Scolarisé à l’Université de Guyane, Maël, d’origine haïtienne et en attente de carte de séjour, se bat pour son insertion professionnelle en Guyane. Confronté à un mur administratif, il décide de ne pas baisser les bras.
Motivé par des conditions socio-économiques difficiles et une insécurité prégnante dans son pays, Maël , fait partie des migrants haïtiens de plus en plus nombreux à franchir les frontières guyanaises.
« Je suis arrivé en Guyane en 2016 en passant par le Suriname. Dès mon départ, j’ai su que je ne voulais pas tout reprendre à zéro scolairement. C’est pour cela que j’ai choisi ce département francophone », indique le jeune homme.
Une scolarisation dans l’irrégularité
Tout comme Nitza Cavalier, jeune poète lauréate du prix Poète en Herbe 2021 lors du concours Temps des Poètes en Guyane, et Sylvera Dorjean, un entrepreneur haïtien reconnu pour ses contributions à la communauté guyanaise, Maël aspire lui aussi à de grandes ambitions en passant par ses études.
« J’ai décidé de continuer en classe de seconde, première et terminale malgré ma situation irrégulière. J’ai obtenu mon bac agricole à Saint-Laurent avant de partir à Cayenne où j’ai obtenu ma licence AES », partage l’étudiant, le sourire aux lèvres.
« Il se bat pour garder sa place »
Doté seulement d’une autorisation de travail durable pendant trois mois, cela fait quatre ans que Maël est dans l’attente d’une carte de séjour. Comme une grande majorité des étudiants issus de l’immigration, le jeune homme a dû, pendant un an, arrêter ses études afin de se trouver une stabilité financière.
« Maël est un jeune qui a tout pour avancer mais il est bloqué par sa situation administrative qui n’avance pas à la préfecture. Il s’est rapproché de l’école de la seconde chance parce qu’il était obligé d’abandonner les bancs de l’université. La structure a pu lui permettre de faire un stage gratifié et maintenant il alterne entre son travail et la fac. Il se bat toujours pour garder sa place », raconte fièrement Christophe Duphages, professeur à l’école de la seconde chance.
Lauréat du Prix Pépite
Désormais en Master 2 d’économie des entreprises et des marchés, Maël est l’un des lauréats du Prix Pépite.
Une distinction importante pour les étudiants-entrepreneurs, décernée par le réseau PEPITE (Pôle Étudiant pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat) en partenariat avec BPI France.
« J’ai présenté un projet innovant en lien avec l’agriculture sous-développée sur le territoire. À long terme, j’aimerais vraiment ouvrir ma propre entreprise dans le domaine agricole en Guyane. Je suis attaché à ce territoire et je veux contribuer à son développement. »
Conscient de sa situation, il ne baisse pas les bras pour autant. « Je suis bien décidé à montrer à la population guyanaise qu’on sait aussi faire des choses bien, nous, les migrants haïtiens systématiquement pointés du doigt. »
Pour rappel, selon une étude de l’Ined, en 2020-2021, la population guyanaise serait composée à 60 % de population étrangère. Parmi elle, 23 % d’hommes et 30 % de femmes issus d’Haïti
*Le nom a été changé pour des raisons d’anonymat
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