Rencontre avec les sœurs Achille, à la tête de la société Élayane, qui valorisent les huiles locales de Guyane.
L’histoire des sœurs Achille et de leurs huiles 100 % locales commence il y a onze ans, à un moment où la vie de Berthilde Achille prend un tournant décisif. « Quand j’ai eu un cancer du sein, on m’a dit que j’allais perdre mes cheveux et qu’il fallait que je me masse avec de l’huile d’amande douce. J’ai effectivement perdu mes cheveux et je me suis massée le cuir chevelu, mais je me suis dit qu’en Guyane aussi, on avait des huiles qui pouvaient convenir », raconte Berthilde.
Elle demande alors à son père de lui ramener des huiles locales. « Il m’a rap- porté de l’huile de coco et de palma-christi, et j’en suis tombée amoureuse », confie-t-elle.
Inspirée par sa tante qui fabriquait des huiles en métropole avec des graines de Guyane, elle se dit qu’il n’y a aucune raison pour qu’elle ne puisse pas y parvenir aussi. De retour en Guyane, Berthilde entreprend d’étudier ces huiles locales, en commençant par consulter les aînés. « Je suis allée voir ma tante et mon père. Il avait sa méthode, mais je l’ai un peu améliorée. Mes premières expériences m’ont amenée à créer un beurre de Carapa, qu’il ne connaissait pas », se souvient elle. Grâce au bouche-à-oreille, Berthilde commence à vendre ses premiers flacons d’huile à sa famille et à ses amis.
Création D’Élayane
En 2018, après la mort de son père, Berthilde décide de concrétiser son projet en créant l’entreprise Élayane. Ses sœurs Bernadette et Brigitte la rejoignent rapidement.
« Je n’avais pas prévu de me reconvertir, mais j’ai décidé de suivre mes sœurs parce que cela m’intéressait. J’ai donc intégré l’entreprise dès sa création », confie Brigitte.
Elles ne sont pas encore totalement prêtes, mais participent à des salons, testent leurs produits et observent les réactions des clients. « Cela nous a permis de nous structurer et de comprendre la demande », ajoute Berthilde.
Aujourd’hui, bien que la production ne soit pas encore totalement lancée, les sœurs Achille voient leur rêve se concrétiser. Elles prévoient l’ouverture d’un « bar à huile » financé en partie par l’Europe [ le fond européen de développement régional, ndlr]. « Ce sera un espace dédié au do-it-yourself. Pour le moment, nous vendons nos huiles en tant que matières premières, mais nous continuerons aussi à fournir les professionnels de la cosmétique », précise Berthilde.
Leurs huiles d’awara et de wassaï sont déjà utilisées par Dah Yana Beauty, la marque de Mariana Royer, présidente de Bio Stratège Guyane. D’ici la fin de l’année, les sœurs Achille prévoient de lancer une gamme de produits formulés, qui seront vendus en pharmacie. La mission de Berthilde va au delà de la simple fabrication d’huiles : elle souhaite venir en aide aux femmes en traitement pour le cancer. « Nos huiles sont testées par des femmes en chimiothérapie, et les retours sont très positifs », affirme-t-elle.
Une production artisanale
Les trois entrepreneuses ont fait le choix de rester dans une production artisanale, en collaboration avec des cueilleurs du village Kamuyeneh, un engagement fort en « faveur du respect de la nature et de la valorisation du savoir-faire traditionnel », explique Brigitte.Le plus gros défi des sœurs Achille ? Produire en quantité suffisante pour répondre à la demande croissante des fabricants de cosmétiques locaux, tout en ouvrant de nouvelles perspectives à l’échelle nationale, voire internationale.
Cliquez ici pour rejoindre notre chaîne WhatsApp ou ici pour notre groupe Télégram. Vous recevrez nos infos en temps réel !
Retrouvez l’ensemble des articles de cette rubrique en cliquant ici.
L’actualité en continu sur www.monewsguyane.com.
L’édition hebdomadaire de Mo News Guyane est aussi disponible en version numérique