Dans la lettre Pro de l’ARS, une étude démontre que les virus se transmettront d’espèces en espèces dans un avenir proche, notamment à cause du réchauffement climatique.
« Nous apportons la preuve que dans les décennies à venir, le monde sera non seulement plus chaud, mais aussi plus malade » s’inquiète Gregory Albery, biologiste à l’Université de Georgetown à Washington, co-auteur de l’étude Nature. Cette principale conclusion est expliquée par la migration de nombreux animaux de leurs écosystèmes vers d’autres habitats plus adéquats. Le dérèglement climatique en est la principale cause. Ces espèces, qui fuiront le danger, seront amenées à se mélanger. Cette fusion entraînera plus de transmission de virus, ce qui favorisera de nouvelles maladies. À l’échelle mondiale, la Guyane est, pour le moment, protégée grâce à sa faible densité.
L’humain s’auto-détruit
D’autres études rejoignent la conclusion de Nature. Par exemple, en Guyane, Rodolphe Golzan, parasitologue en tête d’une équipe pluridisciplinaire à l’IRD (Institut de recherche pour le développement) a expliqué cet avancement en octobre 2020 lors d’une conférence à l’université. Il y évoque la déforestation, les conditions climatiques et l’urbanisation. Ces facteurs laissent un boulevard pour la transmission de virus entre espèces.
Un film : la Fabrique des pandémies, réalisé par Marie-Monique Robin avec la collaboration de Serge Morand (CNRS) et Juliette Binoche, qui veut tirer des leçons durables de la pandémie de Covid-19. Virus qui a mis en lumière une inclinaison connue depuis les années 2000 : « Aujourd’hui 70 % des nouvelles maladies émergentes infectieuses sont des zoonoses – des maladies qui passent de l’animal à l’homme ».
Sous l’effet de la hausse des températures, la baisse des forêts tropicales, l’agrandissement des villes et zones cultivées, de plus en plus d’espèces sauvages sont chassées de leur habitat naturel. Et le trafic de certaines de ces espèces, ne font qu’accroître cette tendance.
Un réseau de virus
« L’étude de Nature dessine un futur « réseau » de virus sautant d’espèce en espèce, grossissant à mesure que la planète se réchauffe » note la lettre Pro de l’ARS. Environ 15 000 transmissions virales entre espèces sont prédites dans cette étude. Les chauves-souris jouent un rôle important, car les virus transmis par ces dernières comptent parmi les plus émergents. En fait, les chauves-souris hébergent les virus, sans développer elles-mêmes de maladie. Mais elles peuvent infecter les humains par l’intermédiaire d’un animal hôte, appelé aussi des zoonoses (cochon, singes, pangolins ou autres animaux) à l’origine de plusieurs épidémies comme le Sras, le Covid-19 ou Ebola.