Le Yopoto du village Kali’na Propsérité est actuellement entendu sous le régime de la garde à vue à Saint-Laurent du Maroni. Ce matin, une descente de gendarmerie donnait suite à des dégradations de matériel sur le site de la Centrale Électrique de l’Ouest Guyanais (CEOG).
« En partant travailler ce matin, j’ai croisé une dizaine de camions de gendarmes mobiles. » souligne Ewald Pierre, chef du village Pierre à Saint-Laurent du Maroni. Près d’une semaine après une série de manifestations à l’endroit du site de la Centrale Électrique de l’Ouest Guyanais, les gendarmes sont intervenus au petit matin dans le Village amérindien Kali’na de Prospérité, à une quinzaine de kilomètres de Saint-Laurent.
Les travaux ont repris sur place après le « feu vert » du tribunal administratif de Cayenne, qui a rejeté la demande formulée par des associations afin de « revoir l’autorisation environnementale » accordée par la préfecture. D’après la gendarmerie, du matériel et des bungalows appartenant à la CEOG ont été dégradés la semaine dernière par une vingtaine de manifestants. Plusieurs machines ont dû être délocalisées.
« Libération immédiate »
En réponse, une quinzaine de fourgons ont été déployés ce lundi matin dans le village Prospérité, à proximité du site de la centrale. Sur les coups de 6 h, le chef coutumier Roland Sjabere, vent debout contre ce projet, a été arrêté et menotté, rapporte la Fédération des Organisations Autochtones de Guyane dans un communiqué. Le Yopoto est entendu sous le régime de la garde à vue dans la brigade de gendarmerie de Saint-Laurent du Maroni.
Selon nos informations, trois habitants du Village Prospérité ont aussi été interpellés et placés en garde à vue. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir une partie des villageois, qui manifeste devant la brigade de la capitale de l’ouest. Plusieurs personnes présentes sur place s’avouent « choquées » par le déploiement en force des militaires dans leur village. Les forces de l’ordre auraient fait usage de gaz lacrymogène pendant leur intervention.
Crédits photo : Claire Gagnaire
Les membres de la Fédération des Organisations Autochtones de Guyane étaient réunis ce matin à Cayenne. Ils appellent à la « libération immédiate » du Yopoto. Dans un tweet, le député de la 1ère circonscription de Guyane Jean-Victor Castor martèle le même message. Une table-ronde rassemblera ce jour un certain nombre de représentants, dont Bruno Apouyou (président du grand conseil coutumier) et Jocelyn Thérèse (délégué aux peuples autochtones à la CTG) au campus Troubiran dans le cadre d’un colloque nommé « Les régimes des autochtones et des populations locales des outre-mers français. Droit et politique comparés ».
« Je tiens à exprimer toute ma solidarité avec le Yopoto Sjabere, traité comme un terroriste ce matin pour se battre pour protéger nos terres ancestrales. La chefferie est l’un des pilliers de notre identité culturelle, elle ne peut être insultée de la sorte ! » a réagi Christophe Yanuwana Pierre, cofondateur et porte-parole du mouvement Jeunesse Autochtone de Guyane.
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