Face au manque d’explications quant aux circonstances de la mort de leur fille, les parents de Jeannine Phanis réclament des réponses auprès du Centre hospitalier de l’Ouest guyanais (CHOG).
Consternés par le manque de communication quant aux circonstances du décès de leur fille, les parents de Jeannine Phanis réclament des explications auprès du CHOG lors d’une conférence de presse donnée ce mardi.
Aucun antécédent médical
Les faits se sont déroulés quatre mois auparavant, Jeannine n’avait alors que 22 ans.
« Le 24 juin, Jeannine n’arrivait pas à dormir et avait des problèmes d’alimentation . C’est par rapport à cela que nous nous sommes rendus chez son médecin traitant. Ce dernier nous a dit de l’emmener à l’hôpital sans pour autant nous inquiéter davantage « , raconte le père de la jeune femme.
Hospitalisée pendant une semaine au service des urgences du CHOG, l’étudiante en licence sociale passera une batterie d’examens.
« Les résultats étaient bons. Elle marchait bien, elle parlait bien. Elle n’avait aucun antécédent médical . »
Présente durant toute la semaine d’hospitalisation, Diana Phanis, la mère de la jeune femme, déplore dès lors « un manque de considération de la part des membres du service. »
« C’est nous qui faisions tout. Si nous n’étions pas là, notre fille n’aurait même pas été toilettée. Il arrivait que pendant plusieurs jours, il n’y ait aucune visite et aucune communication sur la raison de la durée de son hospitalisation. »
Le drame
Le 2 juillet, Jeanine est transférée au service psychiatrique du CHOG.
« Elle était bien, elle demandait même à marcher pour y aller. Dès notre arrivée, l’équipe nous a accueillis comme des animaux. La dernière phrase que ma fille m’a dite a été : ‘Papa, je ne veux pas rester ici. »
Vingt-quatre heures après son entrée au service psychiatrique, Jeanine décède.
« Quelqu’un m’a téléphoné pour me dire que ma fille faisait un malaise et qu’il n’y avait plus rien à faire, car elle n’allait pas s’en remettre. Lorsque nous sommes arrivés à l’hôpital, le médecin des urgences nous a dit : Ce n’est pas moi qui ai tué votre fille . »
Les parents de Jeannine Phanis avec une photo de leur fille. @Julien Clozeau
Des questions sans réponses
« À l’heure où je vous parle, nous n’avons toujours aucune explication quant aux conditions de décès de notre fille. Les mots me manquent. Jeannine est décédée depuis plusieurs mois déjà et nous faisons encore face à une omerta médicale » , partage faiblement Jean Phanis, père de la victime.
Selon les propos de l’avocat de la famille, aucune action n’a été faite en bonne et due forme.
« Il y a eu énormément de non-respect éthique survenu au moment du décès de Jeannine. Personne n’a demandé à la famille s’il souhaitait réellement débrancher leur fille, on annonce à une mère que son enfant est en train de mourir par téléphone sans aucune empathie, aucun médecin ne s’est présenté à l’entourage après le décès, etc . », s’insurge maître Marcault-Derouard, avocat de la famille.
À cela s’ajoutent « des manquements administratifs déplorables face au calvaire inadmissible subi . »
Des « manquements professionnels »
Ce n’est que quatre mois après les nombreuses réclamations qu’une photocopie du dossier médical est relayée aux parents de Jeannine.
« C’est scandaleux. En plus d’une photocopie, la temporalité d’accès au document ne le rend même plus suffisamment crédible pour qu’on ait la garantie qu’aucun élément n’ait été changé ou ajouté. Le médecin urgentiste a également signé de sa main la mention ‘non’ à la demande d’autopsie, sans en prévenir la famille. Et tout cela n’est que la partie émergée de l’iceberg . »
Devant ces nombreux « manquements professionnels « , l’association des usagers du CHOG s’associe elle aussi au côté de la famille de Jeannine.
« Le temps de l’impunité est désormais fini pour le centre hospitalier de l’Ouest guyanais « , conclut maître Marcault-Derouard, avocat de la famille.
Une enquête est actuellement ouverte. Nous avons sollicité la direction du CHOG qui devrait s’exprimer sur le sujet prochainement.