Une période de transition s’ouvre à l’Institut médico-éducatif Léopold Héder. La Lettre Pro de l’ARS revient sur les circonstances données au placement sous administration provisoire de l’établissement. Le diagnostic est alarmant.
Inadaptation de l’encadrement au profil des usagers, effectif non conforme à l’autorisation, absence de projets d’accompagnement personnalisés… L’inventaire à la Prévert des carences à l’Institut médico-éducatif Léopold Héder s’allonge depuis 2019. Dans sa dernière Lettre Pro, l’Agence régionale de santé détaille les motifs qui ont conduit Clara de Bort à la mise sous sous administration provisoire de l’établissement. L’objectif visé étant, selon l’ARS Guyane, de « donner un nouveau départ » à la prise en charge de 133 enfants âgés de 6 à 20 ans souffrant de handicap mental.
Les motifs
Dans quelles circonstances cette décision a-t-elle été ordonnée ? L’ARS de Guyane s’explique :
« Début 2019, le directeur de l’établissement avait adressé deux signalements à l’ARS suite à des abus sexuels survenus entre mineurs pris en charge au sein de l’IMPro, le service dans lequel sont suivis les enfants de 14 à 20 ans. Une mission d’inspection s’est rendue dans l’établissement le 4 novembre 2019. Elle pointait des risques de maltraitance du fait de « défauts de surveillance, d’une prise en compte insuffisante des questions de bientraitance, de l’absence d’éducation à la vie sexuelle et affective, du manque d’engagement de certains professionnels et de locaux pas toujours adaptés ». En 2020, la directrice générale de l’ARS et la directrice par intérim de l’IMED avaient saisi le procureur de la République, sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale, au sujet de plusieurs cas d’attouchements sexuels présumés. »
Suite à sa dernière visite, le 12 mai, l’Agence a adressé plusieurs injonctions à la direction de l’établissement, qui a fait savoir qu’elle ne pourrait pas les mettre en œuvre, rapporte la Lettre Pro de l’ARS.
La question d’un retrait des autorisations de l’IMED avait été évoquée dès le 20 mars 2023, lors d’un conseil d’administration qui s’est tenu juste après la visite de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée en charge des personnes handicapées (en Guyane du 16 au 18 mars).
Didier Guidoni officiellement installé
Sur décision de Clara de Bort, Didier Guidoni, directeur du Centre hospitalier de l’ouest Guyanais, reprend désormais la barre de l’établissement. Il est nommé administrateur provisoire pour six mois, ce qui met fin au mandat de gestion de l’Établissement public national Antoine Koenigswarter (EPNAK).
Une période de transition s’ouvre. L’ARS espère trouver un nouveau repreneur public ou privé à partir du 1ᵉʳ janvier 2024 suite à un appel à manifestation d’intérêt. Il faut rappeler que, depuis 2019, l’établissement, financé à hauteur de 5,2 millions d’euros / an par l’Etat, a connu plusieurs administrations provisoires, directions par intérim et fermetures administratives.
« Les différents échanges et visites sur site mettent en exergue un climat social dégradé, des carences en termes de gouvernance, d’organisation, de sécurisation et de continuité des soins ne permettant pas de garantir la qualité de l’accompagnement des personnes accueillies au sein de l’établissement », conclut l’arrêté du 8 juin.
Le directeur du CHOG remplace Sandrine Noah, missionnée pour assurer la direction par intérim depuis le mois de mars. Il a du pain sur la planche.
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