Le cirque des frères Suarez est le plus grand du Mexique et se déplace à travers le continent et les Caraïbes. En Guyane depuis mi-août, il arrêtera ses représentations dans trois semaines. Ivan Suarez, le directeur, répond aux questions de Mo News.
Parlez-nous un peu du cirque Suarez.
Je suis de la cinquième génération du cirque Suarez. Il a été créé en 1872, à Guadalajara, au Mexique. Et depuis, c’est devenu l’un des cirques incontournables du continent américain.
Dans un premier temps, au début, le cirque a travaillé sur tout le territoire mexicain. C’est à partir des années 1960 qu’il a commencé à faire des tournées, que ça soit en Amérique du Sud ou aux États-Unis. De tous les cirques mexicains, le cirque Suarez est celui qui va dans le plus de pays.
Vos tournées peuvent durer plusieurs années ?
Cela dépend de la région où nous allons. On va soit faire des tournées de 2 ans ou de 5 ans. Là nous sommes sur deux années.
Comment le cirque a-t-il appréhendé l’interdiction des animaux ?
Pour nous, ça nous a concernés en 2015. Les animaux étaient l’une des attractions principales du cirque. On est tombé de haut. Alors, on a dû se réinventer, en misant plus sur les artistes. À l’époque, dans les années 1990, le seul cirque du monde qui proposait des spectacles avec des artistes, c’était le Cirque du soleil. Alors qu’en Europe, les cirques doivent avoir une sorte de ferme, en Amérique, au Mexique par exemple, c’est le contraire, dès que la loi est passée, il a fallu l’appliquer de suite. Cela ne nous a pas laissé le temps de fabriquer des réserves naturelles ou des installations adaptées. Alors, la grande majorité des animaux relâchés sont morts par la suite. Certains animaux sont morts car il n’y avait plus de lien avec les humains. En Europe, les cirques ont jusqu’à 2028, ce qui laisse le temps de s’adapter.
Pour la Guyane, qui est française, il peut y avoir une dérogation ?
La dernière fois, en 2019, il n’y avait déjà plus d’animaux. Mais les seuls animaux qu’on avait réussi à avoir jusqu’ici, c’étaient les chiens. Au Suriname, on avait pu les avoir. Mais en arrivant en Guyane, on n’a pas été autorisés à rentrer avec des animaux, on n’a même pas pu faire un choix.
Ne restant que les humains, vous avez dû devenir plus exigeant envers les artistes ?
Oui, car les artistes doivent pouvoir proposer un show plus qualitatif. Cela ne veut pas dire prendre plus de risques, mais par exemple avant, avec les animaux, on pouvait prendre un jongleur assez bon, car on savait que les animaux allaient compenser pour le public. Mais maintenant, on doit prendre un excellent jongleur, il faut qu’il soit au top.
Il faut aussi réussir à vendre le spectacle des artistes…
Avant, grâce aux animaux, nous n’avions pas besoin de faire autant de publicité, les gens se déplaçaient pour les animaux. Maintenant, il a aussi fallu qu’on travaille sur la communication pour continuer d’attirer les gens dans le cirque.
C’est facile d’en vivre aujourd’hui ?
Il y a 50 ans, c’était plus difficile parce qu’il n’y avait pas toute cette technologie. Par exemple, le toit du cirque n’était pas imperméable, alors ils mettaient du kérosène sur le chapiteau pour éviter que l’eau ne rentre, mais s’il y avait une étincelle, ça partait en feu. Donc c’étaient des techniques dangereuses. Il n’y avait pas d’électricité ni d’eau, donc il fallait en chercher. Alors que maintenant, c’est beaucoup plus simple. Autre chose, avant, lorsque le cirqu s’installait, c’était la seule attraction d coin, donc beaucoup de personnes se déplaçaient. Aujourd’hui, on arrive, mais il y a le cinéma, la télévision et d’autres choses qui font partie des loisirs, donc le cirque n’est plus une priorité. Par exemple, mes grands-parents me racontaient, quand la radio est apparue à l’époque, qu’ils avaient peur que le cirque ne fonctionne plus car la radio attirait du monde. Il y avait des animations, des novelas, à la radio. Donc ils avaient peur que les gens se concentrent plus sur la radio que sur le cirque. Après, c’est le cinéma qui est apparu, ils ont aussi eu peur que le cirque disparaisse, puis la télévision et la même chose avec internet. Pourtant, le cirque est toujours là.
Vous avez apprécié votre passage en Guyane ?
Oui, le public nous a toujours accueillis chaleureusement. Même au niveau des partenaires, beaucoup nous ont fait confiance. Le Family Plaza a même ac cepté de décaler ses travaux pour qu’on puisse s’installer ici.
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