Une mesure administrative de suspension temporaire a été prise à l’encontre d’un des opérateurs au Centre de Traitement d’Alertes (CTA), également officier supérieur des sapeurs-pompiers volontaires de Guyane, après dépôt de plainte pour « harcèlement sexuel » d’une lauréate au concours de caporal professionnel. L’homme était responsable de sa formation à la caserne de Rémire-Montjoly.
Un opérateur du centre de traitement d’alertes (CTA) au Service Départemental d’Incendie et de Secours de Guyane, aussi capitaine au sein des sapeurs-pompiers volontaires (SPV), fait l’objet d’une enquête administrative suite au signalement d’une jeune lauréate du concours de caporal professionnel. Décrivant des actes déplacés et rapportant des propos à connotation sexuelle prononcés par son formateur, cette dernière a déposé plainte à la brigade de gendarmerie de Matoury à la fin du mois d’octobre.
Une affaire sulfureuse pour le SDIS qui, après exposé dans une lettre ouverte du père de la plaignante, ravive les souvenirs houleux du passage de l’homme au sein de la formation des jeunes sapeurs-pompiers de Cayenne.
Parmi les voix qui se sont élevées suite aux premiers jours houleux de la formation, qui a débuté le 24 octobre, celle du Lieutant Julien Deroche a en effet trouvé écho dans une missive adressée directement au président du Conseil d’Administration du SDIS de Guyane, Gabriel Serville.
« Il m’appartient de vous informer que le capitaine ******* est un récidiviste, puisque des parents se sont déjà plaints auprès de votre administration, notamment lorsqu’il harcelait sexuellement une jeune sapeur-pompier de moins de 15 ans, quand il était responsable des JSP au Centre de Secours Principal (CSP) de Cayenne. » décrivait-il.
Accès de violence
Contacté par Mo News , le lieutenant Julien Deroche rembobine le fil rouge d’une semaine durant laquelle le comportement du responsable de formation a rapidement ripé. « Dès le 24 octobre [la formation a débuté ce jour-là, ndlr], il envoyait des petits mots pour ma fille. Le 25, elle devait aller chez le podologue, et ne voulait pas qu’il l’accompagne, car elle connaissait ses intentions. » retrace-t-il.
Insistant pour emmener son apprenante chez le podologue, le capitaine aurait, dans la voiture, manifesté brutalement ses envies : « Il lui a dit « je vais me marier avec toi » ; « tu as un beau corps pour porter mon enfant » », rapporte le Lieutenant Deroche. Et de déplorer, énervé : « le pire, c’est qu’il met la main pour toucher le corps de ma fille ! ».
La jeune femme de 23 ans a dès lors signalé le comportement dérangeant du capitaine volontaire à un autre responsable de formation. Ce qui aurait provoqué un accès de violence. « Il [le capitaine volontaire] a voulu s’en prendre physiquement à elle, sur les images de vidéosurveillance, on voit que deux personnes le retiennent » poursuit le Lieutenant Deroche.
« Il ne fallait pas que ça s’ébruite »
Réminiscence d’un précédent qui aurait impliqué le même capitaine, l’affaire pose un caillou dans la chaussure dérangeant pour l’administration, à moins d’un mois des élections syndicales professionnelles prévues le 8 décembre. Titulaire d’un poste important au centre de traitement d’alertes, situé au Larivot à Matoury, l’homme était inscrit sur la liste du syndicat UTG pour les élections au Comité Social Territorial (ex-CHSCT).
« Une mère m’a appelé pour me dire que sa fille de 13 ans avait connu des agissements similaires de sa part. Mais à l’époque, il ne fallait pas que ça s’ébruite, ils ont tout fait pour qu’il n’y ait pas de traces. » assure le père de la plaignante.
L’enquête, confiée à la gendarmerie de Matoury, a fait ressortir d’autres affaires, nous explique une source judiciaire. Les investigations sont en cours et l’homme n’a pas encore été entendu par la gendarmerie afin de s’expliquer. De son côté, le SDIS a ouvert une enquête administrative. Interrogé le mercredi 9 novembre au sortir d’une réunion avec les chefs de centre d’incendie et de secours de l’Île-de-Cayenne à l’auditorium Edmard Lama de la mairie de Rémire-Montjoly, le directeur du SDIS de Guyane Jean-Paul Levif a répondu à nos questions :
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« Il s’agit de lauréats au concours de caporal professionnel. Ce sont des gens qui vont rentrer dans la profession dans quelques mois. Il faut reconnaître que cet événement les a un petit peu troublé, d’où notre attention pour les accompagner et leur proposer une aide psychologique, si nécessaire, pour que cette entrée dans la profession ne soit pas ratée. » souligne le colonel Jean-Paul Levif.
Le SDIS a quatre mois pour réunir un conseil de discipline. « Il a été mis à pied en tant que fonctionnaire [opérateur de centre de traitement de l’alerte est un emploi de catégorie « C » dans la fonction publique], si dans les quatre mois le conseil de discipline ne se réunit par, il sera réintégré à son poste » souffle le lieutenant Julien Deroche.
La représentation UTG au service départemental d’incendie et de secours est aussi dans l’expectative. « On attend qu’une décision soit prise et on condamne les faits, on condamne tout ce qui a été fait » fait valoir le Lieutenant Stephen Patient, représentant UTG chez les sapeurs-pompiers. Le capitaine des sapeurs-pompiers volontaires visé par la plainte a été évincé de la liste sur laquelle il était inscrit pour le compte du syndicat.
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