Dans un rapport publié mardi 11 juillet 2023, l’association En avant toute(s) met en avant les violences sexistes et les moyens limités pour venir à bout de ces méfaits.
Dans ce rapport de l’association En avant toute(s) intitulé Des ponts entre les territoires d’Outre-mer et l’Hexagone, plusieurs associations ont été interrogées par territoire ultramarin afin de décrypter les principales problématiques. Sans surprise, en Guyane, c’est la précarité qui engendre la violence.
Mais le manque de moyen humain est également pointé du doigt lorsqu’il est question de l’accompagnement : « Il y a du turn-over tout le temps ici, les gens tiennent entre un ou deux ans en poste. La personne qui arrive ne sait pas comment reprendre le poste, elle apprend, et une fois qu’elle est opérationnelle, elle se barre. C’est la plus grande difficulté de la Guyane », exprime une personne interrogée dans ce rapport.
De nombreuses spécificités
La situation pluri-ethnique du territoire amène aussi à évoquer la situation de certaines traditions amérindiennes. « L’union matrimoniale est parfois conçue comme pouvant intervenir aux premières menstrues, de même des viols et violences sexuelles sur mineures peuvent être organisés – y compris de caractère incestueux, certaines communautés perpétuant un droit de défloration par un membre de la famille », explique une association.
Ainsi, un témoignage anonyme confie que pour régler ces problématiques, « ils réunissent une tablée de métro pour dire “Comment peut-on faire pour régler les violences chez les Amérindiens ?” Alors qu’il n’y a pas une seule personne amérindienne autour de la table pour discuter de la problématique. »
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La conclusion du rapport pour la Guyane évoque le renforcement des structures et associations locales, renforcer l’étendue géographique des champs d’actions des associations (via des projets mobiles). Renforcer les ressources humaines et mutualiser un travail entre les associations de santé VIH/Sida et LGBTQ+. Mettre en place des solutions créatives pour faciliter la communication entre les différentes communautés. Ou encore inclure des leaders des communautés sur les questions de genre et dans les débats.
Chez les autres, c’est comment ?
En Martinique
Il y a également une très forte disparité entre les structures, la plupart se situent à Fort-de-France. Ce qui rend l’accès parfois compliqué pour les usagers. Les croyances religieuses jouent par ailleurs un rôle dans le rapport aux violences, par exemple, la religion servira de justification. Vient aussi s’ajouter l’omerta qui règne sur l’île ou la « culture du secret » comme le décrivent les associations interrogées.
Le mouvement #MeToo n’a pas eu beaucoup d’impact, non plus : « C’est très lié au fait qu’on soit sur une île, donc l’interconnaissance est hyper élevée, donc il n’y a pas eu, sur notre territoire, cette libération de la parole dont on parle au niveau national », explique l’Ovifem. Cependant, un mouvement est né sur les réseaux martiniquais : #balancetonporcmtq.
En Guadeloupe
Les projets des associations féministes pour venir en aide aux femmes victimes de violences sont perçus comme « un système imposé par une perspective blanche ». Aussi, la figure traditionnelle de la femme (poto-mitan ou porte-tout) est trompeuse. Si cette image gratifie le rôle de la femme et son rôle maternelle, elle permet aussi de maintenir un partage inéquitable dans les tâches domestiques.
Aussi, le fait que l’interconnaissance soit présente sur le territoire, certains dossiers ou projets bloquent au niveau institutionnel.
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Conclusion
L’utilisation du numérique, notamment l’outil d’écoute en ligne En avant toute(s), s’avère une réponse adéquate aux besoins des territoires isolés, avec des recommandations adaptées à chaque situation locale. Le rapport soulève une question éthique concernant le choix des territoires et des partenaires pour la mise en place d’antennes de réponse via le tchat. Il est préconisé de privilégier les zones où le maillage institutionnel est solide, tout en reconnaissant l’importance de répondre aux besoins des territoires fragiles.
Il est proposé de créer un service d’accompagnement à distance dématérialisé pour combler les lacunes en structures et en professionnels. Des adaptations, telles que la discussion par pictogrammes ou messages vocaux, sont susceptibles de répondre aux besoins spécifiques des jeunes non verbaux ou ayant une maîtrise limitée du français. Le rapport confirme que la possibilité d’avoir des répondants locaux est une solution essentielle pour lutter contre les violences.
Le développement du tchat Commentonsaime.fr est considéré comme une première étape d’un dispositif plus complet, visant à combattre les violences au-delà des frontières géographiques des territoires d’Outre-mer et de la France métropolitaine.
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