D’une voix unanime, les 20 maires présents ou représentés ce jour à l’hôtel du Fleuve de Sinnamary pour l’installation du premier syndicat mixte d’énergie en Guyane se sont prononcés « pour » l’emplacement actuel du projet de Centrale Électrique de l’Ouest Guyanais.
Grand silence dans la salle de conférence de l’hôtel du Fleuve à Sinnamary. « Qui s’abstient, qui est contre ? » lance Albéric Benth au parterre de maires assis en face de lui. Tout juste élu président du très attendu syndicat mixte d’énergie en Guyane, le premier magistrat de Mana a inscrit à l’ordre du jour un sujet brûlant, bien ancré dans l’actualité. Celui du projet de Centrale Électrique de l’Ouest Guyanais, porté par Hydrogène de France, qui fait l’objet d’une opposition marquée des villageois de Prospérité en raison de son emplacement. Des manifestants occupent le chantier depuis le 29 octobre et ont entamé un bras de fer pour que le projet soit déplacé.
A la question posée au cours de l’installation du SMEGUY, le consensus des élus s’est voulu sans failles. Un assentiment général : les 20 maires présents ou représentés ont tous approuvé la délibération relative à l’emplacement du projet. Un « feu vert » qui fait office de son de cloche suite au récent déplacement de Roland et Melissa Sjabere (le premier est Yopoto du village Prospérité) à l’Assemblée nationale. La visite, suivie par Chritsophe Yanuwana Pierre, a été émaillée de rencontres et de soutiens récoltés, dont celui du député polynésien Tematai Le Gayic.
Réunion ministérielle
Jeudi 8 décembre, une réunion au sujet du projet de centrale électrique impliquant la Collectivité Territoriale de Guyane, les services préfectoraux, l’Association des maires de Guyane et le nouveau bureau de la SMEGUY aura lieu à Saint-Laurent du Maroni. Le projet devrait aussi être au programme de la visite du ministre délégué aux Outre-mers. Selon nos informations, Jean-François Carenco ne se rendra pas au Village Prospérité, mais une (autre) réunion est prévue dimanche en préfecture. Censée être fonctionnelle en 2024, la CEOG doit permettre d’alimenter 10 000 foyers en électricité. Son installation va entraîner la déforestation de 78 hectares de forêt.
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Pour certains élus, le débat relatif à son emplacement n’a plus lieu d’être. « Il y a eu une enquête publique, c’était le moment de s’exprimer. En ce qui concerne l’emplacement, je sais que dans les dernières phases de la discussion, il a été question d’implanter trois enclos au lieu d’un, ce qui aurait pu laisser de la place pour le passage des chasseurs. Aujourd’hui, je suis très étonné des changements de pieds de tel ou tel en sachant qu’il y a un manipulateur qui s’est retrouvé en garde à vue, et bien fait pour lui. » a asséné Bernard Sellier, adjoint au maire de Saint-Laurent du Maroni. Avant d’ajouter : « je pense que l’emplacement de ce projet n’a pas été si mal choisi par ceux qui ont travaillé la question à l’ONF et aux services de la préfecture il y a plusieurs années. »
« C’est le projet de la Guyane »
Patrick Lecante, maire de Montsinéry-Tonnégrande, s’est rendu sur le chantier avec sa casquette de président du Comité de l’Eau et de la Biodiversité de Guyane (il a rappelé que le CEB n’a pas été saisi par une autorité). « Je me suis assuré in situ que le processus industriel mis en place par la CEOG respecte la réglementation et les us et coutumes des parties prenantes, mais aussi le petit cycle et le grand cycle de l’eau. Du point de vue politique, je rajouterai que ce n’est pas seulement le projet de Mana et de l’Ouest, c’est le projet de la Guyane. Ça me rend triste de voir que dès qu’un projet est mis en place dans le péyi, il doit franchir des obstacles insurmontables pour être construit. »
Albéric Benth, maire de Mana, a martelé et martèlera demain, fort de son nouveau mandat, le message suivant : « je ne comprends pas pourquoi à chaque fois des Ayatollahs de l’écologie veulent prendre la main et faire en sorte que nos communautés ne se comprennent pas. » Les prochaines réunions s’annoncent électriques.
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