La commission permanente extraordinaire organisée lundi à la CTG a laissé des traces… L’opposition a refusé d’assister à la convocation des élus du président Serville pour plusieurs raisons que nous avions évoqué dans l’article à lire ici , lundi matin. Mais c’est surtout le préfet qui s’est braqué. En cause, trois choses : la position du président sur l’obligation vaccinale, celle sur le pass sanitaire mais aussi et surtout les propos tenus par Gabriel Serville lors du point presse qui a eu lieu juste après la commission permanente. Répondant à une question de Mo News , Gabriel Serville a dit qu’il faudrait vérifier les chiffres avancées par les autorités sanitaires concernant la véritable situation en réanimation et sur les personnes décédées : « entre ce qui est dit concernant par exemple les personnes qui arrivent aux urgences, les personnes qui décèdent du coronavirus, ce qui est dit concernant leur vaccination ou pas, mériterait d’être vérifié » . Ces propos ont vivement fait réagir le préfet (voir ci-dessous).
Gabriel Serville et le préfet vont donc se rencontrer ce mercredi matin. Ce sera à 11h30 à l’aéroport international Félix-Eboué à l’occasion de la mise en place du dispositif de surveillance à l’arrivée d’un vol en provenance des Antilles où sont pratiqués les tests. C’est à l’initiative de Gabriel Serville qu’aura lieu cette rencontre. Les deux hommes ont déjà discuté hier ensemble par téléphone et vont donc se rencontrer ce mercredi pour évoquer des positions qui sont en effet pour l’instant divergentes sur plusieurs points. Une rencontre à vivre avec Mo News ce mercredi.
Ce que dit le préfet Thierry Queffelec
Sur les doutes sur les chiffres Covid : « Il faut avoir le respect du volume de ses compétences »
« Si une très haute personnalité, élue au suffrage universel doute… Si on doute de l’Etat c’est à dire, d’affirmer que l’Etat ment, que l’Etat se trompe, à ce moment là si on doute de l’Etat ou des chiffres de l’ARS, c’est la notion de puissance public qu’on remet en cause et l’on peut douter de tout. Et si on doute de tout, on n’a plus aucun repère. C’est à dire qu’on dit que son voisin peut douter. On peut dire que son médecin peut dire tout et n’importe quoi, que les notaire peuvent se tromper, que le notaire peut vous voler, que le pharmacien peut vous tromper et ne pas vous donner le bon médicament. Donc on voit bien que c’est une perte de confiance. Le doute peut parfois être nécessaire à l’ensemble des autorités publiques d’un territoire. Mais il y a du régalien, de l’exécutif, du législatif, et si tout le monde doute l’un de l’autre, ça ne va uniquement donner souvent que plus de superficie à tout ce qui peut être fake et dont les gens s’enorgueillissent. Beaucoup de choses sont dite et sont faussent, soit par négligence soit parce qu’elles sont organisée scomme une chose fausse. Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé lundi encore avec l’annonce comme de la fausse mort du chirurgien du CHK à Kourou. C’est la porte ouverte à tout. A un moment, il faut avoir le respect du volume de ses compétences ».
Sur l’obligation vaccinale : « la loi s’applique et il n’y aura aucune adaptation possible »
« J’ai entendu la position sur le pass sanitaire. La loi elle est écrite. J’avais la capacité à pouvoir l’étendre. Je l’ai repoussé d’un mois. On comprend parfaitement qu’il va falloir un peu de temps et donc j’ai donné du temps pour que les gens aillent se faire vacciner. Mais si les gens ne bougent pas, c’est ce que j’ai dit encore récemment il y a une semaine, on verra chaque semaine en CIC, alors on passera directement à l’application de la loi. La loi est quelque chose qui ne se négocie pas. Elle se change mais elle ne se négocie pas. ça c’est le premier point. Le deuxième point c’est l’obligation vaccinale, celle ci va s’appliquer dans le champs des compétences par exemple de la CTG. L’Etat à des responsabilités dont celle de soigner les gens. La CTG a comme responsabilité de prendre en compte les gens vulnérables. Là dedans vous avez ce qu’on appelle le SDIS (Service départemental d’incendie et de secours). C’est sont les sapeurs-pompiers qui doivent s’organiser. Pour l’instant, il n’y a 14 à 15% qui sont vaccinés et au 16 septembre il doit y avoir une capacité opérationnelle qui doit être au profit de la population. Il faut parler de ces vrais sujet là, parce que il reste là non pas 1 mois comme on a aménagé pour le pass sanitaire, avec un temps de réflexion qui était normal… mais là on n’est plus dans la réflexion ou dans le séminaire, on doit être dans le temps de l’action parce que le 16 septembre, ce sera obligatoire. Comme pour les infirmières libérales, si elles ne sont pas vaccinées dans le schéma qui est prévu, le 16 septembre, elles ne pourront pas exercer. Donc on voit bien qu’on a une capacité de réplique opérationnelle qu’il faut préparer. Il faut comprendre que l’autorité publique, c’est la loi qui s’applique. On n’est pas là pour négocier la loi, parce que la loi est faite par les députés et les sénateurs, par les élus. C’est donc très important et elle doit s’appliquer. Elle peut s’adapter. Je le redis, on l’a fait pour le pass sanitaire. En revanche, il n’y aura aucune adaptation possible pour l’obligation vaccinale. »
Ce qu’a dit Gabriel Serville lors du point presse à l’issue de la commission permanente lundi matin :
Ce que dit le projet de résolution de la CTG…
Sur l’obligation vaccinale : « Le risque d’une possible interruption de certains services publics majeurs »
« S’agissant de l’obligation vaccinale s’appliquant à certaines catégories professionnelles : les élus, animés de l’esprit de tolérance, respectent la liberté de chacun, mais attirent l’attention du Ministre des Outre-mer sur la nécessité de prendre en considération les spécificités du territoire de la Guyane dans l’application qui sera faite de la loi. Les causes d’un taux de vaccination de l’ensemble de la population guyanaise, actuellement plus faible que dans l’Hexagone, sont multiples et ne sauraient évoluer significativement en quelques semaines. En revanche, l’isolement du territoire par rapport aux autres collectivités françaises crée les conditions d’une possible interruption de certains services publics majeurs si les textes sont appliqués dans toute leur rigueur, notamment pour ce qui concerne les exclusions de fonction. Les élus demandent avec insistance que l’application de la loi se fasse dans le respect de ces considérations. »
S’agissant du pass sanitaire : « Vigilance pour les restaurateurs, la culture et les clubs sportifs… »
« S’agissant du passe sanitaire : la fragilité du tissu économique et social du territoire impose de recourir, au pouvoir d’adaptation reconnu au Préfet pour la mise en oeuvre locale des mesures de freinage. Les élus sont favorables au renforcement des campagnes de communication sur les outils de lutte contre la propagation du virus (gestes barrière, port du masque, utilisation des gels désinfectants, messages dans les langues parlées en Guyane…). Ils relèvent, en revanche, les risques de troubles à l’ordre public en cas d’alourdissement des mesures de confinement. Une attention particulière devra être portée au secteur sanitaire déjà en grande souffrance, ainsi qu’au secteur de la restauration et au domaine culturel pour lesquels les socioprofessionnels ont formulé des propositions d’adaptation pour tenir compte du contexte guyanais. De même, les élus entendent relayer les demandes des ligues et clubs sportifs tendant à faciliter le plus possible le maintien des pratiques encadrées : dans ces secteurs, l’impact de certaines mesures de freinage pourrait être disproportionné et conduire à des effets pervers dangereux. »
Le préfet Thierry Queffelec et Gabriel Serville lors de la cérémonie d’installation du nouveau DTPN de Guyane Philippe Joss. Un regard… (crédit photo : Rudy COCHET MO NEWS)