Un collectif de citoyens Guyanais estime que l’Etat « commet une faute et engage sa responsabilité » dans la situation d’enclavement des communes de l’Intérieur. Un ultimatum est lancé au gouvernement.
Le collectif Apachi, formé il y a plus d’un an pour dénoncer l’enclavement des communes de l’intérieur de la Guyane, a adressé un courrier à Elisabeth Borne, première ministre du gouvernement et à Clément Beaune, ministre délégué en charge des transports. Dans cette missive, rédigée par l’avocat Olivier Taoumi le 4 octobre, il demande à la cheffe du gouvernement de « décider, dans le délai de droit commun de 2 mois, de désenclaver les communes de l’intérieur de la Guyane (Maripasoula, Grand-Santi, Papaïchton, Camopi, Saül, Saint-Élie) en les reliant par un réseau routier aux autres parties du territoire ».
« Sans réponse de votre part dans un délai de 2 mois, je suis mandaté par l’association pour saisir le tribunal administratif territorialement compétent », enjoint Me Taoumi, ancien conseiller spécial de Gabriel Serville. Le courrier fait office de « recours préalable » devant le tribunal administratif de Guyane.
Le collectif Apachi lance ainsi un ultimatum à l’Etat, décriant une problématique sociétale d’actualité. L’enclavement des communes de l’intérieur, aggravé depuis la liquidation de la compagnie aérienne interrégionale Air Guyane, empiète sur la liberté d’aller et venir de plus de 40 000 habitants, « soit 13 à 14 % de la population Guyanaise actuelle », souligne le collectif.
« Nous invoquons le respect de la constitution »
Au cours d’une conférence de presse à l’hôtel Royal Amazonia vendredi 6 octobre, Me Taoumi a rappelé que ce principe est inscrit dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. « Les citoyens vivent libres et égaux en droit, la loi est l’expression de la volonté générale. Ce principe-là fonde la liberté d’aller et venir. Nous invoquons devant l’Etat le respect de la constitution. » a-t-il expliqué.
Estimant avoir épuisé « les voies habituelles pour une association, un collectif », le collectif Apachi, qui plaide pour une « route du désenclavement » (voir photo ci-dessous) rajoute que le temps est venu « pour poser la question à l’Etat de façon officielle ». « La lutte s’est déplacée vers le terrain judiciaire, on aura une réponse écrite de l’Etat » a annoncé Me Taoumi.
« Le principe législatif de continuité territoriale est également méconnu en Guyane. » peut-on lire dans le courrier. Pour le collectif, l’Etat « manque à son obligation d’accomplir les missions qui lui sont imparties par les articles 20 et 21 de la constitution. »
« L’Etat commet une faute et engage sa responsabilité. En effet, l’Etat ne peut s’abstenir d’appliquer un accord international ou la loi. Le Conseil d’Etat a par exemple condamné l’Etat récemment pour ne pas avoir pris les mesures suffisantes pour le respect des Accords de Paris tendant à la réduction des émissions à effet de serre et inaction climatique. » écrit Me Taoumi.
Fondé en 2022, en amont des premières assises du désenclavement à Maripasoula, le collectif Apachi, une association, a pour objet mener et développer des actions, de faire appliquer et/ou de renforcer les lois, les règles et principes liés à la continuité et d’égalité territoriale, de mener des actions publiques et privées pour favoriser la construction d’infrastructures routières, ferroviaires, de télécommunication (…/…) en vue de désenclaver la Guyane, selon ses statuts.
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