Ce lundi 15 mai, le ministre des armées a tenu, depuis Camopi, une cérémonie en hommage au piroguier militaire et chef coutumier Guy Barcarel, mort après un accident de pirogue.
Sous une pluie battante, Sébastien Lecornu, ministre des armées, s’est exprimé depuis la place du fromager, à Camopi, ce lundi 15 mai. Sa venue en Guyane est un symbole de reconnaissance, particulièrement pour les piroguiers du 3e régiment étranger d’infanterie de la base opérationnelle avancée de Camopi.
Ces derniers ont perdu leur chef le 7 mai dernier. Guy Barcarel, adjudant-chef de 45 ans, est mort dans l’exercice de ses fonctions après un accident de pirogue au cours « d’une ultime mission de reconnaissance sur la rivière avec la gendarmerie de Guyane », a indiqué le ministre. Guy Barcarel occupait aussi la fonction de chef coutumier teko du village Camopi depuis plus de 10 ans. Il représentait la communauté au Grand Conseil Coutumier.
La base opérationnelle avancée du 3e REI à Camopi. « C’est vraiment triste de perdre quelqu’un dans ces conditions . »
La disparition de Guy Barcarel a suscité l’émoi dans le village et a eu un retentissement sur l’ensemble du territoire. Une minute de silence a été observée en son hommage lors du Congrès des élus du samedi 13 mai. « C’est vraiment triste de perdre quelqu’un dans ces conditions . » déplore Sylvio Van Der Pijl, vice-président du Grand Conseil Coutumier.
« Nous nous souviendrons d’un homme engagé, d’un chef fier et d’un enfant de la Guyane », paraphait le Grand Conseil Coutumier dans un communiqué publié le 10 mai, date à laquelle le corps de Guy Barcarel a été retrouvé par les légionnaires après trois journées de recherches.
« Il rejoint les héros de la patrie dont on dit qu’ils sont tombés, mais qui chaque fois ont élevé la France. Il rejoint dans la gloire les 10 soldats et gendarmes morts avant lui dans les opérations Harpie [en Guyane] », a déclaré Sébastien Lecornu, avant de s’entretenir avec la famille du défunt.
Médaille militaire
Guy Barcarel était membre du Conseil d’Administration du Parc amazonien de Guyane. Né au village Kayodé, à Maripasoula, Guy Barcarel s’est installé à Camopi auprès du père de sa femme au milieu des années ’90. « Lorsqu’il a fallu désigner un chef, car celui qui était là à l’époque ne voulait plus continuer, il s’est proposé et nous sommes allés dans le sens de sa demande. » se souvient René Monerville, maire de Camopi entre 2008 et 2014 et désormais conseiller territorial à l’antenne de la Collectivité territoriale de Guyane à Saint-Georges.
Les proches du défunt se sont réunis sur la principale place du bourg pour assister à la cérémonie militaire. « Il était vraiment important pour la famille, mais aussi pour tous les peuples amérindiens qui l’appréciaient . » souligne Stéphane Barcarel, un cousin éloigné qui a fait le déplacement depuis Maripasoula.
Sébastien Lecornu, au cours d’une cérémonie militaire en hommage à Guy Barcarel, lundi 15 mai à Camopi. Crédits : services de l’Etat Engagé comme sous-officier commissionné au 3e régiment étranger d’infanterie le 1er janvier 2016, Guy Barcarel était le chef des piroguiers au sein de la base opérationnelle avancée de Camopi, mise sur pied en 1997. Promu adjudant le 1er janvier 2022, il était titulaire de la médaille de bronze de la défense nationale et de la médaille de la protection militaire du territoire avec l’agrafe Harpie. Ce lundi matin, il a reçu à titre posthume une médaille militaire des mains de Sébastien Lecornu.
Suite à ce nouveau drame dans la lutte contre l’orpaillage illégal, le maire de Camopi Laurent Yawalou a demandé au ministre des moyens « nécessaires et colossaux pour lutter ». Un barrage filtrant, sur le fleuve et la rivière Camopi, est réclamé de longue date par la municipalité. « Nous sommes dans le Parc amazonien, le plus grand parc d’Europe. Il est temps que la loi s’applique » a souligné l’édile.
Après la cérémonie militaire, Guy Barcarel rejoindra sa dernière demeure ce mardi 16 mai, à Camopi.