Ce sont des propos qui ont fait l’effet d’une bombe et qui n’en finit pas de provoquer des réactions à la chaîne. Dans une interview au journal Le Parisien / Aujourd’hui en France, où Emmanuel Macron répondait à 7 lecteurs, le président de la République s’est exprimé sans détour pendant plus de deux heures et demi. L’interview qui vient d’être mise en ligne par le journal, a provoqué un séisme politique. Emmanuel Macron affirme « Moi, je ne suis pas pour emmerder les Français. Je peste toute la journée contre l’administration quand elle les bloque. Eh bien là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder ». Et Emmanuel Macron d’enfoncer le clou : « Donc on va continuer de le faire, jusqu’au bout, c’est ça la stratégie ». Dans ce but, le président assure ne pas vouloir mettre les concernés « en prison », mais souhaite les priver de certaines activités sur le long terme. « Je ne vais pas les mettre en prison, je ne vais pas les vacciner de force. Et donc, il faut leur dire: à partir du 15 janvier, vous ne pourrez plus aller au restau, vous ne pourrez plus prendre un canon, vous ne pourrez plus aller boire un café, vous ne pourrez plus aller au théâtre, vous ne pourrez plus aller au ciné ».
Les antivax dans le viseur
Emmanuel Macron critique également les antivax. Pour le chef de l’Etat, les antivax ont un rôle dans les tensions actuelles : « Le fait même que l’on pose la question du refus de soin pour des gens non vaccinés est un drôle de virus. Et ça, c’est l’immense faute morale des antivax : ils viennent saper ce qu’est la solidité d’une nation. Quand ma liberté vient menacer celle des autres, je deviens un irresponsable. Un irresponsable n’est plus un citoyen » complète Emmanuel Macron. Mais malgré ces propos, le président refuse de différencier l’accès aux soins suivant le statut vaccinal : « Vous ne pouvez pas placer des soignants face à cela. Parce qu’un soignant, il regarde quelqu’un qui est malade et il ne regarde pas d’où il vient, ce qu’il est ».
L’interview est disponible en version payante sur le site du Parisien : https://www.leparisien.fr/politique/europe-vaccination-presidentielle-emmanuel-macron-se-livre-a-nos-lecteurs-04-01-2022-2KVQ3ESNSREABMTDWR25OMGWEA.php
« Une faute inexcusable », « faute morale », « cruauté avouée »…
Ces propos créent un véritable séisme politique. Les séances ont été suspendues à l’Assemblée nationale, et sont toujours ce mardi soir suspendues. Christiane Taubira, qui est actuellement en cours de réflexion, et campagne, en vue de la primaire ouverte de la gauche, a réagit sur les réseaux sociaux. Elle parle d’une « faute inexcusable ». Pour la Guyanaise « le président sortant fait le choix du mépris; le choix de la fracture permanente du pays pour masquer ses échecs répétés dans la gestion de la crise sanitaire ». Pour Marine Le Pen (Rassemblement national), il s’agit d’une « faute morale lourde ». Pour Eric Zemmour : « Ce n’est pas seulement la déclaration cynique d’un politicien qui veut exister dans la campagne présidentielle. C’est la cruauté avouée, assumée, qui parade devant des Français méprisés ». Jean-Luc Mélenchon a réagit aussi sur Twitter et s’interroge : « Le président maîtrise t’il ce qu’il dit ? » et de conclure par un « consternant ».
Ici en Guyane, le président de Guyane Positive, Jean-Philippe Dolor, pressenti pour les législatives sur la seconde circonscription a réagit sur Facebook : « Un Président ne devrait pas dire cela !», en référence au livre Gérard Davet et Fabrice Lhomme, publié en octobre 2016, qui faisait la synthèse du quinquennat Hollande et qui était à l’origine d’une importante polémique, notamment au sein de la majorité de l’époque. Un livre où étaient rapportés des entretiens privés de François Hollande et qui a été considéré comme l’un des facteurs conduisant au renoncement de François Hollande à se présenter à l’élection présidentielle de 2017. Les deux auteurs qui ont également sorti un autre ouvrage en commun « Le traître et le néant », concernant cette fois-ci Emmanuel Macron, sorti au mois d’octobre dernier.
Le communiqué de Christiane Taubira
« Les propos du président sortant publiés ce soir sont choquants et violents. Ils constituent une faute inexcusable en excluant de fait une partie des citoyens de notre pays. Le président de la République est garant de la constitution et de l’égalité des citoyens. Il n’y a pas de Français qui ne sont rien dans notre République.
Le caractère essentiel de la vaccination pour faire face à la pandémie n’autorise pas à insulter les Français, à les monter les uns contre les autres et à désigner des boucs émissaires.
Une fois de plus, le président sortant fait le choix du mépris; le choix de la fracture permanente du pays pour masquer ses échecs répétés dans la gestion de la crise sanitaire. A l’hôpital, les fermetures de lits continuent. A l’école, les enseignants sont abandonnés et sous équipés face à la crise. Depuis deux ans, les échecs dans la lutte contre la pandémie doivent beaucoup à cette communication verticale qui, doublée de cette diversion vulgaire, infantilise le pays tout entier. »