En récidive légale, Marwan J., détenu au centre pénitentiaire de Guyane pour trafic de stupéfiants, a proféré des menaces de mort à l’encontre d’un capitaine des surveillants… Quelques heures seulement après la violente agression subie par un autre capitaine.
L’effet de mimétisme ? Au centre pénitentiaire, le 6 janvier, un capitaine de l’animation au centre de détention n°2 a été victime d’une sauvage agression commise par un détenu. Isolé, il a reçu plusieurs coups de poings, y compris à même le sol. Gravement atteint à l’œil, l’agent a été évacué sanitairement vers l’hexagone, où il va subir une opération. L’issue est dramatique pour le quadragénaire, qui risque d’avoir une infirmité permanente à l’œil. Dans l’ensemble du personnel, l’onde de choc frémit au tempo des chiffres alarmants liés aux violences en milieu pénitentiaire dans l’unique prison de Guyane. D’autant que, dans le même timing, le contexte aurait été « exploité » par plusieurs détenus pour intimider un surveillant.
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Marwan J., condamné par le tribunal de Créteil à cinq ans de prison fermes pour trafic de stupéfiants, comparaît ainsi pour avoir glissé en promenade, quelques heures après l’agression : « le prochain, ce sera à toi » en direction d’un autre capitaine. Le surveillant pénitentiaire visé, en poste en Guyane depuis quatre mois, s’est constitué partie civile. « Le seul tort que mon collègue a eu, c’est de s’être rendu à son travail. En détention, on sait qu’il y a des effets de mimétisme. Lorsqu’un incident se produit, on sait que d’autres peuvent se produire aussi. Ça fait quatre mois et demi que je suis en Guyane. Ce que j’ai vécu le 6 janvier, c’était hors norme. » témoigne-t-il à la barre.
Effet de groupe ?
L’audience, présidée par la juge Corrine Vernoux, a été l’occasion pour Me Elisabeth Ewstifeieff, spécialiste en protection statutaire des surveillants pénitentiaires, de rappeler que le nombre d’agressions physiques « augmente exponentiellement » dans les couloirs de l’unique prison de Guyane. Selon un décompte du syndicat UTG, le nombre de violences dites physiques sur le personnel du Centre Pénitentiaire est passé de 6 sur l’année 2019 à 47 en 2021.
« Dans ce centre pénitentiaire, le 6 janvier, le personnel entier était à bout de nerfs. », souligne l’avocate. La violence entraîne la violence à lajòl ? Peut-être pour les prisonniers, sûrement pas du côté des gradés. Le parquetier Rousselet-Magri cajole la « vulnérabilité » des agents, non armés, et demande une peine de huit mois d’emprisonnement ferme à l’encontre du récidiviste. D’après Me Pierre, avocat du détenu, l’ « effet de groupe » dû au contexte est aussi à prendre en compte.
« Ce n’est pas quelqu’un d’agressif » fait valoir la robe noire. Le tribunal a finalement condamné Marwan J à trois mois de prison supplémentaires.
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