Nommée en février dernier déléguée interministérielle à la lutte contre la pauvreté, Cécile Tagliana est en Guyane cette semaine. Elle réalise un diagnostic avec les acteurs sur place, notamment afin de « lever les obstacles ».
Quels sont les motifs de votre déplacement ?
L’objectif est d’aller à la rencontre des acteurs de la lutte contre la pauvreté à la fois du côté de l’Etat, donc les commissaires à la lutte contre la pauvreté, ici la sous-préfète à la cohésion sociale [Jacqueline Mercury-Giorgetti, ndlr], mais aussi les acteurs associatifs, les collectivités territoriales. Les écouter, voir ce qui se fait de bien, et voir aussi les obstacles qu’on doit lever.
La grande pauvreté, ce sont les personnes qui vivent, par unité de consommation, avec un revenu sous les 50 % du revenu médian. Soit un revenu inférieur à 50 % de ce que touche la moitié des français.
Avez-vous des données actualisées ?
Il y a toujours un décalage dans les statistiques de la pauvreté. On doit retraiter toutes les données de ressources, les revenus salariaux, ceux issus des prestations sociales, et la composition familiale pour calculer ces données. Pour l’année 2021, les chiffres nationaux ne sont pas encore sortis. On essaie de s’appuyer sur d’autres données, parfois plus qualitatives, issues d’organismes comme les CAF. Pôle Emploi a aussi beaucoup de données sur le chômage. Ça permet d’approcher les situations de pauvreté.
41 % des foyers bénéficiaires d’allocations touchent le RSA. Considérez-vous que conditionner le revenu minimum à 15 h d’activités hebdomadaires est une mesure applicable en Guyane ?
Ce n’est pas l’objet direct de la visite. La loi qui prévoit un conditionnement du RSA à une activité minimale n’est pas encore définitivement votée. On ne va pas l’étudier directement. Les services de l’État travaillent sur la réforme France Travail qui vise à proposer un accompagnement aux personnes privées d’emploi. En considérant que tout le monde a droit à un emploi, mais qu’il y a beaucoup de freins sociaux à lever. C’est un accompagnement qu’on doit aux personnes privées d’emploi.
Vous avez également prévu de visiter la mission locale de l’Ouest vendredi…
La population en Guyane est beaucoup plus jeune que la moyenne nationale. Ça pose une problématique en termes d’emploi. Ces jeunes ont parfois décroché assez tôt de l’école. Ils ont des qualifications plus faibles. La mission locale est une porte d’entrée privilégiée, mais encore faut-il la pousser. On va voir ce qui est proposé, notamment au niveau du Contrat d’Engagement Jeune. L’objectif étant d’accompagner financièrement et socialement les jeunes qui sont éloignés des institutions.
Le Contrat d’Engagement Jeune est déjà en place en Guyane ?
Oui, il y a un contrat d’engagement jeune conditionné à ces fameuses 15 à 20h d’activités et d’accompagnement. Son volet, « jeunes en rupture », s’est déployé plus tard, à la fin de l’année 2022. Il en est encore dans ses balbutiements. Cela concerne les jeunes les plus éloignés, les plus désocialisés. Il faut du temps pour les accompagner. Couvrir tout le territoire est une gageure en soi, il faut être inventif. C’est l’objectif du pacte de solidarité qui va se déployer dans les années à venir.
Sur l’habitat informel, la « chaîne répressive » a ses limites en Guyane et seuls les ménages en situation régulière peuvent espérer un relogement. Comment accompagner les personnes qui vivent dans ces quartiers ?
Je vais me rendre dans le quartier informel du Mont-Baduel pour voir une initiative d’accès à l’eau mise en place par la Croix-Rouge et soutenue par l’Etat. C’est une problématique qui n’existe pas qu’en Guyane mais qui y est beaucoup plus répandue.
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