Jean-Philippe, 69 ans, est potier dans le village de Cacao. Installé depuis une quinzaine d’années, il est devenu un hôte incontournable pour les visiteurs.
Perché dans les hauteurs du village de Cacao, Jean-Philippe, alias « le potier de Cacao », comme on aime à le dire. Lui aussi, d’ailleurs, est un peu perché : « J’aime bien raconter des conneries », partage-t-il avec humour. Peut-être est-ce ce qui fait le succès de sa poterie ? Et accessoirement, ce qui pousse à acheter ses pièces réalisées en terre de Guyane.
UN VAGABOND DE LUXE
Jean-Philippe est installé dans le village depuis quinze ans. « J’étais venu une première fois en 1981 ! Puis je suis allé vagabonder aux Antilles ». Dans les années 2004-2005, il souhaite revenir et ne s’en prive pas : « Je visais plus Iracoubo, je cherchais un endroit nature. Saint-Laurent ça me convient pas, Cayenne non plus et le reste des campagnes commencent à être détruites. Un jour, je regardais un documentaire sur le village et je me suis dit “Ok, j’arrive” », se souvient-il. Après quelques vagabondages, le « SDF de luxe », un terme employé par ses soins et non sans dérision, remet les pieds en Guyane.
Au départ, Jean-Philippe était en Guyane pour le développement de l’aquaculture : « J’avais tous les dossiers. J’étais un chasseur comme tout le monde : les subventions. Mais j’aurais bien aimé voir pousser mes crevettes en jouant de la guitare. Seulement, ça ne s’est pas du tout passé comme ça ».
Sa rencontre avec la poterie est tout autant anecdotique. « À marée basse sur le Maroni, je glisse sur un rocher. Mais c’était en fait de l’argile. Là, je me suis dit ‘’il y en a partout’’, c’est de la poterie qu’il faut faire en Guyane ! »
« Même si tu ne sais rien faire, tu peux tout faire en Guyane ! »
C’est en autodidacte qu’il apprend, à travers des documentaires et des livres. Quand il s’installe à Cacao, il ouvre rapidement son atelier. Il ne lui faut pas grande chose pour vivre et sa maison en témoigne. Pourtant, cet homme simple attire les critiques des riverains : « Ce qui était mal vu, c’étaient les mecs comme moi, quoi… On arrive ici, on n’a pas de plans… »
Les années passent et Jean-Philippe se sent vraiment bien à Cacao : le silence, les étoiles, la forêt, le vélo et sa poterie. Chaque dimanche, il ouvre les portes de son atelier afin d’expliquer et transmettre à tous. Chaque client potentiel devient bien plus : il devient un élève, le temps d’un instant. D’ailleurs, les explications sont fournies par un des apprentis de Jean-Philippe.
TRANSMETTRE
« C’est important pour moi de transmettre, car c’est aussi comme ça que j’ai appris à vivre. J’apprends un accord de guitare, je le transmets tout de suite. Celui qui donne des cours de poterie, il ne transmet pas. Il gagne sa vie en donnant des cours, mais il ne sait pas vivre de son art », dit-il en plaisantant.
« Tant que je suis vivant, je continue à faire ce que je fais et à former ». Droit dans ses baskets, l’homme de bientôt 70 ans exprime son désir de transmettre pour des gens qui souhaitent faire de la poterie leur métier.
Anita est une apprentie présente ce jour-là. Infirmière de profession, elle décide de changer de vie et d’apprendre la poterie avec Jean-Philippe. Ainsi, elle gagne en expérience. Au début du mois d’août, elle a pris son envol vers une formation diplômante en hexagone pour devenir potière.
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