À l’occasion du mois de la viande locale, qui se termine dans quelques jours, nous avons rencontré Jean Ringuet, l’un de nos producteurs locaux. Ce dernier organise, ce samedi, de 7 h à 17 h, la Grande Foire de la Viande à sa ferme, située au PK 44 sur la route de Matiti.
Chaque année, novembre est un moment clé en Guyane pour promouvoir la viande locale. L’Interprofession de l’élevage et des viandes de Guyane (INTERVIG) organise divers événements pour valoriser les produits issus de l’agriculture locale. À cette occasion, nous avons rencontré Jean Ringuet, un éleveur passionné qui incarne cette démarche en proposant des produits de qualité tout en faisant face aux défis de l’agriculture en Guyane.
Jean Ringuet est à la tête de la ferme familiale de Matiti et porte fièrement l’héritage de son père et de son grand-père. « J’ai été élevé dans l’agriculture par mes parents », confie-t-il. Sa ferme de 300 hectares, véritable centre de production, regroupe à la fois de l’élevage, de la transformation, de la vente en boucherie et du maraîchage. Jean élève environ 150 porcs, 180 bovins et 30 000 poules pondeuses, tout en cultivant des tubercules, des aubergines, des ananas, des tomates et bien d’autres produits.
Jean élève environ 150 porcs, 180 bovins et 30 000 poules pondeuses. @Julien Clozeau
Malgré la passion et l’engagement qu’il met dans son travail, Jean souligne que la production de viande locale reste insuffisante pour un département en pleine expansion. « Après le Covid, quand j’ai vu les queues dans les magasins, je me suis dit que la première chose que je devais faire, c’était de me nourrir et de nourrir ma famille. C’était ma priorité « , raconte-t-il. Pour cela, il a diversifié ses cultures, mais l’agriculture en Guyane reste confrontée à plusieurs difficultés.
Des matières premières qui viennent de loin
La principale difficulté rencontrée par Jean Ringuet réside dans le manque de matières premières pour nourrir ses animaux. « L’agriculture a été mal pensée à l’origine. Quand tu n’as pas les ressources pour nourrir tes bêtes, tu ne peux pas développer ton élevage « , explique-t’il. Pour subvenir aux besoins de son bétail, Jean doit faire venir des conteneurs de nourriture de l’Hexagone. Il déplore également l’absence de collaboration avec des pays voisins comme le Brésil, l’un des plus grands producteurs agricoles du monde. « On ne peut même pas se fournir chez eux, tout passe par l’Hexagone. Ce système n’est pas conçu pour nous permettre de nous développer, mais plutôt pour nous garder sous tutelle « , poursuit-il.
Aujourd’hui, la Guyane ne produit que 20 % de la viande consommée localement, alors qu’il serait possible de faire beaucoup mieux avec plus de moyens et d’autonomie. Toutefois, Jean se réjouit du succès de son activité dans d’autres domaines, notamment la production d’œufs, où la Guyane couvre quasi entièrement ses besoins locaux.
@Julien Clozeau
De bons produits de chez nous
Pour faire découvrir ses produits, Jean Ringuet ouvre sa boucherie chaque samedi. Installée à l’entrée de sa ferme, la boucherie Nou Péyi existe depuis près de neuf ans. Dans ses vitrines, on retrouve du porc, du bœuf, de l’agneau, de la volaille en tout genre, ainsi que de la charcuterie.
Interrogé sur le coût de la viande locale par rapport à celle importée, Jean explique : « Ça dépend des bourses, mais l’avantage, c’est qu’on connaît l’origine des produits. La qualité peut effectivement coûter un peu plus cher, mais il faut vraiment qu’on commence à penser à notre indépendance alimentaire. » C’est dans cette optique qu’il organise, le 30 novembre, de 7h à 17h, la Grande Foire de la Viande, à sa ferme de Matiti, au PK 44 sur la route de Matiti. Un événement à ne pas manquer pour découvrir les produits locaux et soutenir l’agriculture guyanaise.
Jean Ringuet incarne l’espoir d’une Guyane plus autonome, où la production locale serait valorisée à sa juste valeur. Pour lui, l’indépendance alimentaire est une priorité et un véritable combat pour l’avenir de la région.
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