Ce lundi 13 septembre devait être marqué par la rentrée des classes dans la zone rouge allant de Roura à Kourou. Elle fut en réalité le théâtre de vives tensions, exacerbées par la question du pass sanitaire et de l’obligation vaccinale et s’est traduite par de multiples violences qui ont eu lieu sur plusieurs secteurs de la ville de Cayenne.
Le pont du Larivot
Tout a commencé par le blocage total du pont du Larivot sur la RN1. Il est 4h30 quand la Caravane de la Liberté s’installe de part et d’autre du pont, du côté Matoury et du côté Macouria. D’importants bouchons ont alors eu lieu sur cet axe principal qui rallie Cayenne à Kourou. Les usagers ont alors tenté de passer par la RD5, via Montsinéry et le Gallion pour rejoindre l’île de Cayenne. Là aussi, l’axe a très rapidement été saturé, entrainant d’autres embouteillages sur de nombreux kilomètres. Les forces de l’ordre ont tenté de réguler la circulation filtrant le passage et demandant aux automobilistes de rebrousser chemin.
A partir de 8 heures, les gendarmes mobiles sont déployés. Le préfet Thierry Queffelec décide de frapper fort et d’éliminer les deux points de blocage de la Caravane de la liberté de façon simultané, à la fois sur le pont du Larivot et à l’ARS, dont l’entrée était bloquée depuis tout pile deux semaines. Les gendarmes mobiles basés à Matoury, à la Madeleine à Cayenne et de l’autre côté à Macouria sont donc passés à l’action et ont rapidement délogé les manifestants. Quelques petits incidents ont eu lieu toutefois au niveau du pont du Larivot. Un automobiliste a foncé sur les gendarmes, en blessant deux selon le préfet Thierry Queffelec qui s’est exprimé à ce sujet au micro de Mo News en milieu de matinée devant l’ARS.
Des moments de tensions
Un gendarme mobile aurait pour sa part menacé les manifestants de leur « tirer une balle dans la tête ». Des propos qui ont été filmés par Olivier Goudet qui était présent sur le pont à ce moment là et qui a été partagé à profusion tout au long de la journée au cours d’une vidéo qui a été multi-diffusée et partagée sur les réseaux sociaux.
Mo News était présent lors de l’évacuation du pont du Larivot. Voici les live tournés sur place (veuillez nous excuser pour la verticalité des deux vidéos) :
L’interview du préfet devant le pont du Larivot :
Plus compliqué que prévu à l’ARS
Il est environ 10h30 quand le commissaire Philippe Jos, Directeur territorial de la police nationale (DTPN) de Guyane, s’avance devant l’entrée de l’ARS pour procéder aux sommations. L’intervention des gendarmes mobiles s’est faite immédiatement. Ils ont avancé sur le parking pour déloger la quinzaine de manifestants qui s’étaient réfugiés dans cet espace après avoir été chassé de la rue où ils s’étaient installés depuis 15 jours. Parmi les figures du mouvement présentes, on retrouvait Mylène Mathieu, ancienne conseillère territoriale à la CTG de 2015 à 2021, ex membre de Péyi Guyane qui avait démissionné en avril et qui depuis est devenue l’une des portes voix des infirmières libérales (URPS), parmi les plus déterminées des opposants au pass sanitaire et à la vaccination obligatoire.
Albert Darnal aussi était sur place ainsi que Monique Guard et quelques autres militants de la première heure. Les gendarmes mobiles ont demandé aux manifestants de quitter les lieux. Face à leur refus, les gestes sont devenus plus brusques.
Les choses se sont alors emballées quand Mylène Mathieu est tombée inanimée au sol. L’infirmière libérale s’est écroulée, victime d’un malaise. Asthmatique, elle est restée de longues minutes inconsciente et affaiblie au sol. Les militants qui étaient à ses côtés l’ont immédiatement entouré pour s’occuper d’elle.
Mylène Mathieu allait mieux le soir et a pu sortir de l’hôpital.
« L’assaut » de Pascaline contre les gendarmes qui menaient l’assaut contre les manifestants à l’ARS
Dans le même temps, les gendarmes ont continué leur opération. En fait, ils sont pour la très grande majorité sortis du parking pour partir en direction de Pascaline. En effet, depuis quelques minutes, quasiment à l’instant même où l’assaut a été lancé, de nombreuses pierres et de divers projectiles, en direction de l’ARS. Certaines pierres ont même atterrie sur le parking.
L’assaut en intégralité (vidéo Live Mo News)
Les incidents se sont poursuivis pendant de longues minutes. Mo News était présent et a suivi l’intégralité de cet assaut et de l’émeute qui s’en est suivi dans le quartier. Les gendarmes mobiles ont rapidement repoussé les jeunes qui se trouvaient vers Pascaline et se sont positionnés au niveau de l’intersection avec la rue Thémire et de celle qui rejoint la route de Raban. Le conseiller territorial de la majorité, Zadkiel Saint-Orice était présent, face aux militaires. Il a reçu du gaz lacrymogène, comme de nombreuses autres personnes présentes. Le préfet aussi était présent. Thierry Queffelec a suivi l’opération de très près. Voici ci-dessous le live de Mo News au moment de l’assaut et de des échauffourées qui s’en sont suivis.
Gabriel Serville demande au préfet et au gouvernement « un geste fort »
Les choses se sont ensuite quelques peu apaisées. Le président de la CTG Gabriel Serville est venu sur place. Il a rencontré les manifestants. Il s’est exprimé auprès des médias et a été parler avec le préfet. Gabriel Serville a demandé au préfet d’organiser au plus vite une rencontre avec le ministère pour que Paris fasse un geste fort face à cette situation qui devient très difficile en Guyane. Gabriel Serville a insisté sur la nécessité de reprendre le dialogue. Thierry Queffelec lui a proposé la date de mercredi, ce à quoi Gabriel Serville a expliqué que ce serait trop tard : « Je vous dit qu’il ne faut pas attendre mercredi. Il sera trop tard. Je ne peux pas présager ce qui pourrait se passer, mais je vous dit qu’il faut le faire aujourd’hui ». Le préfet lui a demandé ce qu’il proposait et le président de la CTG a réitéré sa proposition de moratoire sur le pass sanitaire en Guyane. Voici justement une partie de la séquence avec le live Mo News lorsque Gabriel Serville est venu à l’ARS :
La suite a été agitée jusqu’à environ 14h30. La situation est restée tendue mais sans débordement majeur jusqu’au départ du préfet, à midi passé. Puis, un peu plus tard, les échauffourées ont repris juste à côté de là à Pascaline. Puis les violences ont débordé sur Novapark et jusqu’à la route de Raban. A Novapark, deux voitures ont été incendiées. Un jeune a été interpellé route de Raban. Voici en vidéo, l’intervention des pompiers, escortés par les gendarmes, lorsqu’ils ont été éteindre les deux feux de voiture à Novapark. Un live Mo News :
La nuit va être difficile…
En début de soirée, entre 20h30 et 21h45, des incidents ont éclaté route de Cabassou. Une barricade en feu a été installée et empêchait la circulation sur cet axe qui part de la Madeleine en direction d’Attila-Cabassou. La barricade a été installée à hauteur de l’entrée de la citée Jasmin. Les pompiers et policiers sont intervenus. Voici la vidéo qui nous a été envoyée par un Témoin Mo News, ce lundi soir.
Par ailleurs, une mobilisation a eu lieu aussi à l’université à Cayenne. Là aussi, la tension est montée d’un cran. Nous vous proposons de visionner le Live de nos confrères de Radio Péyi qui étaient présents sur place :