À la barre du tribunal correctionnel ce mardi 27 septembre, Jean-Victor C. et Anelka M. ont été interpellés après un braquage avec séquestration d’une violence inouïe, commis dans le quartier de la Chaumière à Matoury le 1er septembre. Le tribunal a ordonné la jonction des procédures et le renvoi des deux prévenus devant un juge d’instruction.
« Imaginez-vous être chez vous, dormir aux côtés de vos enfants. Vous êtes réveillés, la lumière s’allume, et vous voyez deux hommes arriver. L’un d’entre eux est armé. Ils vous ligotent, prennent les couettes et les mettent sur votre visage. Vous avez l’impression que vous allez être étouffés. Comme ils ne trouvent pas grand-chose […], ils se mettent à frapper. » Ce mardi 27 septembre, Maître Maurice Chow-Chine, avocat de la partie civile, a résumé point par point l’escalade dans la violence vécue cette nuit-là par une famille résidant le quartier de la Chaumière, à Matoury.
Le violent modus operandi des malfrats
Un braquage violent, avec séquestration, dans la maison d’une famille encore sous le choc. Durant la nuit du 1er septembre, sur les coups de 2 h du matin, le couple et ses trois enfants ont vécu un cauchemar éveillé. Après être entrés par effraction au sein de leur domicile, les deux auteurs présumés ont ligoté les parents en les recouvrant d’une couette.
« M. ***** [le père de famille] a reçu un coup de crosse sur la tête, un coup de poing sur le visage, mais aussi des coups au niveau des côtes et dans le dos. Madame a reçu un coup de poing au visage et a le sentiment que son arête nasale est cassée. » a listé la robe noire en charge de la défense de la famille.
Sans dénicher le moindre objet digne d’intérêt dans un premier temps, les braqueurs sont tombés sur un coffret. Ils ont désentravé la femme, lui demandant d’ouvrir ce dernier. Dans la précipitation, la victime a reçu un coup de poing alors qu’elle s’exécutait. L’un des premiers enfants du couple s’est ensuite réveillé et a aperçu les deux braqueurs, qui se passaient tour à tour leur arme, un canon scié. « M**** [l’un des braqueurs présumés] lui a dit d’aller se coucher et l’a poussé alors qu’il avait le sang du papa sur les mains, qu’on a ensuite retrouvé sur l’épaule du jeune enfant. » a expliqué Me Maurice Chow-Chine. Une scène d’horreur.
« Une correctionnalisation par opportunité »
Un autre enfant, âgé de 12 ans, est parvenu à s’enfuir par la fenêtre afin d’alerter le reste de la famille, qui loge dans d’autres maisons environnantes. Le dernier enfant, âgé de 15 ans, a été séquestré dans sa chambre.
Après avoir causé l’épouvante dans la maison familiale, les deux auteurs présumés, qui ont dérobé des bijoux de famille, se sont cachés dans la forêt qui entoure la propriété visée. D’après la gendarmerie, l’un d’entre eux a été retrouvé le matin même, torse nu et équipé d’un sabre à Family Plaza. Le second aurait été dénoncé par le premier, puis interpellé.
« Tout juriste sait pertinemment que nous avons affaire à une correctionnalisation par opportunité, a regretté ce mardi l’avocat des parties civiles. Il n’est pas de mon ressort de critiquer l’institution judiciaire, mais il faut aussi se mettre à la place des victimes lorsqu’on leur annonce que ces faits sont correctionnalisés. C’est une forme de banalisation de la souffrance qu’on subit. Le ministère public ne peut en aucune manière dans ce dossier envisager une correctionnalisation. »
Tous deux en état de récidive légale, Jean Victor C. et Anelka M. étaient notamment présentés au tribunal, ce mardi, pour « séquestration ou détention arbitraire suivie d’une libération volontaire de la victime avant le 7e jour. »
Les deux auteurs présumés maintenus en détention provisoire
Le père de famille s’est vu prescrire une Incapacité Totale de Travail (ITT) de 15 jours. La mère fait aussi état de séquelles importantes, 10 jours d’ITT lui ont été donnés.
« Les victimes demandent une ouverture d’information judiciaire, elle est légitime. Il n’y a pas lieu de m’opposer à cette demande. » a estimé la substitute du procureur à l’issue de la plaidoirie de la partie civile, ce mardi 27 septembre au tribunal judiciaire du Larivot.
Le tribunal a finalement ordonné la jonction de la procédure et le maintien en détention provisoire des deux braqueurs présumés en attente de leur présentation devant un juge d’instruction. Une affaire qui pourrait donc être renvoyée devant la Cour d’Assises, selon les suites données par le magistrat.