EXCLU MO NEWS – Les conditions d’attribution du marché à Air Guyane par la CTG à la fin de l’année 2020 sont examinées par le parquet national financier. Ses magistrats qui repartent à Paris ont auditionné plusieurs personnalités.
Les magistrats du parquet national financier achèvent leur mission d’une semaine en Guyane. Ils s’apprêtent à quitter notre département après une série d’auditions menées dans des locaux de la gendarmerie. Un travail de longue haleine mené notamment avec la collaboration de la section de recherches.
Des perquisitions ont été diligentées la semaine dernière, au siège de l’hôtel de la Collectivité Territoriale, route de Montabo à Cayenne.
Des personnalités entendues
Le parquet national financier a ouvert une enquête portant sur les conditions d’attribution, à la fin de l’année 2020, de la délégation de service public à Air Guyane pour les lots « Ouest et Est », autrement dit les liaisons aériennes vers le Haut-Maroni et Camopi (où les premiers vols ont été inaugurés en avril 2021), à une époque où Rodolphe Alexandre était président de la CTG.
Selon nos informations, l’ex-président de la CTG a d’ailleurs été auditionné ce mardi 7 juin dans l’après-midi, quelques heures à peine après Christian Marchand, qui était directeur général de la compagnie Air Guyane fin 2020. Christian Marchand est désormais directeur délégué du groupe CAIRE (Compagnie Aérienne Inter Régionale Expresse). Il nous précisait la semaine dernière qu’il s’attendait à être auditionné, sans toutefois annoncer une date précise.
Christian Marchand et Rodolphe Alexandre restent injoignables à l’heure à laquelle nous écrivons ces lignes.
Un peu plus tôt dans la semaine, des dirigeants d’agences de voyage de la place ont été pareillement entendus par les magistrats.
De potentielles suites judiciaires
À ce stade de l’enquête, peu d’informations filtrent dans ce dossier pour ne pas risquer de violer le secret de l’instruction. « Il faut préciser aussi que les auditions qui ont été conduites n’ont pas été placées sous le régime de la garde à vue. Les différentes personnes interrogées sont donc arrivées et reparties libres », nous précise une source proche de l’enquête.
La délégation du parquet national financier repart dans l’hexagone dans les prochaines heures et va poursuivre l’enquête.
Si des protagonistes sont suspectés de la moindre anomalie, ils seront convoqués à Paris où ils pourraient être jugés dans le cadre des suites judiciaires données à cette affaire.
Turbulences judiciaires depuis l’attribution de la DSP
(Crédits photo : CTG / Vendredi 19 mai 2017, le président de la CTG de l’époque recevait à cette date Christian Marchand (premier à gauche sur la photo), directeur général d’Air Guyane, afin de faire le point sur la situation de la compagnie, fragilisée par un mouvement social qui a duré 6 semaines.)
À la fin de l’année 2020, à l’issue d’une commission d’appel d’offres, Air Guyane avait remporté 90 % des parts de marché concernant les vols interrégionaux en Guyane. Dans les règles relatives aux marchés publics, une commission d’appel d’offres est chargée de choisir l’offre la plus avantageuse économiquement. Dans ce cadre, sur trois candidats, la compagnie avait été désignée pour assurer la délégation de service public, après 5 années d’instruction.
Un marché qui octroie à Air Guyane 9 millions d’euros d’aides par an, sur cinq années. Pour rappel, dans le cadre d’une DSP, la compagnie est rémunérée au service effectué.
Les deux candidatures concurrentes au cours de la commission d’appel d’offres étaient portées par Atlas Voyage (agence de voyage présidée par Pierre Delattre) et Air CM Global ltd, une entreprise maltaise. En février 2021, un recours a été déposé par la présidente des sociétés Amazone Air service et Fly Guyane (filiales d’Air CM Global ltd). La requête de Katia Pénault, gérante des deux sociétés, soulignait des irrégularités dans la rédaction de l’appel d’offres. Mi-mars 2021, le tribunal administratif a rejeté ce recours, validant ainsi la délégation de service public accordée à Air Guyane. Une affaire qui n’a pas fini de faire couler de l’encre.