Les victimes de viols et attouchements sexuels prennent la parole sur un réseau social pour dénoncer les auteurs présumés. Des personnalités locales sont dénoncées à travers des témoignages.
La Guyane rejoint donc le mouvement de libération de la parole, lancé sur le réseau social Instagram. À l’origine de cette vaste mobilisation, Balance ton porc Martinique. En moins de 4 mois, avec ses 36 000 membres, a contribué à voir apparaitre plusieurs plaintes groupées de victimes.
D’ailleurs, les premières dénonciations ont permis l’incarcération d’un couple : un homme accusé de viols sur mineures et sa femme soupçonnée de complicité, mais aussi l’annulation de prestations d’un chanteur bien connu. Ou plus récemment de graves accusations contre un tatoueur populaire de l’île.
Ainsi, la Guadeloupe s’est joint au mouvement il y a quelques semaines avant que la Guyane, à l’initiative d’un groupe baptisé » les Avengirls » n’emboîte le pas.
6 000 abonnés en 48 heures
Le constat est sans appel, la communauté Balance ton porc Guyane a multiplié son nombre d’abonnés. En 48 heures, plus de 6000 personnes ont adhéré au groupe Instagram.
Les dénonciations d’auteurs de viols et/ou attouchements sexuels présumés ne se sont pas faites attendre. Et les prénoms et noms sont très clairement cités : un ostéopathe, un animateur radio et même des hommes politiques font l’objet de témoignages précis de la part de victimes présumées.
Les fondatrices du réseau s’attèlent déjà à trouver l’avocat qui les accompagnera dans les probables plaintes qui accompagneront ces dénonciations. Une manière pour elles de permettre aux victimes de sortir de leur mutisme et de leurs traumatismes qui bien souvent empêchent les actions judiciaires.
L’avènement de ce nouveau moyen de dénonciations est aussi source de débats. Lundi matin à Fort de France, après une quinzaine de plaintes déposées contre un tatoueur, la procureure de la république Clarisse Taron déclarait :
« C’est à la fois, la vertu des réseaux sociaux qui peuvent permettre de porter ces faits à notre connaissance et aussi rassurer les victimes sur le fait qu’elles sont entendues. Mais il faut éviter aussi que ces réseaux soient l’occasion de violer la présomption d’innocence qui reste un point essentiel dans une enquête judiciaire. »
L’occasion sans doute de rappeler que les auteurs présumés restent présumés innocents jusqu’à leur jugement.
☆ La rédaction de Mo News a interrogé les Avengirls, fondatrices du mouvement Balance ton porc Guyane sur leurs motivations. Réponses.
Ce que l’on retranscrit, ce sont des vies brisées, des intégrités bafouées et des chairs ensanglantées. C’est dur à lire. Mais c’est encore plus dur à partager, car on sait l’impact que ça aura sur les victimes qui enfouissent depuis trop longtemps.
Et on pense aussi, bien sûr, à tous ces proches d’agresseurs qui vont découvrir les agissements de leur père, de leur frère ou de leur mari. Certains seront dans le déni et défendront l’indéfendable. D’autres tenteront en vain d’obtenir des aveux de gens qui n’assument jamais rien. On n’attend rien des agresseurs. Passé le choc, on veut que la société guyanaise se regarde, s’interroge et exige un vrai changement.
Nous, on veut la paix. Sortir en paix. S’habiller en paix. Flirter en paix. Vivre en paix, avec nos semblables de tous sexes. Ce n’est pas insurmontable, mais ça demande beaucoup d’éducation, et donc des moyens que nous ne voyons pas suffisamment mobilisés. Ça demande de la volonté. Et plus que tout, ça demande du courage. Si la société avait le quart du courage des victimes qui témoignent, on n’en serait pas là.
Bien que nous ayons un objectif à long terme, notre souhait à court terme est de décloisonner les victimes terrées dans la peur et le silence. En voyant qu’elles ne sont pas seules, elles peuvent ainsi trouver la force de mener des poursuites judiciaires communes contre un prédateur, avec l’espoir que la Justice joue son rôle de dissuasion.
En ayant dépassé la barre des 5000 abonnés en 48h, nous sommes convaincues de l’intérêt de la population pour la question des violences sexuelles (jusqu’ici très tabou), et nous espérons que nos élus s’en saisiront pour incarner ce mouvement que nous qualifions de Révolutionnaire pour la Guyane.
Cliquez ici pour rejoindre un de nos groupes WhatsApp. Vous recevrez nos infos en temps réel !
Retrouvez l’ensemble des articles de cette rubrique en cliquant ici.
L’actualité en continu sur www.monewsguyane.com.
L’édition hebdomadaire de Mo News Guyane est aussi disponible en version numérique !