Valéria* a 23 ans et est la victime d’un viol survenu il y a environ un an. Après une difficile reconstruction, elle se confie à Mo News.
« Je ne peux pas me rappeler la date, mais je sais que c’était il y a environ un an », commence Valéria. Elle est arrivée en Guyane il y a deux ans et demi. Au moment des faits, la jeune femme a 22 ans et vit chez sa tante, la petite sœur de sa mère. « L’ami de ma tante m’amenait et me ramenait de l’école. Il aidait à payer mes frais de scolarité », se souvient Valéria. Cet homme a 37 ans.
Comme un supposé ami, il précise à Valéria qu’il n’attend rien en retour. Elle le croit. « Après, il a commencé à vouloir des choses en plus… Moi je ne voulais pas. »
Ce jour-là, vers 18 heures
Un jour, cet homme récupère Valéria au lycée, il est à peu près 17 h 30. Tous les deux passent dans un fastfood commander à manger. « Puis on est passé près du zoo de Montsinéry pour passer dans une forêt », se souvient la jeune femme. À plusieurs reprises, elle lui demande où il l’emmène, il lui répond de ne pas s’inquiéter. « Il a arrêté la voiture et… Je n’ai pas donné mon consentement, alors c’est un viol. »
Valéria se débat, mais cet homme a plus de force, tellement, que la jeune femme finit par saigner. « Je ne pouvais par crier et personne n’allait m’entendre, il avait verrouillé la voiture. »
Elle lui devait bien ça
Une dizaine de minutes plus tard, alors qu’il termine le viol qu’il vient de commettre, cet homme explique à Valéria qu’au vu de tout ce qu’il lui paye, elle lui doit ça. « Pourtant, auparavant, il m’avait dit que je ne lui devrais rien… », regrette-t-elle.
Sur le chemin du retour, Valéria se sent dégoutée et ne cesse de pleurer. Elle rentre en larme chez sa tante : « Lui, il l’a saluée comme si rien ne s’était passé et il est parti ».
Sa tante constate ses sanglots et lui demande ce qui ne va pas. En confiance, Valéria lui raconte. « Puisqu’il t’aide, tu n’as rien à dire. Tu profites de son argent, c’est normal qu’il ait fait ça. Tu dramatises, pleins de filles auraient aimé être à ta place », répond sa tante. Sa mère lui exposera les mêmes arguments.
« Je me suis sentie humiliée parce que je n’ai pas de moyens et que la personne m’aide. Qu’il me fasse ça et que même ma famille ne me croit pas », se remémore Valéria.
« Si même ma famille n’arrivait pas à me défendre, qui allait le faire ? »
Aller de l’avant
Une semaine après ce viol, Valéria s’enfuit chez une amie, mais ne peut participer aux frais. « C’est un ami qui m’a parlé de Wilna [présidente de l’association SOS Jeunesse, ndlr.] ». Par ce biais, Valéria termine sa scolarité et obtient son bac, et réussi à aller porter plainte.
Entre le viol et sa rencontre avec Wilna, plus de deux mois s’écoulent et Valéria n’a toujours pas reparlé de son histoire. « Grâce à son aide, j’ai réussi à aller porter plainte. Avant, je ne voulais pas, car je savais qu’ils n’allaient rien faire [les gendarmes et la justice, ndlr.]. Si même ma famille n’arrivait même pas à me défendre, qui allait le faire ? »
Ce traumatisme laisse des séquelles alors Valéria voit un psy pendant quelques mois. « Même mes amies me disaient que j’avais changé, avant j’étais souriante et là j’avais l’air tout le temps triste », se souvient-elle. Elle poursuit : « J’étais froide et distante. »
Aujourd’hui, elle se sent mieux, moins sale. « Mais à chaque fois que je repense, ça ne va pas ». En septembre, elle entame une formation en commerce. « Je dirais qu’il ne faut pas totalement faire confiance aux gens, ils ne sont pas totalement sincères », conclut-elle.
Découvrez le témoignage de Bianca*, une autre victime de viol, et l’intervention de la présidente de l’association SOS Jeunesse dans le magazine n°129 du jeudi 31 août 2023.
*Le prénom a été changé.
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