Dans une décision qui conclut une enquête canonique, le Vatican a sanctionné l’ancien évêque de Guyane Emmanuel Lafont (2004-2020) en l’interdisant de toutes activités pastorales. Soulagée, l’association pour la transparence, la moralisation et la vérité dans le diocèse de Cayenne réagit auprès de Mo News.
Des mesures fortes ont été prononcées par le Vatican à l’encontre d’Emmanuel Lafont, évêque de Guyane de 2004 à 2020. Lancée en avril 2021, l’enquête canonique menée par Mgr David Macaire, archevêque de Martinique, aurait permis d’apporter des éléments probants et à charge contre cette figure de l’Eglise catholique.
Mgr Emmanuel Lafont, au cœur d’une enquête judiciaire pour « traite d’être humain aggravée », « abus de confiance aggravé » et « aide au séjour irrégulier », ne doit plus porter ses insignes d’évêque et est assigné à résidence dans un monastère en Savoie, selon cette décision ecclésiale rendue fin octobre.
Deux plaintes
Tout d’une fin de parcours pour l’ancien évêque, aussi connu pour avoir été une figure de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud lorsqu’il était prêtre dans les années 1980-1990. La justice s’intéresse à deux plaintes déposées par une ancienne économe de l’évêché à Cayenne et un jeune demandeur d’asile haïtien. Il est reproché à Emmanuel Lafont d’avoir hébergé le jeune migrant en échange de « faveurs sexuelles » au cours de la période durant laquelle il était évêque de Guyane. L’économe a quant à elle déposé plainte pour « harcèlement moral » après avoir dénoncé une gestion compromettante de la comptabilité menée par l’évêque d’alors.
Âgé de 77 ans, Emmanuel Lafont avait quitté ses fonctions en octobre 2020 avant de se retirer à Camopi. Les premières révélations dans cette affaire ont été faites par le journal La Croix, en 2021. « L’article de La Croix est tissé de mensonges. Jamais je n’ai demandé quoi que ce soit en échange de rapports intimes ! Vous me voyez faire cela ? La jalousie de l’un et la rancœur d’autres personnes est la source de toute cette histoire rocambolesque, inventée pour se disculper de l’agression contre moi le 18 octobre dernier. D’ailleurs, au cours de la confrontation entre ce jeune et moi-même, l’inspecteur de police s’est très bien rendu compte de cela. » déclarait en avril 2021 l’ex-évêque à Mo News.
« Le Vatican nous a exaucé »
La décision du Vatican, rendue fin octobre, fait office de soulagement pour Patrick Louis-Ferdinand, président de l’association pour la transparence, la moralisation et la vérité dans le diocèse de Cayenne. « C’était la finalité de notre association : connaître la vérité », rapporte-t-il. L’association s’est créée en 2020 afin de démêler le « vrai du faux » en ce qui concerne le fonctionnement du diocèse de Cayenne, à l’époque au cœur de diverses polémiques.
« Le Vatican nous a exaucé dans le sens où ils ont accepté l’enquête canonique qu’on avait demandé et l’enquête judiciaire s’est greffée dessus suite à la plainte de Monseigneur Lafont. C’est lui qui a déclenché tout ça, il a porté plainte contre un jeune qui a ensuite porté plainte contre lui trois mois après. » poursuit le président de l’association, qui devrait tenir une conférence de presse au début du mois de janvier. Contacté, via téléphone, Patrick Louis-Ferdinand se veut toutefois prudent, expliquant que le journal La Croix « a fait l’objet d’une procédure judiciaire suite à une plainte de Monseigneur Lafont ».
« De nouveaux témoins se manifestent après la publication de résultats comme ça, on espère qu’il y en aura dans les semaines et les mois qui viennent. » conclut-il. Pour sûr, la justice des hommes aura, aussi, son rôle à jouer.
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