Le tribunal reconnaît Frédéric J-B. coupable des faits qui lui sont reprochés et le condamne à 18 mois d’emprisonnement ferme, plus 30 mois assortis du sursis simple. L’amende douanière est ramenée de 508 320 euros à 12 000 euros.
Le couperet est tombé pour Frédéric J-B., l’Agent de surveillance de la voie publique (ASVP) cayennais interpellé le 10 octobre à Felix-Eboué avec 12,620 kg de cocaïne dans ses bagages. Dans sa décision, le tribunal revoit légèrement à la baisse les réquisitions du ministère public, condamnant le trentenaire à un total de 4 années d’emprisonnement, dont 30 mois assortis d’un sursis simple, avec maintien en détention. Dans le détail, et en dehors des éventuelles remises de peines, Frédéric J-B. devrait donc passer 18 mois derrière les barreaux du Centre Pénitentiaire de Guyane.
Après plus d’une heure de débats portant sur la personnalité du prévenu et le moment de « bascule » au cours duquel ce père de famille, également caporal chez les pompiers volontaires au SDIS de Guyane, a décidé de transporter de la drogue, le parquet avait requis trois ans de prison ferme dont un an de sursis simple.
2 000 euros de dettes
En arrêt de travail, l’homme devait se rendre dans l’hexagone pour une opération de la main, suite à une chute à scooter. « Mon accident de scooter m’a fragilisé. Le médecin m’a dit que je risquais de ne pas retrouver l’usage [total] de ma main. » a-t-il décrit à la barre de l’audience des comparutions immédiates du jour, au tribunal judiciaire du Larivot.
Si Frédéric J-B. n’a pas été prolixe, on en sait un peu plus sur le déroulé des événements. Dans son rappel des faits, la présidente du tribunal a expliqué que le trentenaire a pris attache avec le commanditaire « environ trois semaines » avant le 10 octobre, date de l’interpellation à l’aéroport. En apprenant que l’ASVP était en partance pour la métropole, un homme lui aurait proposé de transporter de la drogue. « J’ai refusé une première fois. À la fin du mois de septembre, on s’est recroisé et on a rediscuté de cette proposition » dit Frédéric J-B.
Invoquant des dettes à hauteur de 2 000 euros, il assure avoir cédé au cours de la revoyure : « la deuxième fois qu’on s’est vu il a su me convaincre. »
« Vous aviez touché quelque chose, on ne vous a rien remis avant de partir ? » demande alors une des assesseures. « Non, rien » lui répond-il. Et d’ajouter : « je ne suis pas du tout dans ce monde-là ». Selon ses déclarations aux enquêteurs, l’ASVP pensait avoir moitié moins que 12,620 kg de cocaïne dans sa valise. Ses commanditaires lui auraient proposé 30 000 euros pour le trajet.
Une brèche ouverte pour le ministère public, qui a pointé du doigt le profil du prévenu, censé être un bon connaisseur des dérives causées par le trafic de cocaïne en Guyane. « Est-ce que l’argent vaut plus pour vous que la nature humaine ? » demandait ainsi Marie-Laure Sauvagnac à Frédéric J-B., salué pour son engagement en tant que caporal (depuis 2021) des sapeurs-pompiers volontaires. « Le choix que j’ai fait était bête de ma part. » a concédé l’homme, visiblement abattu à la barre.
Recordman du nombre d’hélitreuillages
Son avocat, Me Akim El Allaoui, a assuré que dans la balance de la vie, Frédéric J-B. a accompli un grand nombre de choses positives. Le père de famille fait partie de la poignée de secouristes qui peut embarquer à bord du Dragon 973, l’hélicoptère de la sécurité civile. Il détient d’ailleurs, comme rappelé par la robe noire, le record national du nombre d’hélitreuillages en une seule opération.
« On est satisfait de la peine dans la mesure où on n’a pas jugé au poids, on a tenu compte de la personnalité de mon client. Il a commencé très tôt le métier de sapeur-pompier et d’ASVP et ses états de service sont vraiment positifs. Si on se limitait au poids, la justice serait un distributeur automatique de peines. » souligne, à l’issue de l’audience, Me Akim El Allaoui, en charge de la défense du prévenu depuis son placement en garde à vue. Fait notable, le tribunal n’a pas prononcé d’interdiction de la fonction publique. De l’autre côté de la barre, au cas où le parquet ferait appel, le ministère public aura de nouveau la possibilité de demander la révocation d’un sursis probatoire de 2 ans qui plane au-dessus de l’agent suite à une condamnation dans une affaire de violences conjugales.
L’amende douanière de 508 320 euros demandée par les services des douanes en Guyane est ramenée à 12 000 euros par le tribunal, qui a aussi prononcé à l’encontre de Frédéric J-B., comme souvent dans les affaires de « transport », « détention » et « acquisition » de stupéfiants une interdiction de paraître à l’aéroport Félix-Eboué de 5 ans.
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