Au cours des trois journées d’assemblée plénière à Camopi, du 24 au 26 octobre, le secrétaire général du Grand Conseil Coutumier est longuement revenu sur le dispositif des familles hébergeantes. L’accueil des jeunes des communes isolées va faire l’objet d’une profonde refonte dès 2024. Interview.
Pouvez-vous nous dresser un bilan de cette dernière assemblée plénière ?
Ça a été très positif, même si les membres du Grand Conseil Coutumier n’étaient pas tous présents. On les comprend, car ils sont bénévoles. Certains sont loin et avec les difficultés aériennes et le bas niveau des fleuves c’était compliqué de se rendre sur mlace. Cela dit, on a eu beaucoup d’interactions avec les personnes présentes à Camopi. On a bien vu qu’elles étaient intéressées par les sujets abordés.
Quelles sont les orientations stratégiques proposées par le comité de coordination au sujet des familles hébergeantes ?
Pour contextualiser, une commission ad hoc a été créée au sein du Grand Conseil Coutumier. On y retrouve des associations, des institutions (CTG, Rectorat CAF), des collectivités (Camopi, Grand Santi, Maripasoula, Papaïchton) … Il faut savoir que cette démarche a été lancée dès 2021. Un rapport intermédiaire a été restitué cette année-là. Il a ensuite fallu des financements pour poursuivre les travaux. L’UNICEF et l’ARS ont bien voulu participer et on a pu créer un poste de chargé de mission. Le Grand Conseil Coutumier, dépourvu de personnalité morale, n’a pas pu recruter directement. Le portage administratif a été réalisé par le Groupement de Coopération Sociale et Médico-Sociale (GCSMS) sous la direction du Grand Conseil Coutumier, qui fait partie du comité de coordination avec l’ARS et l’UNICEF. La deuxième mission est lancée depuis septembre [2023] et se terminera en novembre.
La CTG parlait au début de l’année d’une « réforme structurelle » avec, notamment, la mise en place d’un dispositif d’astreinte pour « traiter les solutions de crise ». Des annonces suivies d’effets ?
Entre ce qu’ils disent et les faits, il y a un fossé. On n’a pas de moyens de savoir si ça a été effectivement appliqué.
« Rejoindre Trois-Sauts depuis Saut-Maripa coûte 300 euros en pirogue. »
Plus généralement, est-ce qu’un suivi est assuré pour les élèves intégrés dans le dispositif ?
Oui, en théorie par la CTG. Les associations font remonter les informations et signalent les situations de maltraitance, de difficultés en hébergement, etc. Il faut souligner que la collectivité territoriale de Guyane a fait, cette année [pour la rentrée scolaire de septembre] le tri au sein des familles hébergeantes suspectées de maltraitance. Certaines de ces familles n’étaient pas formées et accueillaient parfois 9 à 10 enfants. Lors de l’assemblée, un jeune a expliqué qu’ils étaient 8, cela n’est pas acceptable. Tout en sachant que les familles hébergeantes n’ont pas de statut légal. La première des choses c’est de créer un statut pour ce dispositif, ça a quand même été mis en place en 2005 pour pallier au manque d’hébergements et de structures [internats] à destinations des jeunes des communes de l’intérieur.
Un dispositif de rentrée a été lancé pour accompagner les jeunes des communes isolées et leurs familles avant la rentrée scolaire…
Oui, j’y ai été en tant qu’observateur. J’ai écouté les familles et les associations et il faut dire que, par rapport aux années précédentes, ça s’est très bien passé.
Vous avez aussi insisté, au cours de l’assemblée plénière, sur le fait qu’il faudrait inclure davantage les institutions dans le dispositif des familles hébergeantes. Cela n’avait pas été fait jusqu’ici ?
Manon Rimbaud, chargée de la deuxième mission d’évaluation du dispositif, prend en compte toutes les informations. Stratégiquement, ce que l’on a voulu faire, c’est inclure les institutions, notamment la CTG, la CAF, le Rectorat, pour qu’ils participent à l’élaboration du document final. On leur a envoyé un tableau de solutions dans lequel ils pourront faire des propositions. A la fin, on invitera toute la commission ad hoc, il n’y aura pas de surprises.
La CTG prend en charge le transport des jeunes des communes isolées entre leur domicile et leur lieu de scolarisation seulement lors des vacances de Pâques et de Noël. Pourquoi pas lors des autres vacances ?
Le président Serville a déclaré publiquement que le transport des jeunes serait assuré pour toutes les vacances scolaires. Il n’a pas tenu sa parole. C’est vrai qu’il y a des difficultés, mais l’idéal serait qu’ils prennent en charge les déplacements conséquents pour toutes les vacances scolaires. Il ne faut pas oublier que rejoindre Trois-Sauts depuis Saut-Maripa coûte 300 euros en pirogue. C’est énorme. Pour des personnes qui touchent les minima sociaux, c’est trop. On veut que la CTG soit beaucoup plus transparente et puisse nous inclure. On peut très bien travailler ensemble. Il faut qu’on nous donne des informations. Nous aussi, on est en lien avec les associations. On sait ce qui se passe.
Cliquez ici pour rejoindre un de nos groupes WhatsApp. Vous recevrez nos infos en temps réel !
Retrouvez l’ensemble des articles de cette rubrique en cliquant ici.
L’actualité en continu sur www.monewsguyane.com.
L’édition hebdomadaire de Mo News Guyane est aussi disponible en version numérique !