Différents professionnels de santé et acteurs sociaux se sont réunis pour discuter des conséquences du Covid et de leur expérience vendredi 25 mars. Loïc Epelboin, médecin dans l’Unité des Maladies Infectieuses et Tropicales (UMIT) au CH de Cayenne est revenu sur cette conférence.
Que faut-il retenir de ce colloque ?
Il y a beaucoup de choses à retenir de ce colloque. Ce qu’on peut retenir c‘est qu’il y a vraiment une participation d’acteurs de plusieurs territoires : de la Guyane, de la métropole, de la Guadeloupe, de la Martinique. Des gens issus de différentes audiences : les sciences sociales, la médecine, l’épidémiologie, etc. On a mis en évidence des choses, on a remis en question des difficultés de communication. Mais ça permet de faire le point et d’aller de l’avant.
C’est important de se réunir comme aujourd’hui pour rétablir une communication ?
Oui, ça permet de comprendre les personnes, ce qu’elles ont vécu. Par exemple, on a entendu ce qui s’est passé en Martinique, on le savait un peu de loin. Mais on a entendu le chef de service de la Martinique raconter son expérience. Le directeur médical de la crise Covid de la Guadeloupe aussi. Donc ça montre qu’on a vécu certaines choses identiques et d’autres très différentes. Et je ne remercierai jamais assez les Guyanais, malgré tout, que ça se soit passé comme ça. Car lorsqu’on on voit ce qu’il s’est passé aux Antilles, on se dit qu’on a de la chance d’être ici.
Des leçons à retenir de la crise Covid pour le territoire guyanais ?
J’ai envie de rester sur une note positive. La leçon c‘est « quand on veut on peut ». Malgré des différences, des critiques, on a eu une ARS (Agence Régionale de Santé) qui a été extrêmement aidante vis-à-vis des soignants même si on peut reprocher certaines communications, avec parfois, certaines mesures autoritaires, etc. Pour avoir discuté avec des infectiologues de toute la France, les relations ailleurs avec les autres ARS ont été compliquées. Ici, on a eu une ARS qui nous a permis d’avancer, des directions d’hôpital qui ont été dans la même direction que nous, alors que ce n’est pas toujours simple entre les directions et les soignants. On est allé dans la même direction : le bien-être des populations. Et ça me donne presque les larmes aux yeux d’en parler.
Vous espérez que cette relation perdure ?
Maintenant on craint tous l’après Covid et le retour de cette absence de bienveillance qui existait de façon un peu torpide depuis toujours. Alors que là, il y a des postes qui ont été créés, de l’argent qui a été sorti quand il le fallait, on a eu des médiateurs, des infirmières, des médecins, des renforts et des moyens pour soigner les gens. Et on aimerait bien que ça dure. Donc voilà quand on veut on peut.
Ça permet d’avoir des pistes si une nouvelle crise sanitaire se présente à l’avenir ?
Oui c‘est sûr ! On a plein de pistes aujourd’hui. On n’espère pas que ça va revenir bien sûr. Il s’est passé des choses, en tant qu’épidémiologiste ou infectiologue, qu’on ne vivra pas deux fois dans notre vie professionnelle. Et on ne souhaite pas le revivre, mais c’est vrai qu’on a développé beaucoup de choses.
Et on apprend de nos erreurs. Il y a certaines choses qu’on a mises en place, que ça soit les autorités médicales, administratives ou nous, les soignants… Je me souviens, il y a deux ans, quand on a essayé de contenir l’épidémie à Saint-Georges, qu’on envoyait les gens à l’hôtel du fleuve pour éviter qu’ils contaminent leur famille… aujourd’hui ça nous paraît dérisoire d’avoir pris des mesures comme ça. Donc oui, au fur et à mesure on a tiré des enseignements de tout ce qu’il s’est passé et on en tire encore aujourd’hui.