MICRO-TROTTOIR – On vous a posé la question ce matin dans les rues de Cayenne pendant la mobilisation. Voici vos réponses.
Gérard Prévot, du CFE-CGC, salarié à EDF.
« Ils ne se sont pas trop avancés sur ce qu’ils allaient faire [le gouvernement], à part nous dire qu’ils voulaient nous basculer sur le régime général, ce qui a d’ailleurs commencé avec la dernière réforme. On avait encore certaines spécificités et là, ils veulent tout faire péter. Le problème, c’est qu’on a un contrat de travail quand on rentre dans l’entreprise qui nous annonce certaines choses. On a cotisé plus que les autres actifs pour ces retraites-là et maintenant on nous met sur le régime général en récupérant toutes les réserves faites par EDF. Pour vous donner une idée, je crois que 4 milliards d’euros sont provisionnés chaque année par EDF pour les retraites spécifiques. Le gouvernement veut récupérer cet argent pour financer tout ce qu’il a vendu à son électorat. La problématique est là, pas sur la pérennité de notre système de retraite, mais sur le fait que le gouvernement veut faire main basse sur ces réserves qui ont été engrangées par les régimes spéciaux, mais aussi les autres régimes. Toute cette réforme est basée sur un énorme mensonge. Rappelez-vous, à l’époque, Macron voulait qu’on passe sur le système des fonds de pension américains, c’est ça qu’ils veulent nous vendre. Dans 10 ans, je vous garantis qu’une autre réforme va nous orienter vers ce système-là. »
Florent Hennion, enseignant et cosecrétaire départemental de la FSU Guyane.
« C’est tout simplement une réforme brutale et totalement injuste. Quand on regarde vraiment ce que nous dit le COR (Conseil d’orientation des retraites), il y a certes un petit déséquilibre, sûrement surestimé par le COR sur les 10 prochaines années à venir. Ce déséquilibre peut être absorbé de plein de manières différentes. On n’est pas obligés de forcer les travailleurs à travailler plus longtemps aujourd’hui. Le président l’a dit lui-même dans son projet de loi de finances pour 2023. Il disait dans son rapport qu’il faut dégager des marges pour financer d’autres choses. Ce qu’on propose aux travailleurs, c’est de travailler plus longtemps pour enrichir le capital. C’est tout simplement inacceptable. »
Christophe Yanuwana Pierre, salarié dans le médico-social et militant.
« À 60 ans, on est déjà assez âgé. Dans le milieu du bien-être ou de l’aide à la personne, il faut quand même avoir des conditions physiques qui permettent d’accompagner les personnes. 60 ans, pour moi, c’est déjà tard. 64 ans ou plus… On pense aussi aux personnes qui seront bientôt à la retraite. »
Davy Rimane, député de la 2e circonscription : « ça va être la goutte d’eau qui va faire déborder le vase »
« Le gouvernement a tout fait pour que les débats soient écourtés et qu’il passe en force s’il le souhaite. Il faut qu’ils sachent que ça va être la goutte d’eau qui va faire déborder le vase. Qu’ils prennent garde, la mobilisation d’aujourd’hui est un signal très fort envoyé sur tout le territoire. Même en Guyane, la mobilisation est très suivie aujourd’hui. Si le gouvernement ne comprend pas, tant pis pour lui. Si le président Macron ne comprend pas, tant pis pour lui. On sera se faire entendre et comprendre. On ne veut pas de ça et il ne faut pas que ça passe, point final. Si le gouvernement veut faire un coup de force, il y aura une réponse en face. »
Christophe Madère, secrétaire de l’UNSA et enseignant.
« C’est une mobilisation très suivie chez les enseignants malgré quelques comportements assez bizarres de certains inspecteurs ce matin. Les enseignants avaient déjà manifesté leur envie de participer massivement. Pour la plupart, ils sont mobilisés. C’est aussi très important pour eux, car c’est un corps de métier dans lequel on est amené à passer des diplômes universitaires. Les enseignants rentrent dans le métier assez tardivement… Il n’est pas nécessaire d’ajouter un jour, un mois ou un an de plus. L’heure de la retraite ne doit pas être allongée. »
« Vu la retraite qu’on nous annonce là, pour les jeunes qui arrivent… Je me bats pour mes enfants et pour les autres. Ma fille est ici et mon fils travaille aujourd’hui. » – Alain, retraité.
« Je suis satisfait de cette manifestation, de la réforme, un peu moins. On se rend compte qu’on est en train de toucher à quelque chose pour lequel beaucoup d’anciens se sont battus. C’est inacceptable pour nous. Imaginez une aide-soignante ou bien une auxiliaire de puériculture qui tout au long de sa vie soulève des patients, nettoie, change les couches… Vous imaginez bien qu’à 64 ans, c’est beaucoup plus difficile de le faire et on va encore taper sur elle, car elle ne fera pas son travail convenablement. » – Thierry, travail à l’hôpital.
« Aujourd’hui, c’est un sentiment d’injustice parce que nous étions à une retraite de 62 ans et aujourd’hui, on passe à 64. Ils nous imposent les choses comme ça et on doit accepter. C’est vraiment injuste. Je ne pensais pas qu’il y aurait autant de monde aujourd’hui et ça fait plaisir de voir autant de syndicats ensemble. Ça fait très longtemps que ce n’est pas arrivé. On manifeste aussi pour les générations futures, surtout quand on a des enfants. » – Clara, enseignante du syndicat Unsa.
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