Un effort conjoint et coordonnée porté par la gendarmerie, l’armée et la Parc amazonien de Guyane (PAG) vient de permettre de réussir deux opérations « d’harcèlement » des garimpeiros sur la commune de Maripasoula et plus globalement une hausse des interventions de lutte contre l’orpaillage illégal depuis cette seconde moitié d’année 2021. Cette année, le Parc, présidé par le maire de Papaïchton et 1er vice-président de la CCOG (Communauté de communes de l’Ouest guyanais) Jules Deie, a obtenu, au titre de la stratégie nationale des aires protégées, des moyens financiers complémentaires pour intensifier la lutte sur son territoire. Ces financements permettent au Parc amazonien d’avoir recours depuis le mois de mai à des hélicoptères pour conduire des missions aéroportées, qui constituent le moyen le plus efficace de surprendre les orpailleurs illégaux sur les chantiers.
Des moyens légers et adaptables à souhait
Au sein des effectifs du Parc amazonien, l’équipe spécialisée « police nature » compte 15 inspecteurs de l’environnement, commissionnés et armés. En fonction des secteurs, le Parc amazonien peut soit intervenir seul, soit intervenir de façon conjointe avec les militaires et/ou les gendarmes. Le mois dernier, c’est en étroite coordination entre le Parc amazonien et la gendarmerie que deux opérations ont été conduites sur le site de Lipo-Lipo, un secteur très prioritaire car situé à l’amont des villages amérindiens de Cayodé et Antecume Pata (situés sur la commune de Maripasoula), les 19 et le 30 novembre dernier.
Une stratégie « d’harcèlement des garimpeiros »
Conduites dans une logique de « harcèlement » des garimpeiros, ces opérations ont mobilisé à chaque fois un hélicoptère affrété par le parc national avec 5 inspecteurs de l’environnement à bord et 2 autres hélicoptères affrétés par la gendarmerie (opération Anaconda conduite par l’antenne du GIGN). En l’espace de 15 jours, ce sont ainsi 15 moteurs, 2 concasseurs (hélitreuillés et déposés à Maripasoula pour destruction ultérieure), du mercure et de nombreux matériels qui ont été soustraits aux garimpeiros.
Des garimpeiros en prison
Sur ce même secteur, un effort particulier mobilisant les moyens de la gendarmerie et du Parc amazonien a également permis de traduire en justice plusieurs orpailleurs illégaux. Entre juillet et septembre, 5 garimpeiros interpellés en flagrant délit d’exploitation de mine sans titre, à Lipo Lipo ont été extraits de forêt et placés en garde à vue. Les peines prononcées par la juridiction de jugement à l’issue de l’enquête de la gendarmerie ont été de 2 ans de prison ferme pour l’un d’entre eux et 1 an pour les 4 autres. A chaque fois, le Parc amazonien s’était porté partie civile.
Des moyens prolongés jusqu’en 2023
Depuis 20 ans, les atteintes de l’orpaillage illégal à la biodiversité, aux habitats naturels, à la santé et au cadre de vie des habitants de la Guyane sont considérables, en particulier pour les populations et les écosystèmes du sud du territoire. La gendarmerie, les forces armées et, de façon générale, l’ensemble des acteurs impliqués contre l’orpaillage illégal, interviennent de façon coordonnée dans le cadre de l’opération Harpie pour tenter de faire régresser ce phénomène. La programmation de ces moyens opérationnels exceptionnels se poursuit en 2022 et 2023 avec pour objectif de faire durablement baisser l’empreinte de l’orpaillage illégal dans le sud de la Guyane.
Des gendarmes saisissent du matériel utilisé par les garimpeiros lors d’une opération en septembre à Dorlin (crédit photo : Gendarmerie de Guyane)