Depuis l’école Ulrich Sophie à Sinnamary, où il était en déplacement ce lundi, le recteur de l’académie de Guyane revient sur le double hommage rendu par la communauté éducative trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty et tout juste trois jours suite à celui de Dominique Bernard, à Arras.
Pourquoi avez-vous choisi de vous rendre à Sinnamary ce lundi 16 octobre, dans le cadre de cette journée d’hommages et de recueillement ?
C’était d’abord l’occasion de dire qu’il n’y a pas de banalisation. On souligne la gravité de ce qui s’est passé. Rendre hommage aux personnes qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur métier, c’est la moindre des choses. C’était aussi l’occasion de nous retrouver entre membres de la communauté éducative. Comprendre, analyser, formuler, mettre des mots et restituer ça dans le contexte Guyanais. La Guyane, de ce point de vue-là, est un département très particulier qui a dans son ADN l’altérité. La Guyane c’est le vivre-ensemble de communautés qui se sont réunies au fil de l’histoire. Nous sommes ici à Sinnamary, où un centre d’hébergement d’urgence de réfugiés accueille des syriens, des marocains, de la même manière que nous avons pu accueillir il y a quelques années des hmongs.
La minute de silence programmée à 14h a-t-elle été comprise par les élèves ?
Il y avait une grande solennité. J’étais accompagné de Monsieur le préfet, du président de l’Association des Maires de Guyane (AMG) et du représentant de Gabriel Serville. Les enseignants sont évidemment dans une position de recueillement. Et puis on a pu parler aux élèves. On a pu leur dire que le trésor de la Guyane, c’est l’altérité. Si demain la Guyane continue à se développer sur ce chemin vertueux, ce sera grâce à eux [aux élèves]. De ce point de vue-là, l’école a un rôle majeur à jouer.
Gabriel Attal, ministre de l’Education, a annoncé qu’il réunirait les collectivités locales cette semaine pour échanger autour de la question de la sécurité dans les établissements scolaires, qu’en est-il en Guyane ?
En Guyane, on le fait de longue date. J’ai déjà eu des réunions avec l’ensemble des collectivités territoriales, la gendarmerie ou encore la préfecture. Malheureusement, le sujet de la violence aux abords des établissements scolaires existe depuis des années. Nous devons le contenir. La coordination existe déjà chez nous. La semaine dernière, à Saint-Laurent du Maroni, nous avons décidé d’une opération autour des lycées Bertène Juminer et Lama-Sophie, mais aussi au collège Paul Jean-Louis, dans les écoles Voyer 1 et Voyer 2, afin de contrôler les périmètres et vérifier qu’il n’y pas d’armes dans et aux abords des établissements. Ce sont des choses que l’on sait faire et que l’on fait régulièrement en Guyane, malheureusement.
Egalement la semaine dernière, des armes blanches et un poing américain ont été saisis au lycée Elie Castor à Kourou. Comment faire pour endiguer ce fléau ?
En multipliant les opérations par surprise au cours desquelles nous contrôlons. On peut modifier les périmètres, fouiller les cartables… On va continuer à le faire et peut-être même multiplier ce type d’actions. Jusqu’à ce qu’on arrive à ne plus trouver d’armes au cours de ces fouilles. Cela signifiera qu’on commence à atteindre nos objectifs.
Un temps d’échange a été mis en place au sein même de la communauté éducative ?
Il était prévu que les communautés éducatives se retrouvent entre 8h et 10h, sans les élèves. J’étais avec eux au collège Ho-Ten-You. L’idée était de prendre le temps de se recueillir, d’analyser, de formaliser ce qui s’est passé. Il n’y a pas de formule magique. La manière d’aborder le sujet dans une classe élémentaire ou dans une classe de terminale diffère. Il faut que chaque enseignant puisse être à même de répondre aux questionnements des élèves.