Notre CDJ est 57, c’est l’âge qu’avait au moment de sa disparition Curtis Mayfield, le compositeur de l’album SUPERFLY, qui reste l’un des albums emblématiques de la blaxploitation.
Curtis Lee Mayfield, né le 3 juin 1942 à Chicago et mort le 26 décembre 1999 à Roswell en Géorgie, est un chanteur, auteur et compositeur de soul, de funk, de rhythm and blues.
L’histoire débute en 1952 quand Curtis, âgé de 10 ans, sous l’influence de sa grand-mère et de sa mère, commence à chanter dans plusieurs chorales de gospel, comme celle des Northern Jubilee Singers. C’est dans cette dernière qu’il rencontre le futur chanteur leader des Impressions, Jerry Buttler. Très vite il apprend le piano, la batterie, mais surtout de la guitare. En 1958, Curtis n’a que 15 ans quand Jerry arrive à le convaincre de monter un quintet vocal harmonique avec trois autres garçons : Richard et Arthur Brooks et Sam Gooden. Choisissant d’abord le nom de the Rootsers, ils deviennent vite les Impressions, groupe qu’il quitte en 1970.
Il est probablement le premier chanteur de la nouvelle vague afro-américaine à introduire des commentaires à caractère social dans ses chansons. Cette musique engagée devient très populaire pendant la période de difficultés sociales des années 1960 et 1970.
En 1972, en dépit des critiques Curtis Mayfield livre sa plus grande réussite commerciale et artistique : la bande originale du film Superfly. Le scénario du film, un dealer de drogue à la veille de la retraite décide de tenter un dernier coup, n’est pas plus intéressant que celui de n’importe quel autre film de Blaxploitation. Le traitement musical n’en est que meilleur : en se servant de l’histoire comme point de départ, Curtis Mayfield parvient à donner à ses textes une profondeur inhabituelle dans ce genre d’exercice : il délivre un message d’unité et de tolérance, parvenant même à faire de la prévention contre la toxicomanie tout en gardant une imagerie musicale et textuelle indéniablement « street », moite, totalement cinématographique. Les guitares wah-wah, les percussions latines et l’incroyable complémentarité créée entre les lignes de basses et les cuivres font le reste et inscrivent des titres comme « Pusherman », « Freddie’s Dead » ou « Superfly » au rang des grands classiques de la Black Music.
Tout au long des 70’s Curtis sort de nombreux albums solo (Sweet exorcist en 1974, There’s no place like America today en 1975 et encore bien d’autres), réaffirme son intérêt pour le cinéma (la BO de Claudine en collaboration avec Gladys Night & the Pips, puis celle de Short Eyes) et se met même peu à peu au disco qu’il a inspiré. Malgré tout, l’intérêt que lui porte le public décline peu à peu, et ses productions sortent de moins en moins du lot. Il est redécouvert dans les années 1980 par les rappeurs qui le samplent allégrement, et renoue parfois avec le succès notamment en 1981 avec son album Love is the place, en 1992 avec sa collaboration au projet Return of Superfly et surtout en 1996 avec l’album New world order. C’est en effet, à l’époque, l’album que plus personne n’attend : depuis l’accident dont il a été victime le 14 Août 1990 ( la chute d’une poursuite électrique sur son dos en plein concert le laisse paralysé de la colonne vertébrale ), un pessimisme respectueux entoure Curtis Mayfield. Les hommages, comme souvent en pareilles circonstances, se succèdent, et pour cause : deux Grammy Awards d’estime en 1994 et 1995, et quelques albums d’hommages plus tard, Curtis Mayfield s’éteint le 26 Décembre 1999 de complications médicales, à l’âge de 57 ans.
Tout au long de sa carrière, sa musique aura inspiré ses contemporains : de Bob Marley dans les années 1960 au rappeur Kanye West et son tout récent sample de « Move on up » : on est pas prêt d’arrêter d’entendre le génie de Curtis Mayfield sur les ondes planétaires…
K.H