Cet ancien cadre d’EDF, instaurateur d’une communauté religieuse au quartier Balata à Matoury, a été condamné le 11 mai dernier à 10 ans de réclusion criminelle pour des viols sur quatre filles, dont une âgée de moins de 15 ans. Au cours du procès à la cour criminelle, les parties civiles ont décrit « l’emprise » d’un sexagénaire prêt à tout pour user de leur vulnérabilité.
À l’issue de deux jours de procès à huis clos partiel, la cour criminelle de la Guyane a condamné Marcel Porthos, un pasteur évangélique de 69 ans, à 10 ans de réclusion criminelle pour les viols de quatre filles, dont une mineure de moins de 15 ans. Des faits commis entre 2016 et 2018 alors que le sexagénaire dirigeait l’AMCP, une église évangéliste de la rue Lerol, au quartier Balata à Matoury.
Initiateur de ce qui est décrit comme une « communauté religieuse », Marcel Porthos est un ancien cadre d’EDF, né le 18 mai 1954 à Cayenne. Cet homme, déjà connu de la justice, a monté l’Assemblée du Ministère Croissance et Prospérité, une église évangélique, en 2014, à la fin de sa carrière.
Au total, trois jeunes femmes et le père de deux filles, mineures de moins de 15 ans au moment des faits, ont porté plainte contre celui qui se présentait comme un « docteur de la parole » au sein de son association.
Les plaignantes, au cours de l’instruction et pendant le procès, ont toutes décrit le mode opératoire pernicieux et obcène employé par le pasteur d’alors. Dépeint comme un guide spirituel faisant usage d’autorité, Marcel Porthos intervenait de façon intrusive dans leur vie et leur intimité pour parvenir à ses fins. Les actes décrits par les plaignantes, toutes membres de la communauté, sont quasi identiques : des actes de pénétration imposés, souvent à l’issue des messes et des célébrations, dans un cadre intimiste. À savoir, pour l’essentiel, des pénétrations digitales.
« état d’emprise »
Marcel Porthos assurait notamment à ses victimes qu’en s’enduisant « d’huile sainte » elles « enlèveraient le mal ». Un modus operandi notamment relaté par une des plus jeunes victimes, âgée de 9 ans au moment des faits. Cette dernière a assuré qu’elle éprouvait de la « crainte » à l’égard du sexagénaire. Pour cause, selon son témoignage, Marcel Porthos « punissait » celles qui « révélaient ses secrets ».
Un « état d’emprise » appuyé par d’autres auditions de plaignantes. Marcel Porthos y est décrit comme un homme qui « terrorisait ses victimes » avec une règle, surnommée « Fifine », retrouvée lors de la perquisition de son domicile. Une petite fille de 4 ans, sœur d’une des mineures victimes de viols, en a fait les frais. Elle aurait reçu pour conseil « d’être sage » pour « éviter toute punition supplémentaire ».
Des violences confirmées par des adultes témoins des faits, lesquels ont déclaré que la plus jeune fille était une des « cibles privilégiées » de Marcel Porthos.
Une autre jeune femme, partie civile au cours du procès, a circonscrit à l’occasion de ses auditions des « pénétrations digitales » et des « pénétrations péniennes » imposées par Marcel Porthos. Elle avait honte d’évoquer ces faits et a gardé le silence pendant plusieurs années, avant de témoigner devant un juge d’intrusion. Elle s’est volontairement retirée de l’église du sexagénaire, au sein de laquelle elle participait à des chorales.
À l’audience, Marcel Porthos a retoqué un « complot » monté de toute pièce, assurant avoir exclu la jeune femme de « sa chorale » en raison de « relations adultérines ». Des propos reniés par la partie civile, qui assure quant à elle avoir été contrainte de participer à ces chorales.
Un pasteur intrusif
Elle décrit Marcel Porthos comme « un pasteur très intrusif ». Pour la cour, l’absence de consentement au cours des rapports sexuels précités est indéniable et l’ « état d’emprise » imagé par les victimes caractérise une contrainte à laquelle elles n’ont pu s’opposer.
La dernière victime brosse la même influence néfaste d’un pasteur, en qui elle déclare avoir eu une confiance aveugle. Elle dénonçait un fait de pénétration digitale, faisant suite à des attouchements répétés.
Probablement pour éviter l’accusation, Marcel Porthos entretenait souvent des liens étroits avec les familles des plaignantes.
En dénonçant son comportement, les jeunes filles ont eu affaire à un homme qui tenait des propos dénigrants. Bien ancré dans la famille d’une des plaignantes, il a notamment dénoncé l’état de grossesse de sa victime, qui aurait eu « une relation avec un homme marié » selon le témoignage du sexagénaire. Une révélation dont la véracité a été contestée par la plaignante.
La cour, présidée par Viriginie Bellouard-Zand, a prononcé une peine de 10 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Marcel Porthos, actant par ailleurs son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles. Marcel Porthos a aussi interdiction d’exercer une activité professionnelle ou bénévole impliquant un contact habituel avec des mineurs à titre définitif.