Deux salariés de la GTAM, une entreprise en charge de l’acheminement des personnes à mobilité réduite dans l’aéroport Félix-Eboué, écopent de 30 mois d’emprisonnement fermes pour trafic de cocaïne.
Deux salariés de Guyane Transport Assistance Médicalisée (GTAM), une entreprise sous-traitante de l’aéroport Félix-Eboué, comparaissaient ce vendredi 19 mai pour « transport, détention et acquisition » de stupéfiants. Interpellés le 11 avril dernier, ces deux employés étaient poursuivis pour avoir utilisé leurs fonctions à l’aéroport afin d’outrepasser les contrôles et permettre à des « mules » d’embarquer avec de la cocaïne.
En charge de l’acheminement des personnes à mobilité réduite jusqu’à la salle d’embarquement, les deux jeunes hommes étaient en CDI dans l’entreprise. Le plus jeune, Nikolas G., neveu du gérant, employé dans la structure depuis 2018, avait permis l’embauche de Marvin D. en mars 2022.
Lancée lorsqu’un des passeurs de drogue en bout de chaîne a été interpellé à l’aéroport de Paris-Orly le 28 septembre 2022, l’enquête a mis dans un premier temps en exergue le rôle de Marvin D., désigné comme étant la personne qui donnait les instructions pour le transport. Si ce dernier a reconnu avoir déposé « trois ou quatre sacs » contenant de la cocaïne dans l’aéroport entre juillet et septembre 2022, les deux prévenus se sont renvoyés la balle pendant toute la procédure quant à leurs responsabilités respectives dans le trafic.
En garde à vue, Marvin D., après avoir nié en bloc les faits qui lui étaient reprochés, a fini par reconnaître son implication dans plusieurs transports de cocaïne « pour le compte de son ami [Nicolas G.]», qui aurait notamment fait confectionner « une gaine de cocaïne » remise à une « mule », a souligné la présidente de l’audience des comparutions immédiates au tribunal judiciaire du Larivot.
Cinq ans fermes requis
Les deux prévenus ont cependant plaidé coupables pour une partie des faits qui leur étaient reprochés. À savoir, pour Nikolas G., le placement d’un sac de cocaïne dans les toilettes de la salle d’embarquement (celui pris en charge par la « mule » interpellée à Orly). « Je n’ai pas réfléchi aux conséquences, je me suis laissé embarquer » a déclaré le jeune homme face aux juges, sans détailler davantage le modus operandi des opérations.
Affectés sur des shifts horaires différents, les deux jeunes hommes s’alertaient de la présence ou non des douanes à l’aéroport. « Ils [les salariés] sont contrôlés comme tout le monde » a souligné le parquet. Cependant, « il n’y a pas de vol le matin » a rappelé un des avocats, supposant l’existence d’interstices entre les périodes de contrôle.
Après avoir reconnu « les sérieuses garanties personnelles » des deux prévenus qui comparaissaient pour la première fois en correctionnelle, la procureure a souligné « la gravité des faits reprochés » et requis une peine ferme de cinq ans d’emprisonnement.
Qui porte le chapeau ?
« Comment peut-on en arriver là ? Cela a beaucoup de sens sur un territoire quand on voit les profils différents qui participent directement ou indirectement au trafic de cocaïne. Malheureusement, les motivations qui poussent ces jeunes Guyanais à basculer dans le trafic sont assez futiles et légères. Des travers amplifiés par les réseaux sociaux avec une glorification de l’argent facile. Sur une construction intellectuelle pas encore figée, ça peut avoir une incidence catastrophique. » a plaidé Me Boris Chong-Sit. L’avocat de Nikolas G. a appelé à tenir compte « de l’individu et de son histoire ».
Me Rudy Constant, qui défendait Marvin D., a quant à lui assuré que Nikolas G. avait « un ascendant » sur son client « dans la relation qui a pu les unir à un moment ». Désignant Marvin D. comme un « complice » du trafic, la robe noire a aussi blâmé le manque d’informations dans l’enquête.
Après un délibéré d’une trentaine de minutes, le tribunal a coupé la poire en deux en prononçant une peine de 30 mois d’emprisonnement fermes avec maintien en détention à l’encontre des deux jeunes hommes de 26 et 27 ans.
Selon le parquet, une instruction est en cours dans une affaire connexe suite à l’interpellation d’un autre employé de la GTAM.