Dernière ligne droite avant le premier tour dimanche. Ce vendredi soir, Mo News , vous permet de redécouvrir, en version intégrale, les interviews des 4 têtes de liste pour la CTG, qui ont tous répondu aux questions de l’unique journal papier de Guyane.
Jean-Paul Fereira veut aller jusqu’au bout de sa démarche, la sienne et celle des ses soutiens à savoir les partis NFG, PSG, Guyane Ecologie, Walwari et le MDES. Le maire d’Awala-Yalimapo veut créer un « choc démocratique » et juge nécessaire « le changement de gouvernance » de la Guyane, après 10 ans de présidence Alexandre. Jean-Paul Fereira juge enfin nécessaire une fusion des listes d’opposition pour le second tour. Interview publiée dans le Mo News du 10 juin dernier :
La liste Guyane de Jean-Paul Fereira a pour slogan « Une Guyane sans limites ». Ici la banderole trônant sur le balcon du local de NFG à Cayenne. (crédit photo : Rudy Cochet / Suprart)
Qu’est-ce qui a fait que vous sentiez prêt pour briguer le poste de président de la CTG ?
C’est la situation du pays qui m’a poussé. On observe une dégradation importante de la situation sur beaucoup de plans, notamment la santé, l’éducation, la sécurité, le développement économique… tout cela mis bout à bout a entraîné une réflexion par rapport à ces élections, parce qu’on se rend bien compte que c’est au sein de la collectivité territoriale qu’il y a les principaux leviers du développement de ce territoire. Avec tous les contacts que j’ai pu avoir avec certains leader politiques en Guyane, les choses se sont enclenchées de cette manière-là. Ma candidature a été proposée à la tête d’une coalition de partis politiques que sont le PSG, NFG, Guyane Ecologie, le MDES et Walwari. C’est ce qui a donné lieu à ma déclaration de candidature il y a quelques semaines. Ma principale motivation c’est par rapport à la situation très dégradée de notre pays la Guyane.
Votre passé de maire, d’ancien vice-président aussi de la Région et de la CCOG sont des atouts ?
En tout cas, ça a été visiblement des atouts importants au niveau du choix de la candidature de tête de liste pour les partis politiques en présence et effectivement une expérience d’une vingtaine d’années aujourd’hui à la tête de la mairie d’Awala-Yalimapo, un passage d’un mandat en tant que vice-président de la région entre 2004 et 2010 (ndlr : aux côtés d’Antoine Karam) et également une présence au sein de la Communauté de communes de l’ouest guyanais avec des enjeux qui se travaillent, qui se projettent de plus en plus au niveau de l’intercommunalité puisque les communes sont amenées à transférer une partie de leurs compétences aux interco’. Donc effectivement, ces expériences cumulées ont très certainement pesé dans la balance pour le choix de ma candidature.
En ce qui concerne cette coalition… elle rassemble des partis politiques et des gens issus de la société civile… Comment vous avez réussi à rassembler tous ces éléments divers et variés ?
C’est un savant mélange et un équilibre à trouver entre ce qu’on pouvait trouver en termes de candidatures, les différents partis qui composent cette coalition. Mais également un apport non négligeable de ma part à travers la société civile. Je pense que c’est au travers de cette forme qu’a pris cette liste, qu’on est capable aujourd’hui, de présenter une liste suffisamment opérationnelle avec des personnes qui ont une expertise dans leurs domaines d’activités professionnelles et d’engagements associatifs. Cette jeunesse couplée à une liste avec de l’expérience, c’est ce qui nous fait présenter cette liste avec un certain nombre d’atouts importants pour essayer de convaincre la population.
Jean-Paul Fereira est à la tête d’une alliance regroupant NFG avec la sénatrice Marie-Laure Phinéra-Horth comme soutien, Walwari avec le soutien de Christiane Taubira, le PSG, le MDES et Guyane Ecologie, ainsi que des acteurs de la société civile. (crédit photo : Rudy Cochet / Suprart)
Est-ce que ce n’est pas aussi un handicap d’être tributaires d’autant de partis, si variés, de forces qui peuvent parfois être antagonistes entre elles ? Comment réussissez-vous à faire le lien entre tous ?
Le lien est propre à notre pays, la Guyane, et à l’intérêt qu’on a pour notre pays au travers de l’engagement que l’on prend tous ensemble. Les partis politiques, et même les personnalités, ont fait fi de leur égo et même des points de blocage de ce point de vue-là, pour pouvoir voir, in fine, l’intérêt pour le territoire, pour le peuple guyanais. C’est ce qui fait ce ciment entre ces différents groupes et permet d’aller au combat de manière unie et concertée avec des propositions pour le devenir de ce territoire.
Si vous l’emportez, comment allez-vous gérer ces différentes entités ?
On a beaucoup discuté de ces éléments-là. Les discussions ont donné lieu à un engagement de chaque entité. Et ce qui a valu dans la précampagne va tout autant valoir demain dans la mise en place d’un exécutif, avec des gestions clairement définies et des objectifs concrets. Les choses ont été clairement discuté et les choses mises sur table. On y va uni et ce sera pendant toute la durée du mandat.
Quels sont les thèmes forts que vous avez commencé à mettre en avant ?
On a commencé à travailler sur un programme qui sera public dans la semaine, parce que la campagne officielle est lancée. On espère convaincre la population sur un certain nombre de thématiques, dont celle de l’éducation et de la formation. C’est une compétence importante de la collectivité. Il y a la question des constructions scolaires, liées à ça parce qu’en 10 ans de présidence Alexandre, ce n’est que maintenant que ne sortent un certain nombre d’établissements. On ne peut pas passer 10 ans en Guyane avec la démographie que l’on connaît et l’importance et les besoins en formation, sans investir. Il faut donner un cadre suffisamment clair là-dessus. Il y a également la question de l’autonomie alimentaire qu’il faut absolument atteindre ici en Guyane. On a suffisamment de savoir-faire et de foncier qu’il faut libérer. On a suffisamment de zones économiques exclusives en mer pour pouvoir exploiter de manière raisonnée et descente les ressources halieutiques qu’on a à disposition, et que d’autres viennent piller de manière régulière. Tout cela mis bout à bout doit nous permettre de voir des solutions pour l’autonomie alimentaire que l’on souhaite voir mettre en place d’ici quelques années en Guyane, au travers du foncier, de la formation et des circuits courts, car si l’on a une leçon à retenir de la crise que l’on subit depuis plus d’un an, c’est la question de la capacité qu’à la Guyane à s’être organisée pour créer ces circuits courts auprès de la population. Les savoir faire et les hommes sont là. Il y a lieu de créer les conditions nécessaires, positives pour que les choses puissent s’engager de façon très concrètes sur ce sujet-là. Il y à la question aussi du désenclavement. Réfléchir à comment désenclaver le territoire sur du multimodal, en renforçant l’aérien, en prévoyant d’autres formes d’accès pour le développement de la Guyane, pour permettre ces échanges qui sont importants, tant du point de vue humain et social, et du développement économique.
Si jamais il y a un second tour, y aura-t-il fusion des deux ou trois listes d’opposition ?
C’est quelque chose de souhaitable dans un contexte comme celui-là, au vu du diagnostic du pays, qui est largement partagé au niveau des listes qui s’opposent à la liste sortante. C’est une possibilité largement envisageable et envisagée qui pourrait permettre le changement que l’on souhaite au niveau de la gouvernance en Guyane. Il nous faut créer ce choc que l’on souhaite pour cet exercice démocratique en Guyane.
Si vous êtes 3e , vous vous rallierez à une liste d’union emmenée par Gabriel Serville, malgré tout ce qui s’est passé ces dernières semaines ?
Quelque soit la configuration, quelque soit la place que l’on occupera, même si on fait tout pour être à la place la plus intéressante en termes de fusion, on est parti sur la gagne… Si ce n’est pas le cas, le taux de participation y participera fortement, la fusion devra certainement se faire, et quelque soit la position que l’on occupera parmi les listes opposantes.
Le plus grand adversaire finalement, c’est Rodolphe Alexandre ou Gabriel Serville ou Jessi Américain ?
Je crois qu’on est tous les trois d’accord. Le message est clair Il faut un changement à la tête de ce pays. Il faut de nouvelles directions à donner et rassurer les Guyanais sur les possibilités alternatives qu’il peut y avoir. Et sur laquelle il faudra qu’elle arrive à se positionner clairement et aller au bout de sa logique. On ne peut être à reprocher un certain nombre de choses à la majorité sortante, et le jour J, ne pas faire le pas nécessaire d’un point de vue démocratique, et ne pas porter son suffrage pour des équipes nouvelles. Nous proposerons une gouvernance tout autre avec des priorités très claires.
Jean-Paul Fereira préconise un « changement de gouvernance » (crédit photo : Rudy Cochet / Suprart)