Il vient de fonder Guyane Positive, et a été reçu par le sénateur Georges Patient et multiplie les interventions sur les réseaux sociaux. Jean-Philippe Dolor se positionne sur la seconde circonscription en vue des législatives, mais il tient à le rappeler il « n’est pas encore candidat ». Chaque chose en son temps. Aujourd’hui, le trentenaire, directeur de cabinet à Cayenne, pose les jalons d’une candidature, et veut replacer le débat sur les idées. Entretien.
Guyane Positive c’est quoi ?
Guyane positive est à la fois un mouvement d’action et de réflexion. Avant d’agir, il est important de s’asseoir, d’organiser les idées, pour ensuite construire. Il nous faut, sur le territoire, réfléchir. Ça nous engage durablement. Il nous faut réfléchir aux politiques publiques. Guyane Positive doit permettre d’ouvrir le débat, de discuter, sans tabou sur les sujets de société qui engage la Guyane. Un parti politique est une association juridiquement parlant. C’est un cercle de réflexion et d’action. Il y a un besoin d’idée, un désir de changement et donc de nouveautés. Il faut mettre les idées au centre des débats. Nous avons besoin d’être ouverts à la société guyanaise. Je crois aux partis politiques, mais nous n’avons pas forcément besoin de s’enfermer dedans. Néanmoins, on peut avoir des cercles de réflexion qui soient ouverts à la société guyanaise. Les Guyanais s’identifient aux idées et mouvements et non plus aux seuls partis politiques.
La défaite de Rodolphe Alexandre, que vous avez fortement soutenu, a changé quoi ?
Ce désir de changement ne vient pas des élections à la CTG. En 2015, j’avais cofondé le cercle de réflexion Guyane Think, qui avait organisé plusieurs conférences sur le dialogue entre les communautés. Le président c’était Lénaïck Adam. Ce cercle de réflexion s’est éteint depuis. Aujourd’hui, je reprends le terrain des idées, des débats et des échanges au sein de la société guyanaise. Il faut bien distinguer une campagne politique et le débat des idées. Moi je suis sur le terrain des idées. Aujourd’hui, certains experts ne doivent pas confisquer la réflexion sur l’évolution statutaire. Pour l’instant, on reste confiné entre juristes, spécialistes, pénalistes. Demain, si il n’y a pas une adhésion autour de ce thème, il ne faudra pas se plaindre. Guyane Positive va le faire. Nous allons intéresser la population à ce sujet. Idem pour la Centrale du Larivot, pour la PPE. Ça reste des affaires de spécialistes, de journalistes mais ça n’a pas l’impact et la portée nécessaire. Idem, il y a un désamour entre le spatial et les Guyanais. Il faut s’emparer de l’atout du spatial pour s’identifier à travers le monde. Notre force majeure c’est le spatial. La biodiversité c’est important mais ça existe ailleurs. Le spatial doit être une locomotive.
Vous semblez quasiment en campagne ?
Vous savez, La Méthode Dolor c’est très simple. Ce n’est pas de la gesticulation. C’est être pragmatique. C’est d’avoir des idées et de les décliner sur le terrain. C’est être concret, précis et proche de la population. Nous n’avons pas le monopole de la vérité. Il y a un principe que j’affectionne, c’est celui du contradictoire. La méthode Dolor ce n’est pas de s’en prendre aux autres. C’est de la politique.
Les relations se sont améliorées avec la sénatrice qui soutient Lénaïck Adam ?
Vous savez je suis quelqu’un qui a un profond respect de mes anciens employeurs et des personnalités politiques en général. Je redis merci à Mme Phinéra-Horth qui m’a donné ma chance, m’a recruté auprès d’elle à la ville de capitale, et fait confiance pour l’accompagner. J’ai activement participé à la campagne des sénatoriales. Je remercie donc Mme Phinéra-Horth pour l’ensemble de son œuvre. Aujourd’hui, je travaille pour celle qui lui a succédé lorsqu’elle est partie au sénat. C’est la continuité des choses. Je respecte les choses. En 2018, son parti m’avait soutenu. Cette fois-ci, il s’est porté sur Lénaïck Adam. Pour l’heure, je ne suis pas candidat.
Certains évoquent des duels à distance ?
Pas du tout car je ne suis pas candidat. Je serai peut-être candidat en mars mais pour l’heure, je ne suis pas candidat donc la question ne se pose pas. Bien souvent, on parle de déontologie. Un directeur de cabinet c’est un citoyen, avec des droits et des devoirs. Je suis un cadre de la fonction publique. Les choses sont faites ainsi. A aucun moment parler de sujets de Saint-Laurent n’impacte la politique de sécurité publique de Mont-Lucas. Je suis un homme loyal, c’est ce qui me permet de travailler avec plusieurs élus sur différents secteurs et différentes couleurs politiques. D’ailleurs j’en profite pour tordre le cou à ceux qui disent que Dolor est un traître. Vous ne trouverez personne en Guyane, et je le dis avec modestie, qui a travaillé avec aucun d’hommes et de femmes politiques. C’est aussi ça qui fait que je suis en poste. Je suis loyal. Le poste de directeur de cabinet, c’est celui qui incarne la confiance et la loyauté. Je ne suis pas fidèle à une femme politique, mais je suis loyal. Oui, j’ai travaillé avec Paul Dolianki, avec Marie-Laure Phinéra-Horth et maintenant avec Sandra Trochimara. J’exerce pleinement mes fonctions à Cayenne et demain si je suis candidat, je respecterai le cadre juridique et me mettrai en congés de la fonction publique. La loi c’est ma boussole. C’est aussi ça ma méthode.
Vous reparlez de La méthode Dolor, slogan de campagne de 2018. Qu’est-ce qui a changé entre 2018 et 2022 ?
L’homme se bonifie avec le temps. J’apprends. Il y a le temps du dynamisme et celui de la sagesse. ON apprend de nos erreurs. Aujourd’hui le Dolor de 2022 n’est plus le même de 2018. Vous ne m’entendez pas critiquer l’action de tel ou untel. Je suis dans le dialogue, l’apaisement. Le Dolor de 2022, il a une posture et une vision différentes. C’est le fruit de mon évolution pendant 4 ans à Cayenne. Je garde un lien très fort avec l’Ouest. Déjà, je suis très souvent sur mes terres natales et j’aime m’y ressourcer et être au contact de ses habitants. J’ai retenu quelques thèmes, comme la santé, qui était déjà une priorité en 2018 longtemps avant la crise sanitaire. Je l’avais anticipé. Je vous invite à relire ma profession de foi de l’époque. Les difficultés d’accès aux soins sont une urgence vitale en Guyane. Aujourd’hui si vous avez un problème de santé à Maripasoula, c’est très compliqué. Vous n’avez pas d’offre de soins immédiates. Ça m’a beaucoup fait réfléchir. L’enjeu de la sécurité, l’éducation et la formation est très important. Les trois ensembles, c’est un triptyque fondamental. Enfin, l’économie et le développement des filières doivent permettre de supporter un modèle viable et soutenable.