Deux jeunes majeurs ont été condamnés à une peine de 12 mois d’emprisonnement totalement assortie d’un sursis probatoire pour leur participation aux émeutes de vendredi dernier au quartier Soula.
Jonas et Cliroy ont respectivement 19 ans et 20 ans. Interpellés au quartier Sablance après les violentes émeutes de la nuit du vendredi 30 juin au samedi 1er juillet sur la rue principale du quartier Soula, à Macouria, ce sont les deux mis en cause les plus âgés arrêtés après ces scènes de guérilla urbaine au cours desquelles un bus et une vingtaine de poubelles de la SIMKO ont été incendiées.
A l’issue de deux nuits en détention provisoire, les deux jeunes majeurs, dans le lot des quatre mis en cause interpellés, ont été présentés à l’audience des comparutions immédiates du mardi 5 juillet. Les autres protagonistes, mineurs, répondront de leurs actes le 2 août prochain devant le tribunal pour enfants.
Que s’est-il passé ?
Initialement appelés parce que des jeunes étaient en train de « saboter un transformateur électrique » du quartier Soula, les militaires auraient été pris dans un « guet-apens », selon l’avocate des 6 parties civiles. « Ils ont reçu des blocs de pierre » a martelé la robe noire. Avant de vilipender « l’impunité d’une foule qui se sent autorisée à violenter les forces de l’ordre et empêcher les pompiers de passer ».
Cette nuit-là, il était environ 21h30 lorsque les gendarmes sont intervenus dans un contexte de révolte – déjà – dégradé. Le matin-même, un vol à main armée à Kourou avait donné lieu à une interpellation qui a « suscité la colère des jeunes de Soula » a indiqué le parquet.
Selon la gendarmerie de Guyane, ces jeunes émeutiers avaient préalablement fait part de leur intention de « piller » le supermarché du quartier. « Les gendarmes de la compagnie de Kourou, renforcés par des gendarmes mobiles, ont repoussé pendant plusieurs heures, les assauts de ces jeunes, lançant de nombreux projectiles (bouteilles en verre et pavés) sur les forces de l’ordre et tentant de les contourner pour parvenir à leur fin. » d’après la compagnie de gendarmerie de Kourou. Trois gendarmes ont été blessés et se sont vus prescrire un jour d’ITT.
Dans le même temps, un autre groupe venant du quartier informel de Sablance s’est emparé du rond-point de Soula sur la RN1 et a érigé une barricade. Les émeutiers ont finalement été repoussés vers le quartier Sablance d’où ils venaient, avant que les militaires, dont des gendarmes mobiles de Maisons-Alfort (en mission en Guyane pour sécuriser le lancement d’Ariane 5), ne « tiennent cet axe [la RN1] jusqu’à l’aube ».
La réponse de la justice
Dans une atmosphère générale tendue et au vu de l’hostilité globale dans le quartier, les sapeurs-pompiers ont été entravés dans leur intervention. En comparution immédiate, les deux jeunes majeurs répondaient ainsi d’une « entrave à l’arrivée de secours destinés à combattre un sinistre dangereux pour les personnes ».
La mairie de Macouria et la SIMKO (représenté par le chef de secteur du quartier), se sont constituées partie civile pour les dégradations recensées sur la voie publique. Par ailleurs, les deux jeunes émeutiers étaient poursuivis pour « menace de crime ou de délit » à l’encontre d’une personne dépositaire de l’autorité publique pour avoir menacé de mort des gendarmes.
Connus pour être régulièrement présents sur un point de deal, Jonas et Cliroy ont assuré à l’audience qu’ils étaient simplement dans le quartier au mauvais endroit, au mauvais moment. 7 gendarmes, auditionnés suite aux émeutes, les ont pourtant reconnus sur tapissage, indiquant qu’ils étaient les auteurs de plusieurs tirs de projectiles.
En optant pour un jugement en comparution immédiate, le choix du parquet était celui d’une réponse rapide et à court délai à l’encontre des émeutiers. Dans le cas présent, la substitut du procureur a toutefois assuré qu’il n’y avait pas « suffisamment d’éléments » pour aller à « l’encontre des deux prévenus ».
L’absence de preuves matérielles permettant de les identifier comme étant les incendiaires du bus et du véhicule calciné a été soulignée. « Ça ne retire rien à la gravité des faits commis », a rappelé la représentante du ministère public, avant de demander une peine de sursis probatoire assortie d’une obligation de travail et de formation.
L’avocate des deux prévenus a quant à elle déploré la « bêtise de ces jeunes gens » qui participent à des évènements « sans prendre conscience de l’ampleur que ça peut prendre ».
Jonas et Cliroy écopent d’un an de sursis probatoire. Ils devront réaliser 210 heures de travaux d’intérêt général et indemniser les gendarmes qui se sont constitués partie civile à hauteur de 300 euros. Le tribunal les a relaxés pour les faits de dégradation.