Renvoyés devant le tribunal pour « vol avec violences », les deux auteurs du cambriolage de la maison d’un couple et de ses deux enfants rue Edgar Milien à Saint-Laurent ont écopé de quatre ans de prison ferme. À la barre, le père de famille, un enseignant, a décrit les graves séquelles psychologiques causées par les méfaits des braqueurs armés.
Ils étaient en train de dîner en famille, en cette soirée de fin de week-end. Bien que résidant dans la capitale de l’Ouest depuis 19 ans, ce couple, un enseignant et une infirmière libérale, ne s’y était pas préparé. Aux environs de 20 heures, dimanche 5 février, un groupe d’individus, enfoulardés et armés, débarque sur leur terrasse en bordure de la rue Edgar Milien, à Saint-Laurent du Maroni. Autour de la table, deux enfants, un garçon de 11 ans et une fille de 9 ans, parviennent à prendre la fuite et se cachent dans la maison. Tétanisée, la femme reste sur place. Les hommes armés, dissimulés derrière du tissu, empoignent le père de famille, un enseignant. Ils lui demandent de l’argent et le menacent avec une arme de poing de calibre 9 mm. Sans voix, ce dernier ne répond pas. Il reçoit un coup de poing et un violent coup de crosse au visage avant d’être attaché au niveau des mains. « Edmund a menacé 4 fois de me tuer avec son 9mm trafiqué » souligne l’enseignant, présent à l’audience des deux auteurs ce vendredi.
LIRE AUSSI : Saint-Laurent du Maroni : un homme ligoté pendant le cambriolage de son domicile
Une scène effarante par sa violence. Mais c’était sans compter sur le courage d’un des enfants du couple, un garçon de 11 ans, qui s’est réfugié dans le libre-service le plus proche, un Proxi, pour appeler à l’aide. Interpellée par les dialogues à sens uniques en Sranan-Tongo qu’elle entend, la voisine du couple appelle également les gendarmes. La famille visée n’est pas du fleuve et les échanges sont vifs et virulents.
Voisin
Déployés sur les lieux quelques minutes plus tard, les gendarmes mobiles de l’escadron d’Hyères retrouvent Kevin P., dans l’enceinte d’une école toute proche. Allongé sous un banc, il est interpellé en possession de divers objets, dont une housse beige contenant un fusil appartenant au père de famille, chasseur à ses heures perdues, de l’argent en numéraire, une enceinte JBL et un Pangi, figurant également sur la liste des objets signalés volés. Un autre individu suspect s’était planqué dans les hautes herbes. Dans son attirail : un autre fusil de chasse, trois téléphones portables, un Ipad, une arme de poing de couleur noire et une paire de lunettes Carrera.
La famille ciblée présente de lourdes séquelles psychologiques. Le père, un enseignant reconnu à Saint-Laurent, s’est vu prescrire 10 jours d’ITT. Présent à l’audience, il décrit l’entente cordiale et l’entraide en vigueur dans ce quartier tout proche de Moucaya, où réside un des auteurs. « Kevin P., c’est un voisin. Je le vois tout le temps regarder, observer. Je ne comprends pas, car on a toujours eu de bonnes relations dans le quartier. Mon seul signe de richesse, c’est une moto. Ce soir-là, je n’ai pas fait de moto, j’étais observé. Autour de chez moi, il y a toujours une bande de petits jeunes de Balatée, ce sont eux qui ont été cachés Kevin P… » rapporte-t-il à la présidente de l’audience Sabrina Romaïni et ses deux assesseurs. Et de questionner, sous forme d’introspection : « ma femme, qui est sage-femme, a peut-être fait accoucher la mère de Kevin P. Je ne sais pas si ça m’intéresse encore d’enseigner à des gens qui, peut-être, au moindre regard ou à la moindre frustration, s’en prendront à moi. Est-ce que mon investissement en Guyane a encore un sens ? ».
Enquête rapide
Kevin P. est piroguier. Edmund Santino Antoine L. passe son temps à voguer entre Bakalycée et le quartier Vampires. Il a trois enfants. Si l’enlèvement et la séquestration ont été envisagés par le parquet, la réalité du manque de moyens pour les enquêtes approfondies, rappelée par la magistrate du parquet Florence Lardet, fait que les deux comparaissent dans le cadre d’une procédure dite « rapide ».
Cinq jours après les faits, ils sont dans le petit box de la salle des comparutions immédiates au tribunal judiciaire du Larivot. Pour l’avocate à la défense, l’inexistence de preuves matérielles comme les empreintes ADN des prévenus sur les lieux du cambriolage aurait dû être la source d’une autre qualification des faits : recel de biens volés. « Nous sommes dans la réponse pénale d’urgence et, pour le moment, le dossier souffre d’imperfections » estime la robe noire.
Le tribunal s’en tiendra aux reconnaissances formelles sur plaque photographique des deux auteurs par les victimes. Ils écopent tous deux de 4 ans d’emprisonnement ferme avec maintien en détention.
Cliquez ici pour rejoindre un de nos groupes WhatsApp. Vous recevrez nos infos en temps réel !
Retrouvez l’ensemble des articles de cette rubrique en cliquant ici.
L’actualité en continu sur www.monewsguyane.com.
L’édition hebdomadaire de Mo News Guyane est aussi disponible en version numérique !