Notre CDJ est 68 et est le pourcentage représentant l’augmentation du nombre d’affaires de prostitution sur mineurs entre 2016 et 2020, ce chiffre est tiré du dernier rapport du Centre de Victimologie pour Mineurs (CVM), malheureusement la moitié des affaires rapportées aux autorités judiciaires sont classées sans suite.
Depuis quelques semaines, vous avez certainement dû voir passer à la télévision ou sur les réseaux sociaux cette campagne de publicité mettant en scène une adolescente qui se prostitue mais qui assure « gérer » la situation, mais qui au final se retrouve au coeur d’une dégringolade infernale. J’ai eu envie de comprendre et connaitre les chiffres à ce fléau.
Pendant 1 an les mineurs victimes de prostitution ainsi que leurs parents ont été entendu par le CVM et de ces entretiens sont ressortis plusieurs éléments permettant de comprendre la prostitution des mineurs.
- 68% représente l’augmentation entre 2016 et 2020 du nombre d’affaires de prostitution sur mineurs parvenant aux services de police, de gendarmerie aux parquets.
- 85% des adolescentes victimes de prostitution sont des adolescentes de nationalité française.
- 88% des victimes de prostitution sur mineurs sont des filles âgées de 14 à 17 ans.
On note également dans le rapport le jeune âge des auteurs de proxénétisme sur mineurs dont l’âge varie entre 18 et 24 ans, entretenant des rapports tout d’abord affectueux avec les victimes pout ensuite basculer dans des rapports violents desquels elles ont du mal à se sortir. Le rapport à l’argent, l’exposition de leurs vies sur les réseaux sociaux ou encore l’abus de confiance sont les facteurs déclencheurs les plus souvent cités dans les enquêtes, facteurs accentués notamment par une précarité financière causée par un parcours de fugues pour certaines des victimes et un besoin de reconnaissance qui passe par la possession et l’exposition de biens matériels pour d’autres.
Physiquement les victimes les plus jeunes sont atteintes de lésions, parfois irréversibles ou pour d’autres de grossesses non désirées, de maladies sexuellement transmissibles ou de violence faites par « leurs clients ». Ces atteintes physiques ont de nombreuses répercussions psychologiques, menant souvent à des sentiments de dégoût, de culpabilité, des idées suicidaires, une perte de confiance en soi et un sentiment permanent d’insécurité.
Le cellule familiale se retrouve de fait à subir les dommages collatéraux de la prostitution des mineurs avec de très nombreux conflits entre les victimes et leurs parents impactant la vie de couple parentale. De leur côté les parents, qui très souvent découvrent lors des enquêtes l’implication de leur enfants dans ces affaires de prostitution, ressentent de la culpabilité, de la sidération et de la colère mélangés face à cette découverte.
Pour le CVM, il est important de mieux quantifier, de donner des chiffres plus précis en ciblant lors de prochaines enquêtes les établissements scolaires et mieux extra-scolaires. Le rapport du CVM préconise également la création de lieux d’accueil pour mettre à l’abri en urgence les victimes . Il existe également un numéro d’aide dédié aux victimes et à leur famille le 119.
K.H