Empêtrée dans une situation de « surstockage » du vivaneau, la filière pêche tape du poing sur la table et sollicite la mise en place d’une aide d’urgence pour les entreprises du secteur.
La coupe est pleine pour les pêcheurs. Après avoir reçu différentes alertes des opérateurs de la première transformation, le comité des pêches et des élevages marins de Guyane (CRPMEM) tire la sonnette d’alarme. Au 8 août 2023, 126 tonnes de vivaneau sont stockés dans des chambres froides et non-livrés sur le marché car, selon l’instance représentative du secteur, ce produit d’appel est devenu trop cher après transformation.
La problématique serait conjoncturelle : une taxe douanière de 15% mise en place en 2018 et l’augmentation des prix des matières premières font que le prix au kilo du vivaneau a augmenté d’environ un euro en 2023. Une manne financière en moins pour la filière, qui compte sur l’export pour renflouer ses caisses après plusieurs années marquées par la crise sanitaire et le manque de main d’œuvre.
Boycott
« Les antillais boycottent et passent sur des produits d’import en provenance des ACP [Afrique, Caraïbes, Pacifique]. Le vivaneau n’est plus vendu et les usines de transformation sont obligées de le stocker » souligne Leonard Raghnaught, président du CRPMEM de Guyane.
Une nouvelle crise qui tombe mal. « C’est pile poil la période où le pêcheur doit pouvoir gagner sa vie. » explique Jocelyn Médaille, directeur général de la compagnie guyanaise de transformation des produits de la mer (COGUMER).
De longue date, le CRPMEM plaide pour une suppression pure et simple de la taxe douanière sur le vivaneau. Pour cause, ce sont en grande majorité des bateaux battant pavillon vénézuélien qui le pêche. « Le règlement dit que le produit devient ainsi vénézuélien. Le produit Guyanais prend de son côté une taxe de 15%. On a combattu cette taxe, mais l’ensemble des politiques n’a pu tenir de décisions. » poursuit Leonard Raghnaught.
Asphyxie
Le manque à gagner se chiffre aujourd’hui à 1,25 million d’euros, d’après Jocelyn Médaille. Le secteur souhaite ainsi trouver de nouvelles opportunités sur les marchés nord-américains, pour éviter « l’asphyxie complète ». « Quand bien même on trouverait des opportunités aux États-Unis il faut organiser la chaîne logistique », fait valoir Joël Pied, 1er vice-président du CRPMEM.
Sur le court terme, la filière sollicite une trésorerie pour assurer un « fond de roulement » à ses entreprises.
Le 14 août, la collectivité territoriale de Guyane annoncera la date de la prochaine réunion de la commission d’affectation du « fond Total », fruit d’une convention entre le comité et la compagnie à l’époque des premières tentatives d’exploration pétrolières. Le CRPMEM attend encore le versement de 1,5 million d’euros sur les 3 promis.
Cliquez ici pour rejoindre un de nos groupes WhatsApp. Vous recevrez nos infos en temps réel !
Retrouvez l’ensemble des articles de cette rubrique en cliquant ici.
L’actualité en continu sur www.monewsguyane.com.
L’édition hebdomadaire de Mo News Guyane est aussi disponible en version numérique !