La peste porcine africaine vient de faire son grand retour aux Amériques. Après 40 ans d’absence sur le continent américain, la PPA (Peste porcine africaine) a été officiellement détectée en République dominicaine à travers deux cas actuellement recensés dans l’île. Le risque d’introduction en Guyane est réel selon les services de l’Etat qui évoquent pour explique ce danger « la situation géographique de la Guyane, la résistance du virus, les flux de personnes, des biens et denrées alimentaire ». Pour éviter cette introduction qui « causerait un fort dommage à la filière guyanaise », les services de Guyane Salim (Direction générale des territoires et de la mer) a envoyé une information spécifique à tous les professionnels (éleveurs, vétérinaires, centres de soins animaliers, institutions et forces de l’ordre) en leur rappelant que « la mise en place des mesures de biosécurité en élevages et en abattoirs est à ce jour le seul moyen de se prémunir efficacement de toute contamination ». Un contrôle renforcé des arrivages de porcs est mis en place par le SALIM en lien avec les douanes de Guyane et les importateurs. L’introduction de denrées alimentaires à base de produits animaux en provenance de pays tiers est interdite, même pour des petites quantités. Par ailleurs, tout symptôme ou mortalité anormale chez ces animaux doit être signalés au service de l’alimentation du SALIM (Direction Générale des Territoires et de la Mer). Des points réguliers seront effectués par les services de l’Etat avec les organisations professionnelles et la chambre d’agriculture de Guyane afin d’anticiper les mesures à prendre selon l’évolution épidémiologique de la situation.
Une maladie pour laquelle il n’existe ni vaccin ni traitement
La PPA est une maladie virale hémorragique émergente qui touche les porcs, sangliers, pécaris, qu’ils soient domestiques ou sauvages. Il n’existe aucun vaccin ni traitement pour la soigner, mais la peste porcine africaine n’est pas transmissible à l’homme. Elle ne représente pas un danger pour la santé humaine. En revanche, elle peut provoquer d’importants dégâts dans la filière agricole et mettre en danger la santé économique d’un secteur déjà précaire. Sa propagation entraîne une forte mortalité mais aussi de nombreux abattages d’animaux pour éviter une propagation incontrôlée de l’épidémie.
Abattages et exportations interdites en cas de foyers
Le virus peut avoir de lourdes répercussions pour les éleveurs. A l’échelle de l’élevage contaminé, tous les animaux sont abattus. Au niveau national, le pays perd son statut indemne, ce qui implique une limitation voire une interdiction des exportations non seulement des porcs vivants mais aussi des denrées à base de viande de porc.
Les Etats négocient généralement des accords de « régionalisation », pour que leurs régions indemnes puissent continuer à exporter.
Afrique, Asie et Europe touchées
La PPA est très présente en Afrique bien évidemment, mais aussi en Asie (Chine depuis 2018), et particulièrement en Asie du Sud-Est (ex Indochine : Vietnam, Laos, Cambodge, depuis 2019), en Europe de l’Est (Russie depuis 2008), et elle s’est implantée au cours de la dernière décennie dans le nord de la France (notamment dans les Ardennes) et en Belgique, où elle a causé d’intenses ravages dans la filière porcine. Son arrivée en Chine en 2018 a abouti à l’abattage de 600 000 bêtes en 3 ans. Idem en Roumanie où plus de 100 000 porcs ont été tués durant l’été 2018 après la survenue de nombreux foyers d’infection. 170 000 porcs ont aussi été abattu la même année en Pologne et 190 000 en Bulgarie en 2019 entraînant un manque à gagner d’un milliard d’euros pour la filière porcine bulgare cette année là. En , la PPA atteint le sud de la Wallonie et la province de Luxembourg dans les Ardennes belges ainsi que les Ardennes françaises (secteurs de Sedan, Charleville…) Depuis, la maladie progresse en Chine, en Europe de l’Est et en Belgique malgré les moyens mis en œuvre pour tenter de limiter sa propagation. Aucun vaccin n’est attendu avant 2027 selon les organisations internationales.
La peste porcine africaine était limitée au continent africain jusqu’en 1957, quand elle a été signalée à Lisbonne au Portugal. Une autre éruption y a eu lieu en 1960. Après ces introductions, la maladie s’est installée dans la péninsule ibérique et des éruptions sporadiques ont eu lieu en France, en Belgique et dans d’autres pays d’Europe dans les années 1980. L’Espagne et le Portugal ont réussi à éradiquer la maladie au milieu des années 1990 grâce à une politique d’abattage.
Présente dans les Caraïbes dans les années 70
La maladie a traversé l’Atlantique et des éruptions ont été signalées dans plusieurs îles des Caraïbes dans les années 70. La peste porcine africaine a ainsi été signalée en République dominicaine en premier sur notre continent puis à Cuba. En 1971, le régime de Fidel Castro a fait faire abattre 500 000 porcs pour éviter une pandémie à l’échelle nationale. Cet épisode avait été qualifié d’« événement le plus inquiétant » de l’année par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).
L’INFO EN +
La PPA est due à un virus très résistant dans l’environnement et les produits alimentaires, pour lequel il n’existe ni vaccin, ni traitement. Ainsi, un porc peut contracter ce virus de différentes manières notamment :
• par contact avec un animal infecté introduit sur notre territoire ou avec un cadavre d’animal infecté (le virus y survit plusieurs mois)
• par consommation d’aliments contaminés par le virus, comme la viande et/ou les produits à base de viande de porcs ou de sangliers tels que les produits de fumaison et salaison dans lesquels le virus peut survivre plus de deux mois (risque accru si les porcs sont alimentés par les déchets de cuisine, pratique pourtant interdite en Europe) ;
• par contact avec des véhicules, des personnes, ou des matériels contaminés. Compte tenu de la très grande résistance du virus dans le milieu extérieur, tout matériel souillé (vêtements, bottes, pelles…), peut favoriser la transmission indirecte du virus
Les symptômes chez les porcs
Symptômes possibles
• Fièvre élevée, résistante au traitement, et morts soudaines (même chez des porcs qui n’avaient pas présenté de signes de la maladie auparavant)
• Manque d’appétit
• Tendance à s’entasser les uns sur les autres et à ne pas réagir
• Inflammation de la membrane intérieure des paupières (yeux rouges)
• Diarrhée ou constipation
• Mise bas de porcelets morts (avortements)
• Coloration bleue de la peau et autres modifications cutanées
• Saignements au niveau de la peau ou des orifices corporels, excréments tachés de sang
• Petites taches rouges au niveau des muqueuses et des organes internes
• Respiration difficile
• Boiteries
Forme chronique
• Mise bas de porcelets morts, petites portées, porcelets chétifs
• Diarrhée ou constipation, toux, respiration difficile, altérations de la peau
• Manque d’appétit, mauvais rendement à l’engraissement, entre autres