C’est la première fois que les 3 hôpitaux réunis au sein du GHT (Groupement hospitalier de territoire) se réunissent pour une conférence de presse commune. Et c’est pour lancer un véritable cri de détresse.
« On ne veut pas choisir qui va vivre ou qui va mourir »
Le Chog (Centre hospitalier de l’Ouest guyanais) annonce que « depuis 15 jours maintenant, il n’y a plus de lits de disponibles ». « Les patients ne sont pas des chambres mais sont sur des brancards avec tout ce que ça engendre » précise Crépin Kezza, directeur du pôle médical d’urgence et des soins critiques au Chog. Il rajoute que « depuis 5 jours, le Chog a activé la commission d’éthique ». Concrètement cela signifie que des choix sont fait pour le « tri des patients » et que « ça a eu lieu à une reprise » déjà précise Crépin Kezza. Et de rajouter : « Nous n’avons pas à faire le choix qui doit vivre et qui doit mourir », et le directeur médical de crise du Chog de demander « jusqu’où pourrons-nous tenir » ?
La situation devient critique à Saint-Laurent où le taux d’incidence a rattrapé celui de Cayenne mais où la structure hospitalière n’est pas en mesure d’absorber autant de malades, et de cas graves, que sur la ville-préfecture, notamment en nombre de place en réanimation, qui sont moindres.
« Suicide collectif »
Le directeur du Chog, Didier Guidonie parle pour sa part de « suicide collectif » : « j’ai l’impression d’assister à un suicide collectif. J’ai vu des soignants arriver de métropole mercredi matin et être accueilli par des cris et des injonctions de dégager ». Ils sont venus pour assurer des soins contenus. À force de laisser le virus circuler, il va toucher les enfants. C’est 50% de la population. Ils sont précieux. Et on voit apparaître des enfants touchés et symptômatiques. » Et le directeur du Chog de mettre en garde :« J’ai à la fois de L’émotion et de la colère. Nos carrières ne sont pas en jeu. On n’est là pour soigner des gens. On n’a pas menti. On veut former. On veut mettre sur pied un CHU. Mais on fait ça comment ? On fait ça quand ? On dit Caravane pour la Liberté mais on est dans une autoroute pour le gouffre et l’enfer.
« Il faut que cela cesse. Ça ne peut plus durer »
Le directeur du centre hospitalier de l’ouest guyanais n’a pas de mots assez durs pour décrire la situation directeur de l’hôpital de Cayenne, Christophe Robert lance un appel : « il faut que cela cesse, qu’on se ressaise. Ça ne peut pas durer. Il faut arrêter ces violences, menaces et intimidations. Il y a des appels à la violence contre des professionnels de santé. Ça ne sera plus toléré. Je vais, comme la directrice générale de l’ARS, porter devant le procureur ces faits et menaces. Il ne faut plus tergiverser. Je vais le faire à regret car j’ai toujours privilégié le dialogue. Mais avec certains, on ne peut plus dialoguer. Il faut agir car derrière c’est une situation sanitaire qui devient intenable. Il faut aussi augmenter les évacuations sanitaires. Il faut que les familles comprennent aussi qu’il faut évacuer vers Paris. Après, je vais le redire, il faut se faire vacciner. Il faut arrêter avec ça. 98 % des gens en réanimation ne sont pas vaccinés. C’est simple. Il faut se faire vacciner. Je m’adresse à la population de Guyane mais aussi aux professionnels de santé ».
Hier une vidéo postée sur Twitter a fait le buzz où l’on voit le directeur pousser lui-même un chariot pour distribuer les repas aux malades, filmés par des membres du personnel, qui refusent de se faire vacciner, se moquer de lui. La vidéo postée sur Twitter par Armand Achille, soutien actif de La Caravane pour la Liberté, a eu pour effet d’entraîner un nombre de commentaires de soutiens pour le directeur et désobligeants envers les personnels qui filmaient.
Le directeur par intérim du CHK, Bernard Roerich, a également à appelé à une « réaction » : « On ne voit comment ça va se terminer. Quand une population ne prend pas les précautions pour que ses enfants puissent vivre, on va dans une situation catastrophique » a t’il rajouté.