Dans une lettre ouverte, l’intersyndicale du lycée Bertène Juminer exprime sa colère concernant les problématiques auxquelles fait face l’établissement.
Agression à l’arme blanche, harcèlement sexuel, violences sexistes… Le lycée Bertène Juminer en voit de toutes les couleurs. Exaspéré, l’intersyndicale a écrit une lettre ouverte au recteur, Philippe Dulbecco. Ce n’est pas la première fois que l’établissement contacte le Rectorat de Guyane : « Lorsque nous avions fait une grosse grève, une entrevue s’était organisée avec différents représentants, le recteur et le proviseur… »
Cette année scolaire 2022-2023 commence encore une fois de manière chaotique, explique le syndicat : « actuellement, l’organisation des emplois du temps, c’est au jour le jour. Ils changent d’une semaine à une autre. »
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Un manque de moyens alarmant
Le lycée accueille 1 500 élèves, avec internat. L’intersyndicale souligne le manque de personnel face à autant d’usagers : « Il n’y a qu’une seule infirmière et un seul assistant social… Cela nous parait largement insuffisant ». À plusieurs reprises, la mauvaise organisation de la direction a été soulignée. Cette année, certains élèves ont été inscrits dans la mauvaise filière au baccalauréat. Des adjoints ne sont pas toujours formés à l’informatique et à l’utilisation du logiciel Pronote. Un des membres de l’intersyndicale précise toutefois qu’aucune tension n’existe entre les corps enseignants et la direction.
Les représentants intersyndicaux précisent que Bertène Juminer n’est pas le seul établissement dans cette situation : « Nous communiquons entre écoles et c’est une problématique répandue. Comme c’est encore particulier dans l’ouest, il y a une cohésion entre nous, on est soudé. »
S’ajoutant aux problèmes déjà présents, la pénurie de professeurs, déjà existante, n’aide pas. Dans ce lycée, on compte 20 postes de professeurs vacants, soit 10 % des enseignants. « Les nouveaux arrivants ne savent plus où ils mettent les pieds. Au vu de la situation, certains sont choqués, désespérés et ont l’impression d’être dans le sable mouvant et de ne jamais pouvoir en sortir », confie une professeure.
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Des violences verbales, physiques et sexuelles
Des élèves se confient aux professeurs auxquels ils ont confiance, par rapport au harcèlement ou aux humiliations qu’ils subissent. Plusieurs seraient victimes de remarques sexistes sur leurs tenues de la part des adultes. De fait, quatre employés de restauration ont été mis à pied. « Nous alertons la direction depuis plusieurs années. » expliquent les représentants syndicaux.
L’intersyndical du lycée Bertène Juminer reste conscient que tout n’est pas la faute du Rectorat de la Guyane. La Collectivité Territoriale de Guyane est également mise en cause. « Pour l’entretien informatique, ce n’est pas une personne qualifiée. Notre matériel vieilli et n’est pas mis à jour. Ce n’est pas normal, avec tous les moyens que l’on a aujourd’hui, de devoir se transmettre des documents via des clés USB… », se désole un autre membre de l’intersyndicale.
« Notre lycée souffre de plus en plus de sa mauvaise réputation »
À travers leur requête, les représentants du personnel espèrent une visite du recteur de la Guyane, Philippe Dulbecco, et une remise aux normes de l’établissement. À l’heure à laquelle le lycée Bertène Juminer accueille 1 500 élèves pour une capacité de 900, l’attente est à son comble. De son côté, la direction du cabinet du Recteur accuse bonne réception et compte répondre dans les plus brefs délais.