Au total, 128 femmes ayant donné naissance à un enfant vivant cette semaine-là ont accepté de participer à l’étude. Beaucoup de résultats, comparés à ceux de l’Hexagone, confirment des tendances déjà connues : « Les femmes enceintes sont (en Guyane) globalement plus jeunes, plus isolées, plus souvent célibataires et présentent un niveau d’études généralement plus bas qu’en métropole. Seulement un peu plus de la moitié des accouchées sont de nationalité française. »
Près de la moitié des ménages déclarent un revenu mensuel inférieur à 1 000 euros et moins des trois quarts (73 %) sont couvertes par la protection maladie universelle. Le taux d’utilisation d’une méthode contraceptive est plus bas que dans l’Hexagone et les femmes expriment une moins grande satisfaction lors de la découverte de la grossesse.
Les antécédents médicaux et les pathologies gestationnelles sont plus fréquents, le taux de recours à l’échographie et aux dépistages est plus faible. « Certaines données de l’accouchement sont plus favorables ou comparables » à l’Hexagone, notent toutefois les auteurs : taux de déclenchement programmé et de césarienne comparables (27,3 % en Guyane), moindre utilisation de l’oxytocine en cours de travail) (15,2 %), recours exceptionnel à l’épisotomie, fort encadrement des indications de mise en place d’une antibiothérapie pendant le travail…
■ 16 % de prématurés
En revanche, l’état de santé des enfants à la naissance est « préoccupant », alertent les auteurs, qui retiennent trois indicateurs : « Un taux de prématurité élevé (16% contre 7% en métropole), une hypotrophie importante, une cotation du score d’APGAR inférieur ou égal à 7 à 5 minutes de vie plus fréquente. »
« Ces résultats viennent renforcer l’idée qu’il y a un décalage important entre les données guyanaises et celles de l’Hexagone, confirme Stéphanie Bernard, coordinatrice du réseau Périnat. Certaines données sont dans le rouge, notamment s’agissant de la santé de l’enfant à la naissance. Le taux de prématurité est élevé tout comme la proportion de petits poids à la naissance. » Lors de l’enquête, un enfant sur huit (12,3 %) pesait moins de 2 500 grammes à la naissance (7,1 % dans l’Hexagone). Près d’un enfant sur dix (9,3 %) présente un score d’Apgar inférieur ou égal à 7, à cinq minutes de vie.
■ Un suivi de grossesse moindre
« Ces résultats doivent nous alerter sur la qualité de prise en charge, le taux important de pathologies et l’insuffisance du suivi, poursuit Stéphanie Bernard. Des situations anténatales délicates sont insuffisamment repérées. » Seule une femme sur six (16,1 %) a bénéficié d’un entretien prénatal précoce (36,5 % dans l’Hexagone) et moins d’une sur deux (42,9 %) de séances de préparation à la naissance et à la parentalité (vs 80,2 %). « En Guyane, les femmes ont eu en moyenne 5 échographies durant leur grossesse contre 6,3 dans l’Hexagone. Une sur deux déclare avoir bénéficié d’une mesure de la clarté nucale (vs 90,2 %). » Le dépistage de la trisomie 21 est également moins fréquent. Les trois quarts des parturientes ont
bénéficié d’un dépistage du diabète gestationnel, comme dans l’Hexagone. Mais le protocole régional préconise de le dépister systématiquement.