Boogie Zouk, et aussi You and me, Mon petit nom… et cet hommage que j’ai fait à Patrick Saint-Éloi, An té vlé di, qui dans le concert est devenu un hommage à nos disparus, ceux qui étaient chers à mon coeur comme Édith Lefel, Gilles Floro, Jacob Desvarieux… et bien d’autres. Ce n’est pas un seulement un concert mais un spectacle avec de très très belles images qui nous font voyager. Voilà ! Après avoir fait du live sur pas mal de scènes, j’avais envie d’offrir pas seulement un concert, mais aussi un spectacle.
Tanya St-Val Forever ŕ La Cigale (Paris) ©Vincent Shango
T’entendre dans des interprétations plus jazz n’a-t-il pas un peu troublé ton public ?
Peut-être pour ceux qui ne me connaissent pas mais ça fait un moment que j’ai deux concepts. Depuis l’album Voyage (2016), où il y avait une face Soleil, une face Lune, c’est un concept qui me tenait à coeur, qu’on avait déjà fait avec une autre équipe de musiciens à l’Atrium (Martinique). Ça s’appelait Tanya autrement, et avait plu énormément. Donc aujourd’hui, il a ces deux concepts : Tanya zouk, et Tanya Autrement avec une ouverture musicale différente. Ça me permet de traiter des sujets qui sont peut-être un peu plus sérieux, comme l’immigration ou l’écologie.
Aujourd’hui, tu as repris et multiplies les prestations. Mais comment as-tu vécu la période de confinement ? Certains artistes se sont reposés, d’autres se sont remis en question, d’autres ont préparé de nouveaux projets… et toi ? Comment s’est passé le confinement ?
Pas bien, et bien ! Pas bien parce que ma famille est installée face à la mer à Sainte-Anne et on ne pouvait pas y aller. Il y avait des moments où il faisait très beau et on avait pas le droit de sortir, c’était très frustrant. Au début, j’ai mal vécu ça, j’ai moi-même été un peu malade et puis après, j’avais une formation autour du coaching vocal : ça m’a fait beaucoup de bien, que ce soit pour moi, comment travailler avec d’autres, avec les élèves, les initier au chant, travailler la respiration. Ça m’a permis d’acquérir de nouvelles compétences. C’est tout bénef et j’étais très contente.
Sinon j’ai quand même fait de la musique, j’ai travaillé des titres acoustiques mais qui n’ont pas encore vu le jour.
J’attendrai le bon moment pour les sortir. Là, on est en train de faire le tri, on essaiera de voir ce qui va sortir en 2025.
Quels sont les artistes qui ont marqué ta vie, peut-être influencé tes choix musicaux ?
Il y en a tellement ! Musicalement, j’étais très curieuse et j’écoutais un peu de tout, que ce soit Fela quand j’étais gamine. Ma mère a travaillé dans un magasin de disques, elle écoutait du Manu Dibango, du Carlos Santana, je pense que ça m’a ouvert l’oreille musicale, ça m’a permis d’écouter un peu ce qui se passait dans le monde entier. Donc j’aime bien l’afrobeat, le RNB, dans les années 2000 avec DJ Scott, Erykah Badu; on a tous aimé Lauryn Hill des Fugees, et d’autres artistes aujourd’hui qui me plaisent beaucoup.
J’écoute aussi pas mal d’instrumentistes femmes, je ne suis vraiment pas fermée, très à l’écoute de la musique des autres. Est-ce que ça m’a influencée ? Peut-être pas, mais en tous cas, ça m’a permis d’entendre d’autres choses.
Es-tu satisfaite de ton parcours, de ta vie ?
J’ai pris le risque de faire de la musique mon métier, à l’époque il n’y avait pas beaucoup de femmes. Je suis très contente de mon choix. Je pense que la musique m’a beaucoup donné et ça été un véritable échange, que ce soit avec toutes les personnes que j’ai rencontrées (musiciens, producteurs) ou avec le public. Ça m’enrichit, ça me nourrit, je suis très contente de ce que j’ai fait. C’est vrai que pendant des années, on l’a peut- être oublié, j’ai porté la voix pour des rappeurs, que ce soit avec Passi, avec les Nèg mawon…, j’ai aussi fait des duos avec Cabrel, Johnny Hallyday, j’ai eu l’occasion de travailler sur une même scène qu’Angélique Kidjo, que Youssou N’dour que j’ai rencontré, j’ai rencontré UB 40 dont j’étais fan… J’ai eu l’occasion de croiser le mannequin Naomi Campbell, de saluer à l’époque le président du Burkina Fasso. Avec la musique, j’ai rencontré des tas de gens, et pas que des musiciens ! C’est très enrichissant !
Voilà, moi, je suis très contente, ça m’a permis vraiment de me réaliser, de me construire, d’exister ! De voir ce qui se passe dans le monde !
Hormis la musique, tu as eu d’autres activités ?
J’ai aussi travaillé dans des comédies musicales, fait quelques apparitions dans quelques films ou dans des séries télévisées. J’ai eu l’occasion de présenter deux émissions de télé, une autour de la musique et l’autre autour du savoir-faire, du mannequinat, de la mode (Mode in Caraïbes).
Maintenant, il y a d’autres choses qu’on a envie d’essayer et je m’y attèle petit à petit, pour voir si j’arrive encore à atteindre ces objectifs-là.
Un mot pour ton public guyanais ?
C’est un réel plaisir pour moi de revenir en Guyane. Petite anecdote : les prémices de l’album Améthyste ont vu le jour en Guyane avec Pascal Adams qui y était installé. C’est là que j’ai découvert Darlin’ et oulvèsé, et l’album Mi aussi. On a fait des séances studio en Guyane, j’ai des amis là-bas, pendant deux trois ans j’y étais vraiment régulièrement, donc hâte de revenir en Guyane, de retrouver mes amis, de faire la fête avec vous. Voilà, c’est toute une histoire d’amour avec le public guyanais aussi ! Gros bisous !