Tous les indicateurs sont dans le rouge en ce qui concerne la sécurité routière sur le territoire. Avant Noël, le premier bilan annuel provisoire de 2022 fait état de 33 morts sur les routes de Guyane. Pour Ghislaine Dondon, responsable de la mission « sécurité routière » à la préfecture, ces chiffres alarmants auraient pu être évités. Interview.
Selon le premier bilan annuel -provisoire- de l’observatoire départemental de la sécurité routière, il y a eu 33 morts sur les routes de Guyane en 2022. Une augmentation de 6,45 % du nombre de morts sur les routes en comparaison avec l’année 2021, au cours de laquelle la Guyane déplorait 31 décès sur ses axes routiers.
L’alcool et les stupéfiants sont identifiés comme étant les premières causes de ces accidents mortels (pour 11 d’entre eux), selon ce bilan que Mo News s’est procuré. La « vitesse excessive ou inadaptée » suit de près puisqu’elle est la cause de 7 des accidents mortels. En 2022, plus de la moitié (19 sur 33) des tués sur les routes sont des usagers dits « vulnérables » : des piétons (4), des cyclistes (3), des scootéristes (8, soit deux fois plus qu’en 2021, année durant laquelle 4 décès de scootéristes ont été recensés) ou encore des motards (4).
Il y a plus de décès sur les routes en 2022 qu’en 2021, quelles sont les causes ?
Selon l’observatoire départemental de sécurité routière, en 2022, les indicateurs d’accidentalité routière sont sensiblement en hausse en comparaison avec l’année 2021. On avait 31 tués en 2021, cette année le bilan provisoire fait état de 33 tués sur nos routes. Les facteurs les plus fréquents chez nous sont souvent en tête l’alcool et la drogue, parfois combinés, mais aussi la vitesse excessive ou inadaptée. Ce sont les premières causes d’accidents mortels. On a ensuite les dépassements dangereux, les contresens qui engendrent tous les chocs frontaux qui ont eu lieu cette année, les refus de priorité et l’inattention qui vient en fin de liste.
Quel bilan dressez-vous des actions mises en place dans le cadre de la sécurité routière ?
Chaque année, nous accompagnons de nombreux porteurs de projets qui font appel au bureau de la sécurité routière. Nous mettons à leur disposition tous les moyens matériels et humains nécessaires puisque nous avons une cellule de bénévoles. À cet effet, j’en profite pour lancer un appel. On a besoin de recruter de nouveaux intervenants départementaux de sécurité routière (IDSR). Ce sont des bénévoles, nommés par arrêté préfectoral, qui sont collaborateurs du préfet et qui viennent en appui sur nos missions. Beaucoup de nos IDSR sont des personnes salariées qui ont parfois du mal à se libérer, notamment pour les actions en milieu scolaire. Les places sont illimitées, on est de plus en plus sollicités, mais parfois contraints d’annuler des actions parce que nous n’avons pas assez de bénévoles disponibles. Il faut des personnes pour animer et encadrer les ateliers mis en place. On lance ici un appel à la population guyanaise. Ça permet de réellement tâter sur le terrain la réalité de la sécurité routière en Guyane.
Quelle est cette réalité ?
Beaucoup d’idées préconçues circulent sur les réseaux sociaux, notamment au niveau de l’état des routes. On peut parfois entendre ou lire que l’état dégradé des routes serait le premier facteur d’accidents mortels chez nous. Ce n’est pas le cas. Lorsqu’il y a un accident corporel avec des blessés ou des tués, les forces de l’ordre nous transmettent un fichier qui reprend les causes et les conditions de l’accident. L’état de la chaussée y est rarement indiqué. C’est surtout le comportement inadapté du conducteur qui est en cause.
On peut voir qu’il y a quasiment autant de tués en scooter et à moto qu’en voiture, comment ce chiffre a évolué au regard des années précédentes ?
Il y a 19 tués dans la catégorie des usagers vulnérables. Les chiffres sont assez constants et, en général, c’est la catégorie d’usagers qui représente la plus grande part de tués sur les routes en Guyane. On a analysé pour quelles raisons. Ces usagers ne savent souvent pas se protéger, ne portent pas d’équipements réfléchissants ou ne sont pas détectés par les autres usagers de la route. On a aussi constaté depuis deux ans l’apparition de nouveaux modes de déplacement comme les scooters électriques et les trottinettes pour lesquels la réglementation n’est pas encore mise à jour. Ces usagers méconnaissent les règles du code de la route, conduisent sans casque ou sans permis, ou alors leurs véhicules ne sont pas immatriculés. Le ministère de l’Intérieur a fait un gros travail de communication en direction de ces usagers. Le code de la route doit être adapté.
Des conseils pour cette fin d’année ?
On sait que les fêtes sont propices à la consommation d’alcool, mais aussi de substances illicites. On recommande à tous les usagers de respecter les règles de la sécurité routière. Lorsque l’on consomme de l’alcool, il faut avoir le réflexe éthylotest pour évaluer son taux d’alcoolémie puisque c’est encadré par la loi. On ne peut pas prendre le volant avec un taux d’alcoolémie illégal. Les forces de l’ordre seront sur le terrain. Il faut aussi savoir que les discothèques et les bars de nuit ont l’obligation de mettre à disposition des éthylotests pour leurs clients. De notre côté, on a l’intention de remettre en place les opérations « Capitaine de soirée » pour sensibiliser les personnes sur les lieux festifs. Ce sont des opérations au cours desquels la mission sécurité routière est sur place et incite à désigner un conducteur sobre pour raccompagner ses amis dans son véhicule. Cela sera aussi mis en place durant le carnaval de 2023.
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