A l’occasion de la Journée mondiale du diabète, ce mardi, Santé publique France publie un Bulletin épidémiologique hebdomadaire consacré aux Drom. Sa prévalence est estimée à 11,6 % en Guyane. Chez nous, les diabétiques sont plus jeunes, plus fréquemment des femmes, ont plus souvent un diabète non équilibré, consultent moins souvent un médecin généraliste et bénéficient moins souvent des trois dosages annuels d’hémoglobine glyquée.
Estimée à 10 % dans de nombreuses publications, la prévalence du diabète, en Guyane, se révèle plus élevée, comme le constate le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) que publie Santé publique France (SpF), aujourd’hui à l’occasion de la Journée mondiale du diabète. Cette prévalence a été calculée, en 2021, à 11,6 %, soit plus du double de l’Hexagone (5,3 %). « Nous disposons dorénavant de données précieuses de prévalence, des caractéristiques des personnes atteintes de diabète de type 2 en Outre-mer qui permettront, je l’espère, d’étayer les politiques publiques pour mieux prévenir et traiter le diabète et ses complications », se réjouit François Bourdillon, ancien directeur général de Santé publique France, dans un éditorial.
Deux études ont permis d’obtenir cette estimation. Pour la première, les enquêteurs ont interrogé 1 478 Guyanais du littoral par téléphone sur leur connaissance d’un diabète ou d’un « petit diabète », sur la durée d’évolution de celui-ci ainsi que sur leur prise en charge respective, dans le cadre du Baromètre de Santé publique France Drom 2021. La seconde est issue de l’échantillon national témoin représentatif des personnes diabétiques (Entred 3). Elle s’appuie sur les données de l’Assurance maladie, des questionnaires adressées aux patients et à leur médecin traitant.
En Guyane, 11,6 % des participants avaient connaissance de leur diabète. « « Il est probablement nécessaire d’ajouter à ces pourcentages, la part des personnes qui se sont déclarées non diabétiques, mais ayant déclaré qu’un médecin leur avait déjà dit qu’ils avaient « un petit diabète » ou « un début de diabète, mais pas trop grave », soulignent les auteurs (…) Cette notion, qui n’a aucun fondement clinique, est cependant couramment utilisée. » En revanche, l’étude ne permet pas d’estimer la prévalence du diabète méconnu.
En Guyane, des patients plus jeunes et diagnostiqués plus jeunes
Chez nous, les personnes atteintes de diabète de type 2 sont en moyenne plus jeunes (61 ans) et diagnostiquées plus tôt (47 ans) qu’ailleurs. C’est aussi le cas à La Réunion. Ce qui fait écrire aux auteurs que si la prévalence est la même en Guyane et aux Antilles, la situation est « plus dégradée (chez nous) du fait de la jeunesse de la population ». Par ailleurs, « la découverte en Guyane et à La Réunion d’un diabète de type 2 chez des personnes plus jeunes et de corpulence moindre, interroge sur l’existence possible de susceptibilité génétique ou épigénétique », préviennent les auteurs de l’étude.
Comme dans les autres Drom, les personnes diabétiques sont majoritairement des femmes (57,1 %) et des personnes socio-économiquement défavorisées (60,7 %). Spécificité guyanaise, elles sont aussi plus souvent nées à l’étranger (66,9 %). C’est particulièrement le cas des personnes nées en Haïti, qui représentent plus du quart (26,9 %) des personnes interrogées ayant déclaré un diabète. Les auteurs relèvent « une prévalence très élevée du diabète connu chez les femmes nées à l’étranger, prédominant notamment chez les femmes âgées de plus de 70 ans. »
Un recours aux soins plus faible
La proportion de diabète de type 2 non équilibré (hémoglobine glyquée supérieure à 8 %) est plus importante dans les Drom. Chez nous, plus d’un patient sur trois (34,2 %) est concerné. Les complications chroniques ne sont pas plus élevées qu’ailleurs. En revanche, le recours aux soins est plus faible : environ 70 % des personnes ayant déclaré un diabète ont indiqué consulter un médecin généraliste au moins une fois par an ; moins d’un sur cinq (18,3 %) un endocrinologue ; un peu plus d’un sur trois un cardiologue (35,9 %) ou un ophtalmologue (37,2 %). Seuls 39 % bénéficient des trois dosages annuels d’hémoglobine glyquée, comme cela est recommandé.
« Diagnostiquer plus précocement le diabète »
« S’il est essentiel de renforcer les mesures de prévention primaire du diabète, qui passent en premier lieu par la lutte contre l’obésité et la sédentarité, il est également fondamental de diagnostiquer précocement le diabète et de réduire le délai entre le diagnostic et une prise en charge efficace des personnes atteintes d’un diabète de type 2, concluent les auteurs. Un levier d’action consisterait en une sensibilisation collective, de la population générale et des professionnels de santé, à la nécessité de traiter le diabète dès sa survenue, par des mesures hygiéno-diététiques voire pharmacologiques, afin de retarder la survenue des complications associées. »
Source : la Lettre Pro ARS-Guyane
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