Le Collectif pour la mémoire des homes indiens s’est vu inauguré à la Maison des Cultures et des Mémoires de Guyane, ce jeudi 2 février. Objectif : aboutir à une commission vérité.
« C’est l’extraction des éléments clés qui font votre identité » , confie Franck Appolinaire dans son témoignage, à l’occasion du lancement du Collectif pour la mémoire des homes indiens. La création de cette association intervient dans un contexte où la reconnaissance de ces traumatismes, de ces conséquences est au cœur du débat. Cette démarche répond à un besoin observé sur le territoire guyanais. Un besoin des anciens pensionnaires des homes catholiques, un besoin historique et pédagogique.
Jusqu’à aujourd’hui, les victimes n’ont pas bénéficié d’un espace d’écoute et ce collectif vise à faire connaître et reconnaître ce passé. Ainsi, établir un dialogue entre les différents protagonistes : anciens pensionnaires, Église, État… C’est pourquoi, parmi les quatre objectifs principaux, la création d’une Commission vérité est fortement espérée d’ici la fin de l’année 2023.
Quelques membres fondateurs du Collectif pour la mémoire des homes indiens, parmi les 12.
Un même lieu, un ressenti différent
Tous les anciens pensionnaires n’ont pas les mêmes souvenirs des homes indiens. En effet, si certains l’ont vécu comme un terrible traumatisme, d’autres en ont tiré du positif. C’est le cas de la Yopoto Cécile Kouyouri qui a témoigné lors de l’ouverture de cette cérémonie. Elle nuance ses propos tout de même et comprend que d’autres en ont souffert.
Ce sont également ces différentes histoires qui permettent d’ouvrir le débat. « Il n’y a pas que les victimes qui ont le droit de parler » , rappelle Christophe Pierre, cofondateur et porte-parole du mouvement Jeunesse Autochtone de Guyane. Cela entre dans les objectifs d’une Commission vérité, qui n’a pas pour mission de condamner autrui, mais bien de faire valoir un chapitre de l’histoire (plus de détails dans l’édition n°93 du magazine ).
C’est pour cela que le nom du Collectif ne mentionne pas les victimes. « Le nom vient d’une réflexion. Finalement, le mot “home indien“ est le mot générique qui a été utilisé. L’objectif est de travailler sur la mise en place d’un portrait le plus objectif possible de ces homes indiens et pas de suite entrer dans une démarche de victime. Il y a aussi le volet historique et tout le volet administratif derrière à mettre en lumière » , explique Christophe Pierre.
Franck Appolinaire, ancien pensionnaire d’un home catholique. © Mo News
Yopoto Cécile Kouyou, ancienne pensionnaire d’un home catholique. © Mo News
Un travail d’équipe
Dans le public, certains témoignent du lien avec leurs parents ou grands-parents. Un lien aux racines brisées pour ceux dont le pensionnat a été une période cauchemardesque. Voici les quatre objectifs phares du Collectif pour la mémoire des homes indiens :
• La mise en place d’une Commission vérité et réconciliation (CVR) pour aller vers une résilience collective et individuelle.
• La reconnaissance officielle des violences commises et des traumatismes subis par les enfants de la part des autorités publique et de l’Église catholique.
• L’inscription dans les livres, manuels et programmes de l’Éducation national des homes de Guyane.
• La création d’un lieu de mémoire, un centre de ressources et d’interprétation mémorielle, et l’institution d’une journée commémorative pour rendre hommage aux victimes.
Aujourd’hui, si Commission vérité il y a, toutes les institutions devraient être réunies. Christophe Pierre est conscient que les liens entre les communautés amérindiennes et l’État sont tendus (restitution des terres et la mobilisation contre la CEOG , par exemple). « Lorsqu’on aborde ce sujet, je pense que les institutions politiques pensent directement qu’on va dans une démarche d’incriminer. Or, ce n’est pas ça la question » , nuance-t-il.
Le travail a déjà commencé
Lorsque l’intégralité des 12 membres fondateurs aura signé les statuts, une enquête préliminaire se déroulera sur environ deux à trois mois, selon Christophe Pierre. Ensuite, une fois les résultats connue, l’enquête sera présentée au collectif et au Grand Conseil Coutumier pour avoir un visuel sur la situation. Puis ce sera également présenté aux institutions pour analyser leur position.
Un dernier home existe à Saint-Georges. Avec la future cité scolaire qui devrait voir le jour en septembre 2023, ce pensionnat pourrait fermer.
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