Depuis six mois, le projet Amazon’Hydro Force fabrique une hydrolienne à destination des Forces armées de Guyane (FAG). Une innovation locale et unique au monde, respectueuse de l’environnement et de la faune aquatique qui l’entoure.
Un groupe électrogène classique, à essence. C’est ce qu’utilisent les Forces armées de Guyane (FAG). En plus d’être polluante, la machine ne peut tourner que six heures. Le reste du temps, les militaires n’ont pas d’électricité et l’accès à la communication est moins pratique. En lançant l’appel à projet en janvier 2022, l’idée est de pouvoir obtenir de l’électricité constamment et dans l’idéal, sans être source de pollution.
C’est à ce moment que Fabien Granger de FG Consultant, répond à l’appel d’offre, en février. Très vite, l’aventure commence. À terme, en plus de fournir l’armée, l’idée est que les communes isolées puisent bénéficier de cette innovation guyanaise . Les FAG et Fabien Granger ont contractualisé en avril 2022.
Un travail d’équipe !
L’inventeur de cette hydrolienne est Hugues Filiputti, vivant en Hexagone. Fabien Granger, lui, intervient sur ce projet parce qu’il travaille dans le domaine de l’hydro-électricité depuis plusieurs années. « Depuis que je suis installé ici, je me dis que ce n’est pas possible, avec toute l’eau qu’on a ici, on ne peut pas se priver de solution hydroélectrique, pour les sites isolés. »
Et il n’est pas seul sur cette mission. Il est accompagné de Stéphane Singh (Singh’s Industrie) et Gael Edwige (TMI). Et les trois se complètent pour les différentes étapes de fabrication : soudure, matériaux, ingénierie, etc. Aussi, il est important de noter que la fabrication est locale . Ce qui est un plus pour ce projet.
Celle en cours de constructions, dans l’immense hangar que met à disposition Edwige, sera disponible fin novembre pour être posée sur l’Approuague . Des finalisations rapides donc : « Un projet d’hydroélectricité conventionnel peut prendre plusieurs années et nous, on le fait en six mois » souligne Fabien Granger.
L’appareil est placé sur une barge, ce qui permet de déplacer l’ensemble plus facilement.
Amazon’Hydro Force : une première mondiale
Cette innovation a fait l’objet d’études de caractérisation par le laboratoire spécialisé du LEGI (Laboratoire des Écoulements Géophysiques et Industriels) sous Maîtrise d’Ouvrage de l’Institut Polytechnique de Grenoble. Le projet est alors breveté . Amazon’Hydro Force réunit les enjeux économiques, écologiques et professionnels.
Économique : le coût est d’environ 15 000 euros au kilo watts installé (barge non incluse), alors que les installations classiques coûtent deux fois plus chères. Écologique : la machine est non polluante et ses pales sont fabriquées de sortes à ne pas blesser la faune aquatique. Elle ne fonctionne qu’avec la force du courant et les pièces sont recyclables. Professionnel : le projet est et sera vecteur d’emploi.
« On est en plein dans les objectifs de développement durable de l’ONU » , insiste Fabien Granger . Amazon’Hydro Force est conçue de sorte à être interchangeable partout sur le territoire et par soi-même, sans aide spécifique.
En effet, tous les éléments critiques de la turbine sont émergés. Et pour d’autres réparations éventuelles, il faut la sortir de l’eau, « mais pas nécessairement la ramener en atelier, on peut intervenir directement sur site » , précise Fabien Granger.
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Créer des emplois
À l’avenir, l’objectif est d’installer ces hydroliennes sur des sites civils précis . Et p our chaque site possédant une turbine, une attribution d’un technicien à temps plein pour son entretien verra le jour. « Une formation sera dispensée. Ce sera avec l’organisme Kwala Faya » . D’autres postes sont en vus : ingénieurs, techniciens sur la découpe, soudure, assemblage, logisticiens pour toute la partie trajet avec les piroguiers et transporteurs, commerciaux, etc.
« Il y a un potentiel de quelques dizaines d’emplois . Avec des emplois dans les communes de l’intérieur. Le fait d’avoir une absence d’énergie, ça endigue toutes activités économiques, culturelles, sociales, éducatives, sécurités et santé. Comment on fait un centre de soin, même rudimentaire, sans électricité ? » , souligne Fabien Granger.