Alors que la Guyane tente d’attirer les touristes souhaitant découvrir sa faune et sa flore, ces dernières sont mises à mal à cause de la pollution humaine. Yann, fondateur de KanoDilo dénonce depuis plusieurs années ces faits et espère une prise de conscience collective.
« Dans mon arbre, il y a un bidon d’huile moteur, une bouteille en plastique, un peigne, une poubelle pleine d’excréments… ». Quelques exemples parmi le sombre inventaire dressé par Yann, le directeur de KanoDilo*, dans un arbre à la crique Patate, à Montsinnery-Tonnegrande. Des trouvailles qui ne représentent en réalité qu’une infime partie de ce que l’on peut dénicher en termes de déchets sur ce site.
Les tessons de bouteilles de bière y sont toutefois majoritaires, selon Yann. Il y en a dans l’eau, sur l’herbe, dans la mangrove. Non loin, facile tâche que celle de trouver des pots et autres canettes. « Là, il y a des familles, des enfants qui viennent et qui peuvent se couper avec le verre en allant se baigner » , s’indigne le responsable associatif.
« Les gens pensent qu’en jetant leurs déchets par terre, ce sera absorbé par la nature, par miracle, ou alors ramassé par un service public. Ils pensent que parce que c’est gratuit, c’est méprisable » , s’indigne Farouk Amri DGS à la mairie de Macouria.
Les déchets sont nombreux sur certains sites touristiques.
« LA HONTE ET LA PEUR DOIVENT CHANGER DE CAMP »
Dans le passé, Yann amenait ses clients en canoë sur la crique Patate. Face à la pollution, il a arrêté depuis. Il en va de même à la Crique Macouria, l’endroit où les excursions commencent. « Je fais démarrer mes clients dans un dépotoir ! J’ai honte. » témoigne-t-il.
Ce n’est pas faute d’avoir demandé à la mairie de Macouria l’installation d’une poubelle à cet endroit : « Ils m’ont répondu que s’ils mettaient une poubelle, les gens allaient jeter leurs déchets dedans… »
Farouk Amri insiste sur le fait que la municipalité de Macouria soutient les acteurs du tourisme. Le manque de sensibilisation est aujourd’hui un des fers de lance dans la politique de réparation.
« On ne peut pas non plus surveiller 7 / 7 jours la crique Brémont. Ou ceux qui s’arrêtent sur la route en taxi et qui jettent leurs bouteilles au bord de la route. Mais cette exaspération, on la comprend » , nuance-t-il.
Cependant, bien qu’il y ait deux conteneurs poubelles à l’entrée de la Crique Patate, les déchets continuent d’apparaître ici et là, sur les rives. « Ils ont la force de porter leurs bouteilles en arrivant, mais ne peuvent pas les ramener aux poubelles à l’entrée ? » questionne Yann.
Le risque n’est pas seulement l’enlaidissement de ce lieu, mais le fait d’attirer des nuisibles tels que des serpents. Il y a aussi un enjeu sanitaire, la contamination de l’eau comptant parmi les conséquences néfastes de la pollution. En effet, des couches pleines ont déjà été retrouvées.
A proximité de la crique Patate, les 4×4 continuent de passer alors que cela a été interdit.
Yann prend un autre exemple tout aussi parlant, toujours à l’entrée de la crique Patate : « La municipalité avait creusé des tranchées à l’entrée pour que même les 4×4 ne puissent pas passer ». Mais cela n’a pas rebuté les plus motivés. Certains ont rebouché ces tranchées pour y passer en voiture. « Vous imaginez l’énergie dépensée pour les reboucher ? Ils se seraient moins fatigués en y allant à pied… », conclut Yann, désespéré l’immensité des traces de pneus, encore fraîches.
PÉNALISER PLUS SÉVÈREMENT ?
Selon le fondateur de KanoDilo, des contraventions devraient tomber : « On pourrait demander à des agents de police municipale de faire des rondes le samedi et le dimanche par exemple, et de donner une amende s’ils voient ce type d’actes. Ça, c’est sûr que ça fera vite le tour et peut-être que là, les gens feront plus attention ».
Farouk Amri, DGS à la Mairie de Macouria.
A Macouria, les responsables de la municipalité ne sont pas contre cette idée. « Ça peut être envisageable, fait valoir Farouk Amri. Dès lors qu’on aura un taux de fréquentation qui justifiera la présence en continu d’un agent » .
En effet, cela induirait des effectifs supplémentaires. « Peut-être l’embauche d’un garde champêtre ? » , propose le DGS.
Par exemple, lorsque des carcasses de voitures sont laissées à l’abandon, la municipalité, avec l’aide de la police, traque et retrouve le propriétaire pour payer les frais de collecte et de prise en charge, en plus d’une amende.
« Nous, ceux qu’on essaie de choper, ce sont les artisans », souligne Farouk Amri.
LA SENSIBILISATION EST LE MAÎTRE-MOT
Farouk Amri salue la démarche des opérateurs touristique et associations pour l’environnement. Des efforts de sensibilisation sont notamment réalisés auprès de scolaires : « Ce sont les futures générations qui grandissent et qui vont respecter la nature » .
Mais, pour l’heure, au-delà des acteurs individuels, la municipalité souhaite lutter contre les entreprises informelles. « Mention particulière pour certains artisans qui bien souvent profitent de cet amoncellement de déchets dans les quartiers informels [Sablance, ndlr] pour y déposer carcasses de voitures, des bidons d’huile usagée, pour ne pas avoir à payer ce qu’ils doivent à la déchetterie pour y déposer leurs déchets professionnels » , s’indigne Farouk Amri.
La peur doit changer de camp.
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